samedi 26 janvier 2019

Moi, ce que j'aime, c'est les monstres


Enfance, imaginaire, monstre, famille, meurtre, secret...

Chicago, fin des années 1960. Karen Reyes, dix ans, est une fan absolue des fantômes, vampires et autres morts-vivants. Elle se voit d'ailleurs comme un petit loup-garou : d'après elle, dans ce monde, il est plus facile d'être un monstre que d'être une femme. Un jour de Saint Valentin, au retour de l'école, Karen apprend la mort de sa belle voisine, Anka Silverberg, une survivante de l'Holocauste. Elle décide alors de mener l'enquête et va vite découvrir qu'entre le passé d'Anka au coeur de l'Allemagne nazie, son quartier en pleine ébullition et les drames qui, tapis dans l'ombre de son quotidien, la guettent, les monstres bons ou « pourris » sont des êtres comme les autres, complexes, torturés, fascinants.

Commentaire:

Ce roman graphique est un chef d’œuvre ! Et pourtant, la première fois que je l’ai vu en librairie, j’ai été presque rebutée par la couverture et par les quelques pages feuilletées. Grosse erreur de ma part quand, après l’avoir emprunté à la bibliothèque, j’ai commencé à le lire, puis à scruter attentivement les planches. C’est époustouflant ! L’intrigue tourne d’une petite fille Karen qui vit à Chicago en 1968, elle partage sa vie avec sa mère et son frère qu’elle adore et qui lui a fait découvrir la peinture.
Elle adore les films et les magazines d’horreur, passe son temps à en redessiner les couvertures, elle est rejetée par ses camarades d’école, se rêverait en monstre pour pouvoir se rebeller, venger les humiliations qu’elle subit. Et puis il y a sa voisine du dessus : Anka silverberg, une juive allemande rescapée de la Shoah et qu’on retrouve assassinée. Karen se lance dans une enquête, grâce au mari d’Anka, elle écoute des cassettes enregistrées par cette dernière qui raconte sa vie en Allemagne : dominée, exploitée par des hommes pervers, humiliée, stigmatisée parce que juive et déportée… Une longue litanie de malheurs qu’écoute cette petite fille en cachette. Car derrière ses airs bravaches, c’est encore une petite fille confrontée à la tristesse de son grand frère, à la maladie de sa mère et à un secret familial.

Ce roman graphique développe plusieurs thèmes comme l’enfance, la violence de la société (celle vécue par Karen mais aussi celle vécue par Anka), la figure du monstre (pour Karen, tous ceux qui la blessent ou la rejettent sont des monstres) , la sexualité qui définit chacun d’entre nous (Karen aussi jeune soit-elle sait déjà qui elle aime), la famille (Deeze le frère est un personnage ambivalent, repère essentiel pour Karen, qui cache des secrets).

Visuellement c’est superbe, chaque planche révèle les multiples inspirations de l’auteur : j’ai beaucoup aimé les pages consacrés à la découverte d’un musée L’Art Institute dans lequel se promènent Karen et Deeze son frère. Ils s’arrêtent notamment devant le tableau de Georges Seurat « Un dimanche après-midi à l’île de la Grande Jatte » et quand on regarde de plus près, on s’aperçoit qu’Emil Ferris a dessiné les visages de Karen et Deeze à la manière de Seurat. 



Plus loin, l’auteur évoque la déportation des juifs et leur transport dans ces wagons infâmes : la double planche muette est à la fois tragique,  empreinte de dignité et de résignation.



 Je pourrais évoquer encore d’autres planches mais ce serait dommage de tout dévoiler. Je vous conseille donc de vous précipiter sur ce roman graphique de 416 pages qui vous laissera pantois.

Je mets 5 chats car c’est un coup de cœur pour moi.


vendredi 25 janvier 2019

Méfie-toi de nous, tome 2

Retrouvailles, vengeance, drogue...

