dimanche 27 octobre 2019

Elsie, tome 1: Une dernière fois

Deuil, paranormal, fantôme, esprit malfaisant...

Nouvelle dans son quartier, Elsie a sept ans lorsqu'elle rencontre Francine, une vieille dame qui habite la maison d'en face. Au fil des années, elles nouent une relation d'amitié et de grande complicité. Mais dix ans plus tard, la mort les sépare subitement. Incapable de laisser partir Francine sans lui dire au revoir, Elsie achète un jeu de Ouija dans l'espoir de rétablir le contact.
Mais la mort n'est pas un jeu. À vouloir à tout prix communiquer avec son amie disparue, la jeune fille réveillera des êtres qu'elle regrettera vite d'avoir dérangés.

Commentaire :
Je dois dire que j'ai été attirée par le résumé: une jeune fille qui a du mal à accepter le décès de sa voisine devenue au fil du temps une grande amie, fascinée par le paranormal, décide d'entrer en contact avec la morte. Comme elle est prudente, elle se renseigne sur Internet, s'arrange pour que sa meilleure amie soit présente le soir où elle décide d'utiliser le Ouija. Mais elles sont interrompues plus vite que prévu et sans l'avoir voulu, Elsie a réveillé un esprit en colère. Aussitôt une succession d'incidents se produisent et Elsie ne sait plus que faire pour contrer l'esprit.

Au vu de l'intrigue, je m'attendais à un peu plus de tension, de scènes terrifiantes mais, hélas, on frissonne à peine. Certes, c'est un roman qui s'adresse aux jeunes mais, pour en voir devant moi à longueur de journées, je sais que cette histoire les ferait à peine ciller d'inquiétude. De plus, on reste détaché des personnages, aucun n'est vraiment sympathique ou attachant. Est-ce dû à l'écriture? Bref, un roman vite lu qui ne me laissera pas grande impression.
Je remercie en tout cas les Editions La Bagnole et Netgalley de m'avoir fait découvrir cette auteure.

Livre lu dans le cadre du Week-end 1000 pages.

Qui dit coeur brisé dit mojitos à volonté

Amitié, filles, pacte, amour...

Un pacte anti-cons. Voilà ce que Louise vient de signer avec ses deux meilleures amies. Parce qu’il y en a marre de tomber amoureuse du mec canon qui vous laisse en plan à la première occasion – ou, pire, qui décide au bout de quelques mois de retourner avec son ex. Terminées les relations foireuses et les soirées passées sur le canapé à noyer son chagrin dans un mojito ! À partir de maintenant, Louise évitera soigneusement tous les hommes susceptibles de lui briser le cœur. Et pour ça, elle a un plan génial : donner une chance à ceux qui, à première vue, ne correspondent pas à ses critères.

Commentaire :
Voici le mois de novembre et ses journées qui raccourcissent, rien de tel pour oublier l'hiver qui arrive à grands pas que de lire ce roman qui fait du bien au moral. Trois copines, fatiguées de  rencontrer des loosers ou des goujats ou les deux, décident de revoir leurs critères de sélection. Terminés les mecs canons, vivent les rencontres nés du hasard, on ne sait jamais, derrière des traits lisses, peut se cacher l'amour d'une vie.

Nous voilà alors embarqués dans une suite de saynètes drôles ou émouvantes mettant en scène Louise et ses copines. Entre Emma au caractère fantasque, Clémence timide et Louise échaudée par une énième rupture, on se demande laquelle des trois parviendra à se caser. Chacune veille sur les deux autres, chacune raconte aux autres ses rendez-vous, ses ratés et ses succès. Mais et l'amour dans tout ça? Il est parfois là, juste à côté de nous, finissent pas se rendre compte les trois amies.

C'est un roman sympathique à lire, léger, rythmé qui fait du bien au moral. A lire tout en buvant un mojito! Je remercie encore les Editions Harlequin et Netgalley de m'avoir fait découvrir cette auteure.

mardi 22 octobre 2019

La maison allemande

Nazisme, procès, culpabilité, extermination...

Francfort, au début des années 1960. Eva Bruhns est une jeune femme sans histoire : interprète du polonais, elle est requise pour traduire les dépositions de témoins au second procès dAuschwitz qui vient de s'ouvrir afin de traduire en justice les crimes de dignitaires nazis. Si elle voit d'abord dans ce travail l'occasion de conquérir une autonomie financière inédite, les révélations auxquelles le procès la confronte ne tardent pas à la bouleverser. 

Commentaire :
Ce livre est tout autant un roman initiatique qu’une œuvre mémorielle car, à travers le second procès d’Auschwitz, c’est l’histoire d’une jeune allemande qui prend conscience de son individualité et celle d’une jeunesse qui (re)découvre son histoire récente, une histoire dont les générations précédentes ne veulent plus entendre parler.


