mardi 26 juin 2018

De cauchemar et de feu


Paris, jeudi 24 mars 2016 : à quelques jours du dimanche de Pâques, le cadavre d’un homme d’une soixantaine d’années est retrouvé dans un pub parisien, une balle dans chaque genou, une troisième dans le front. À l’autopsie, on découvre sur son corps une fresque d’entrelacs celtiques et de slogans nationalistes nord-irlandais. Trois lettres barrent ses épaules : IRA. Le capitaine Mehrlicht fait la grimace. Enquêter sur un groupe terroriste irlandais en plein état d’urgence ne va pas être une partie de plaisir. D’autant que ce conflit irlandais remonte un peu.
Dans ce quatrième opus, Nicolas Lebel nous entraîne sur la piste d’un un assassin pyromane, un monstre né dans les années 70 de la violence des affrontements en Irlande du Nord, qui sème incendie, chaos et mort dans son sillage, et revient aujourd’hui rallumer les feux de la discorde à travers la capitale.



Commentaire:


J’ai lu ce roman dans le cadre du Prix Polar organisé par le Livre de Poche et je l’ai bien aimé mais surtout pour la partie évoquant le conflit en Irlande du Nord dans les années 70 entre les catholiques et les loyalistes. Le roman alterne une intrigue qui se déroule à Paris de nos jours et une autre qui met en avant le destin d’un jeune catholique qui va basculer dans la folie meurtrière. Ce roman met en scène un capitaine de police peu orthodoxe, c’est le moins que l’on puisse dire, Mehrlicht qui doit enquêter sur des meurtres qui sentent bon le règlement de compte et une vengeance froide : un ancien de l’IRA retrouvé assassiné dans un pub une balle dans la tête et deux dans les genoux, un ex-soldat anglais carbonisé au sens propre du terme. Et à chaque fois, un dessin et une inscription signifiant « Ne te moque pas de moi » qui fait référence à une vieille légende irlandaise sur un croquemitaine qui tue par le feu. Pour traquer le tueur, Mehrlicht doit accepter l’aide des anglais. Le rythme est trépidant, le personnage du capitaine est amusant dans la mesure où c’est un type bourru, acerbe, à la langue bien pendue, le tueur est à la fois fascinant et répugnant. Mais ce que j’ai préféré comme je le disais au début de cette chronique, ce sont tous les chapitres qui évoquent un conflit dont j’ignorais tout même si je me souviens avoir entendu parler de Bobby Sands, ce nationaliste irlandais mort en prison après une grève de la faim en 1981. Le conflit qui éclate, durcit et se radicalise entre catholiques et loyalistes nous est donné à revivre et permet à l’auteur d’évoquer une guerre fratricide et impitoyable qui a fait de nombreuses victimes sous les yeux indifférents de la communauté internationale. On suit de près un groupe d’amis qui sont tous affectés par ce conflit parce qu’ils y sont impliqués de gré ou de force. A y perdre leur âme. Je vous le conseille.

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