 Aujourd’hui, Mackenzie est devenue une brillante journaliste. En apparence, elle est cette femme forte qui a réussi. En réalité, elle n’a jamais pu oublier ce jour, il y a sept ans, où Wade l’a trahie avant de disparaître. Elle s’était alors fait une promesse : plus jamais elle ne ferait l’erreur de baisser la garde et de s’attacher. Pour cela, elle a érigé avec soin de nouvelles barrières, plus nombreuses et plus solides encore qu’auparavant. Pour que rien ni personne ne puisse plus l’atteindre ni la faire souffrir. Personne sauf Wade.

Commentaire:

L’histoire de Mackenzie et de Wade reprend sept ans plus tard. Mackenzie travaille comme  journaliste : son credo ? Lever tous les secrets des gens sur lesquels elle enquête sans se soucier d’états d’âme. La femme qu’elle est devenue n’est pas très sympathique, froide, arrogante et seule. La disparition subite de Wade l’a profondément blessée d’autant qu’elle n’a jamais pu obtenir d’explications de Jaxton, pourtant le meilleur ami de Wade. Alors qu’elle mène des recherches sur une artiste mystérieuse qui fait fureur, elle s’aperçoit que l’artiste en question n’est autre que Wade ! Pire, ses quelques recherches l’ont sorti de l’anonymat  qui lui permettait d’échapper à Crown, le trafiquant de drogue qu’il a dénoncé (voir tome 1). Au-delà des retrouvailles difficiles entre Mackenzie et Wade, le couple va se retrouver confronté à un danger, celui que représente Crown sorti de prison.
Ce deuxième tome se lit tout aussi vite que le premier mais je l’ai trouvé moins prenant que le précédent. Je n’ai pas aimé la transformation de Mackenzie, elle est trop rigide et têtue dans ses opinions pendant une bonne partie du livre. Et on se demande bien pourquoi Wade insiste autant pour renouer les liens d’autrefois. Heureusement, les chapitres où les deux amants sont en danger redonnent de l’intérêt à leur histoire et on dévore les pages pour espérer une fin heureuse.

Je remercie en tout cas les Editions Harlequin et Netgalley de m’avoir permis de lire la suite de « Méfie-toi de nous ».

Haine pour haine

Meurtre, racisme, immigration...


À Peterborough, deux hommes d’origine étrangère ont été sauvagement assassinés dans la rue à quelques semaines d’intervalle. Les caméras de surveillance montrent leur agresseur masqué exécutant le salut nazi après les avoir tués à coup de pied. L’inspecteur Zigic et sa partenaire, le sergent Ferreira de la section des crimes de haine mènent l’enquête lorsque survient un autre drame : trois travailleurs immigrés sont renversés devant un arrêt de bus par une voiture. Les deux policiers vont se confronter aux pressions de leur hiérarchie. Il ne faudrait pas que la piste raciste, peut-être commune aux deux affaires, s’ébruite auprès des médias, au risque de réveiller des tensions déjà explosives dans la ville.
Un autre personnage s’inquiète de cette publicité malvenue, c’est Richard Shotton, député local d’extrême droite qui entend bien se faire réélire dans cette région où il est particulièrement rentable de surfer sur la frustration engendrée par la présence d’immigrés tout en se défendant d’être raciste. Ferreira a-t-elle raison de penser que son parti garde des liens souterrains avec la mouvance néonazie, au cœur de l’enquête ?

Commentaire:

« Haine pour haine » est le deuxième roman d’Eva Dolan traduit en français et mettant en scène une petite brigade de crimes de haine dans la ville anglaise de Peterborough. J’ai lu le premier tome « Les chemins de la haine » l’année dernière quand j’étais jurée pour le Grand Prix des Lectrices de Elle. Et j’avais beaucoup aimé ce roman policier plus sociologique que noir. Car, au-delà de l’enquête policière, Eva Dolan s’intéressait aux problèmes de l’immigration, de la difficile intégration pour ne pas dire acceptation de ces migrants venus d’Europe ou du monde qui peinent à trouver leur place dans une société en proie à des difficultés économiques.

On retrouve le même arrière-plan socio-économique avec une histoire tout aussi macabre que la précédente. La brigade doit mener de front deux enquêtes qui, au départ, ne semblent pas liées : une voiture renverse trois personnes devant un arrêt de bus, le chauffard s’est enfui. Particularité, ce sont des travailleurs immigrés qui ont été renversés. Est-ce un crime raciste ? La brigade peine à trouver un coupable et a d’autant mal à faire son travail  qu’elle doit aussi résoudre trois meurtres d’immigrés, tabassés à mort par un individu qui s’est débrouillé pour faire un salut nazi devant une caméra de surveillance comme pour les narguer. Ces crimes racistes n’arrangent pas les affaires d’un député local d’extrême-droite qui s’inquiète, c’est un comble, des conséquences qu’ils pourraient avoir sur les prochaines élections. On voit là le cynisme d’un individu qui fait campagne contre l’immigration et tient des propos nauséabonds mais qui ne veut pas être débordé par des groupuscules néo-nazis jugés trop remuants. Zigic qui mène la brigade n’a pas beaucoup de temps pour résoudre ces meurtres qui pourraient déboucher sur des émeutes et des règlements de compte entre les différentes communautés de Peterborough.

J’ai beaucoup aimé ce roman et le climat dans lequel évoluent les deux personnages principaux, il montre le danger de tous ces replis communautaristes qui, si on ne fait rien, pourraient faire émerger les pires pouvoirs extrémistes. A lire donc !


Le royaume des rêves

Enlèvement, otage, guerre, amour, loyauté...

Pour avoir refusé d'épouser le vieux barbon que lui destinait son père, lady Jennifer a été envoyée au couvent de Belkirk. Un jour, le village est attaqué par l'armée de Royce Westmoreland, surnommé le Loup noir : un colosse aussi redouté que le diable, qui prend la jeune fille en otage. Une digne Écossaise ne saurait se soumettre à l'ennemi anglais! L'indocile Jenny ne peut s'empêcher de défier son terrifiant ravisseur et, contre toute attente, de céder à ses baisers passionnés.

Commentaire:

Cette année, je participe en tant que jurée au Prix e Romance organisée par les Editions J’ai Lu. C’est donc à ce titre que j’ai lu ce roman de Judith MC Naught. Précisons tout de suite que je l’aurais lu même si je n’avais pas fait partie de ce jury car j’aime beaucoup cette auteure que j’ai découverte il y a plus de vingt ans. « Le royaume des rêves » a été écrit en 1989 ( !) et traduit seulement maintenant et quand on le lit, il a les caractéristiques de la romance que j’appréciais alors. Prenez un contexte historique bien décrit : l’action se passe en 1497, le roi Henri VII d’Angleterre est en guerre contre l’Ecosse qui soutient un prétendant au trône. Ajoutez deux personnages que tout oppose : Royce Westmoreland, un guerrier redoutable, surnommé Le Loup par ses ennemis et qui combat pour Henri VII,  prend en otage Lady Jenny Merrick, une jeune écossaise qui n’aura de cesse de lui échapper. Mélangez quelques ingrédients : tentatives d’évasions, manipulations et séductions de la part des deux protagonistes, interventions violentes de la part du clan écossais,etc. Et vous obtenez un bon roman sentimental sans trop de mièvrerie. Je précise tout de même, qu’après avoir attendu si longtemps de le lire en français, je n’ai pas eu le coup de cœur espéré. Ce qui n’enlève rien au talent de Judith McNaught.
Je remercie en tout cas les Editions J’ai Lu qui m'a permis  de participer à cette aventure !



Un drôle de mariage

Mariage de convenance, amour, traumatisme, rejet...

Le duc d’Ashbury est confronté à un gros problème : il doit se marier afin d’engendrer un héritier au plus vite. Mais quelle femme serait assez désespérée pour accepter d’épouser un homme défiguré ? La réponse se présente en la personne d’Emma Gladstone, la fille d'un vicaire qui travaille comme couturière. Elle est aux abois financièrement, et elle n’a pas froid aux yeux. Elle répond donc à tous les critères requis. Elle est même assez jolie, mais cela n’a aucune importance puisqu’il compte se désintéresser de son cas dès qu’elle sera enceinte. Sauf que la nouvelle duchesse, loin de le trouver repoussant, prend très vite goût à ses hommages... 

Commentaire:

« Un drôle de mariage » fait partie de la sélection du prix e Romance, et c’est donc à ce titre que je l’ai lu. Le roman est agréable à lire dès lors qu’on accepte la situation invraisemblable du départ, à savoir un duc qui épouse sur un coup de tête une couturière débarquée dans son salon pour réclamer ses gages. Ce même duc, défiguré lors d’une bataille contre les Français (ah, ce Napoléon !), rejeté par sa fiancée, jette son dévolu sur Emma, car il veut un héritier. Et après avoir dûment mis sa femme enceinte, il l’installera à la campagne et passera à autre chose. Mais la demoiselle, bien vite épousée, n’a pas l’intention de se laisser faire. Et tout le roman tourne autour de la question éternelle : sauras-tu m’aimer ? C’est léger, parfois amusant à lire car il y a quelques répliques qui font rire. Mais c’est justement trop léger, les personnages secondaires sont inexistants, pas assez développés : je pense à l’ex-fiancée du duc qui revient sur le devant de la scène et on s’attend à des scènes de crêpage de chignon. Même pas, elle disparaît rapidement à mon grand dépit, j’aime bien quand il y a des rivalités féminines. Au final, un roman certes agréable mais que ne me laissera pas grand souvenir.

Je remercie les Editions J’ai lu de m’avoir permis de lire cette auteure.

jeudi 17 janvier 2019

Sous les décombres

Meurtre, secret, famille, Seconde Guerre mondiale...

Juste après la Seconde Guerre mondiale, Hanno, 14 ans, fait tout pour survivre dans Hambourg en ruines. Durant l'hiver 1946, en fouillant les décombres, il découvre un jeune garçon de 3 ans à côté d'un cadavre de femme. Recueilli par la famille d'Hanno, ce petit garçon est prénommé Joost. Des années plus tard, Joost fait la connaissance d'Anna,dont la mère semble cacher un lourd secret. Tous les deux vont partir à la recherche de leurs origines...

Commentaire:
En janvier 1947, on découvrit quatre cadavres entièrement nus dans les ruines de Hambourg. La police ne sut jamais qui les avait tués, pourquoi, et qui étaient ces gens. Cette sombre affaire jamais élucidée a déjà été mise en scène par un auteur allemand Cay Rademacher. Dans son roman « L’assassin des ruines », son inspecteur principal Stave résolvait ce quadruple meurtre.

Le roman de Mechtild Borrmann reprend la même affaire en la présentant sous une autre manière. Et j’ai adoré ! Le roman croise trois époques différentes qui, au départ, laissent perplexe le lecteur. En janvier 1947, Hanno Dietz , adolescent de 13 ans, fouille les décombres à la recherche d’objets qu’il pourrait revendre au marché noir, il tombe sur un petit garçon bien habillé, dans sa main, un bouton… Mai 1945, la famille Anquist, riche propriétaire d’un manoir et de terres, se voit confisquer son domaine et expulsée de chez elle par ordre des soviétiques. Pour Clara Anquist et son père, la seule solution c’est l’exil. 1992, Anna Anquist, fille unique de Clara, décide de fouiller dans le passé de sa mère quand elle apprend que l’ancien domaine est à vendre. Elle contacte d’ailleurs un certain Joost Dietz, architecte chargé des travaux de restauration.

Quels liens existent-ils entre la famille Dietz et Anquist ? Pourquoi ces aller et retours entre le passé et le présent (du moins celui de l’époque de l’intrigue) ? Peu à peu, à travers l’évocation de la fin de la guerre, de l’occupation du pays par les quatre grands vainqueurs, de la dénazification de l’Allemagne, l’auteur construit peu à peu une histoire, celle d’allemands humiliés, contraint de fuir et qui voient sur leur route de l’exil les obstacles s’accumuler jusqu’à la tragédie finale.
Encore une fois, j’ai beaucoup aimé ce roman, bien construit, au rythme soutenu et au contexte historique bien documenté. Je vous le recommande !
Je mets cinq chats car c'est un coup de coeur!

samedi 12 janvier 2019

Oiseau de nuit

Meurtre, vengeance, traumatisme, deuil

Londres, aujourd'hui 
Au cœur d'une nuit caniculaire, l'inspectrice Erika Foster est appelée sur une épouvantable scène de crime : un chirurgien renommé vient d'être retrouvé asphyxié dans son lit, nu, un sac plastique sur la tête, les poignets attachés. Jeu sexuel qui aurait mal tourné ? C'est ce que peut laisser croire la présence d'une revue gay à ses côtés. 
Quelques jours plus tard, le corps d'un journaliste de tabloïds est découvert dans des circonstances similaires. Pour Erika Foster et son équipe le doute n'est plus permis : un serial killer rôde. Mais quel est son mobile ? Pourquoi ses victimes sont-elles toutes des hommes brillants, à la vie très secrète ? Comment les choisit-il ? 
Alors qu'une vague de chaleur plonge la ville en pleine torpeur, Erika va devoir garder son sang-froid pour débusquer ce tueur noctambule, avant qu'il ne frappe de nouveau. Mais qui sait qui il observe en ce moment même ? Et si Erika n'était pas aussi en sécurité qu'elle le croit ? 

Commentaire:

Je voudrais d’abord remercier les Editions Belfond et Netgalley qui m’ont permis de lire le deuxième opus des enquêtes d’Erica Foster. J’avais découvert avec plaisir cette femme de tête, déchirée par la mort de son mari, dans une première affaire policière se déroulant en plein hiver « La fille sous la glace ». Et je dois dire que le retour d’Erica Foster m’a beaucoup plu. Nous sommes toujours à Londres, c’est l’été, la canicule s’est abattue sur la ville, et un tueur mystérieux traque des hommes et les tue, essayant vaguement de faire passer ces morts pour des suicides. Erica Foster hérite de ces meurtres et, avec son équipe, se lance dans une course à la montre pour retrouver le tueur…Ou la tueuse ? Le problème c’est que l’inspectrice est un peu tête brûlée et que son comportement agace ses supérieurs, à commencer par le superintendant Marsh qui a du mal à lui faire confiance. De plus, lorsque une troisième victime est découverte et que celle-ci s’avère être l’amant d’un ami de Foster, on lui enlève l’enquête. Décider à aider son ami, sûre de son fait, elle va continuer seule à enquêter.


J’ai beaucoup aimé l’intrigue, bien menée, sans temps mort. J’ai beaucoup aimé retrouver Erica Foster toujours aussi tenace, intelligente, obligée de lutter contre la méfiance, voire la bêtise d’inspecteurs de police. Et je dois dire que je partage son indignation quand elle voit une promotion lui passer sous le nez car elle ne rentre pas dans les cases. Le personnage du tueur est aussi intéressant car les raisons de ses meurtres sont liées à son passé et sa psychologie. On sent que le cas de ce tueur trouble beaucoup Erica Foster, je n’en dirai pas plus pour ne pas tout révéler de l’intrigue. Je vous recommande vivement ce roman et cet auteur !!

Je mets 5 chats!

mercredi 9 janvier 2019

Avalanche hôtel


Enlèvement, mystère, enquête, mémoire...


Janvier 1980. Un homme se réveille dans une chambre de l’Avalanche Hôtel, situé sur les hauteurs de Montreux. Il s’appelle Joshua Auberson, il est agent de sécurité, et une jeune fille a disparu. Mais tout ceci est-il bien réel ? Janvier 2018. Joshua Auberson se réveille à l’hôpital. Alors qu’il enquêtait sur une inconnue découverte en pleine montagne, il a été pris par une avalanche et est resté quelques jours dans le coma. Malgré la confusion qui règne dans sa tête il est convaincu que ce qu’il a vu pendant son coma est plus qu’une manifestation de son inconscient, Joshua décide de se pencher sur l’histoire de l’hôtel de son rêve, désormais abandonné. Et si la clé de l’énigme se trouvait dans les souvenirs défaillants de Joshua ?

Commentaire:

J’ai été attirée par la couverture de ce roman et notamment par l’hôtel que l’on distingue en arrière-plan. Un petit air de « Shining » me suis-je dit ! Et effectivement, dans les premiers chapitres, on ressent cette atmosphère particulière que l’on trouve dans le roman de Stephen King : un hôtel isolé, une chambre inquiétante dans laquelle se réveille Joshua Auberson et qui s’aperçoit que quelque chose d’affreux s’est déroulé, un personnage principal en proie à des hallucinations qui ne sait pas s’il devient fou.

 La comparaison avec King s’arrête là car l’intrigue qui nous est contée est d’abord policière : Joshua enquête sur la disparition de Catherine Alexander, disparue en 1980, le dossier est classé depuis longtemps mais le cas d’une jeune fille inconnue, retrouvée inconsciente dans la montagne a relancé l’affaire. C’est en cherchant une piste qu’il a été pris dans une avalanche, et celle-ci a déclenché en lui d’étranges phénomènes : il semble se souvenir d’événements déroulés avant sa naissance. Comment est-ce possible ? Heureusement, pour compenser ces rêves ou ces hallucinations, il peut compter sur l’aide d’une coéquipière Sybille tout en rudesse et franchise. Avec elle, il va remonter le temps pour découvrir ce qui est arrivé à Catherine Alexander. 

J’ai passé un bon moment de lecture et j’ai bien aimé cette atmosphère fantastique qui traverse l’intrigue. Les explications données à Joshua par le médecin pour comprendre les raisons pour lesquelles il rêve d’événements passés sont un peu tirés par les cheveux mais on passe outre tant on a envie de savoir ce qui est arrivé, et surtout quels liens existent entre lui et cette affaire. J’ai bien aimé aussi les personnages, surtout celui de Sybille : une jeune femme qui ne s’en laisse pas conter, brutale parfois mais elle permet à Joshua de garder les pieds sur terre. Je ne sais pas si Niko Takian a l’intention de donner une suite à ces deux personnages. Mais s’il le fait, je serais partante. 

jeudi 3 janvier 2019

Un secret

Secret, famille, tragédie, Seconde guerre mondiale

Souvent les enfants s'inventent une famille, une autre origine, d'autres parents. Le narrateur de ce livre, lui, s'est inventé un frère. Un frère aîné, plus beau, plus fort, qu'il évoque devant les copains de vacances, les étrangers, ceux qui ne vérifieront pas... Et puis un jour, il découvre la vérité, impressionnante, terrifiante presque. Et c'est alors toute une histoire familiale, lourde, complexe, qu'il lui incombe de reconstituer. Une histoire tragique qui le ramène aux temps de l'Holocauste, et des millions de disparus sur qui s'est abattue une chape de silence.

Commentaire:

Je connaissais cette histoire parce que j'avais vu le film il y a quelques années et qu'il m'avait marquée par la tragédie qui marque le destin de la famille Grinberg (avant changement de nom). Si j'ai décidé de le lire, c'est d'abord pour répondre au Challenge Multi-défis 2019. le livre de Philippe Grimbert fait partie de la liste des Goncourt Lycéens. J'ai remarqué que les prix décernés par les lycéens étaient souvent très bons et qu'ils n'hésitaient pas à sélectionner des romans qui s'inscrivent dans l'Histoire collective et qui racontent des épisodes tragiques. « Un secret » évoque à la fois l'extermination des Juifs et l'histoire plus personnelle des parents de Philippe Grimbert. Celui-ci a grandi dans l'ombre d'un frère qu'il s'était imaginé sans savoir en réalité qu'il avait réellement existé. Ce frère trop tôt disparu a été effacé de la mémoire familiale car les circonstances de sa mort étaient trop terribles et trop douloureuses pour les parents de l'écrivain. Car derrière sa mort, c'est aussi l'évocation d'une trahison conjugale, d'un adultère qui ne dit pas son nom. le roman est court mais intense partagé en deux partie : la vie avec ce frère imaginaire ; la vie de ses parents et de ce frère, victime de la barbarie mais aussi de la douleur d'une mère. Philippe Grimbert ne juge pas, il revient sur ces faits presque cliniquement, ce n'est que dans la dernière page, quand il évoque son passage au Mémorial de la Shoah pour mettre un visage sur le nom d'un enfant assassiné, que l'émotion surgit et vous prend à la gorge. Un roman à lire !