Quand Eva Bruhns est sollicitée pour traduire les dépositions de témoins polonais, elle ne sait pas que cette décision va bouleverser sa vie. Jusqu’ici, Eva est une jeune fille qui aspire à une vie tranquille, elle se voit mariée à son fiancé Jürgen, un fils de bonne famille austère et exigeant, vivant sereinement sous son toit. Sa décision d’ailleurs de participer à ce procès dérange Jürgen mais aussi ses parents et surtout sa mère qui ne comprend pas qu’on puisse évoquer de nouveau le nazisme. Jürgen exerce même un chantage contre Eva : c’est lui et le mariage ou rien si elle s’obstine à vouloir servir d’interprète. Contre toute attente, Eva ne cède pas et, tous les jours ou presque, elle se rend au procès et traduit des témoignages terribles qui la bouleversent et semblent réveiller en elle des souvenirs d’une petite maison dans un endroit étrange. Comment pourrait-elle se souvenir de quoi que ce soit d’Auschwitz ? C’est en interrogeant ses parents et surtout sa mère qu’elle réalise qu’elle a vécu là-bas car son père y travaillait comme cuisinier pour les gardes… « Nous étions heureux » lui déclare sa mère quand Eva, horrifiée, lui demande comment son père et elle ont pu accepter de travailler dans ce camp d’extermination. Cette affirmation  fait froid dans le dos et Eva mesure à quel point ses parents, pourtant de braves gens, ont participé à  leur manière à la mort de milliers de gens et que leur silence fait d’eux des coupables sinon des complices. Quand le procès prend fin sans satisfaire vraiment les accusés et les victimes, Eva est une autre femme et le regard qu’elle porte sur son pays, sur ses parents a complètement changé. J’ai beaucoup aimé ce roman et l’évolution de cette jeune fille  qui en sort métamorphosée. A lire donc !

Le roman de Camille

Belle Epoque, apparition, polémique, messages, enfants...

En 1913, Camille a 8 ans. Ignorant tout de la tragédie historique qui sannonce, elle vit les derniers mois de paix dans son village de Cassel-le-Château. Privée de sa mère morte en couches, elle est cependant choyée par son père et sa grand-mère et connaît une enfance heureuse et empreinte dinnocence. Une nuit pourtant, une visite inattendue et fantastique vient bouleverser tout son univers. Bien malgré elle, Camille se retrouve investie dune mission qui la dépasse : elle doit délivrer un message à lhumanité tout entière. Pour mener à bien sa tâche, elle peut compter sur le soutien de son ami Petit-Jacques, lui aussi embarqué dans cette aventure !

Commentaire :
Il est toujours délicat de parler d’un roman écrit par un auteur que l’on connaît, on se demande si on saura rester objectif, si on saura en évoquer les qualités et les défauts sans vexer. Mais je me lance en affirmant, et ceci sans hypocrisie aucune ou tentative de copinage, que j’ai bien aimé ce premier tome d’une trilogie.
Alors, certes, j’ai trouvé qu’il était long (632 pages) et que certaines descriptions auraient pu être écourtées, certaines digressions évitées (je pense à l’introduction du personnage formidable de Monseigneur Toussaint) pour donner plus de rythme à cette intrigue qui se déroule à la fin de la Belle Epoque en France. J’ai préféré d’ailleurs la deuxième partie du roman quand les événements de Cassel devenant une affaire retentissante, on voit arriver au village la presse et le représentant de l’Eglise en la personne de Monseigneur Toussaint venus sur place vérifier si on peut parler de miracle ou de canular.  
Ce que j’ai trouvé très bien, par contre,  c’est l’évocation de cette époque, qu’on a appelé plus tard « Belle » alors qu’elle ne l’était pas tant que ça d’ailleurs, c’est la description d’une société dans laquelle chacun avait sa place et son rôle et qui disparaîtra dans le fracas de la guerre 14/18.   Les personnages sont bien croqués : la morgue du Comte de Cassel, persuadé qu’il peut encore diriger les gens comme le faisaient ses ancêtres ; la faiblesse du maire incapable de s’opposer au Comte ; la gouaille de Berthoux heureux propriétaire du café dans lequel se réfugient tous les anticléricaux du village; la dignité de Pierre Boucher et celle de ceux qui, comme lui, sont considérés comme de petites gens… Sans oublier Monseigneur Toussaint, le docteur Guitton, les journalistes Abel Lenvie et Marcel Grabher qui viennent compléter la liste de tous ceux et celles  confrontés à des événements que je qualifierai plus de mystiques que fantastiques. Car la petite Camille, personnage central de l’histoire, est bien confrontée à une apparition miraculeuse qui va la conduire à délivrer plusieurs messages dont le contenu parfois sibyllin  laisse présager des tragédies futures. Tragédies qui seront sans doute développées dans les deux tomes suivants, j’avoue que je suis très curieuse de connaître la suite. Je vous recommande  ce premier roman et je remercie au passage les Editions Librinova et Netgalley de m’avoir permis de le lire. Enfin, un grand salut à l’auteur pour la qualité de son écriture !

samedi 5 octobre 2019

Un couple irréprochable

Harcèlement sexuel, viol, meurtre, secret, manipulation...

Angela, trente ans, vit une vie confortable et routinière avec son fils surdoué de treize ans et Alex, son mari, professeur d'économie en pleine ascension professionnelle. Mais leur bonheur de façade explose lorsque Alex est soupçonné d'être un prédateur sexuel, et que l'une des deux jeunes femmes qui l'accusent disparaît. Tandis que la presse de tout le pays se repaît du scandale, Angela est partagée entre la honte, le désir de défendre son mari, et le besoin de préserver un sombre secret.

Commentaire :
Je remercie tout d’abord les Editions Presse de La Cité et Netgalley d’avoir pu découvrir ce roman qui m’a fait passer un très bon moment de lecture. On plonge immédiatement dans l’intrigue et dans le scandale qui anéantit en quelques semaines la vie d’un couple jusqu’ici sans histoires. Du moins le pense-t-on puisque, au fur et à mesure, l’auteure distille des informations sur Angela, l’épouse bafouée qui tombe des nues quand elle apprend que son si beau mari est accusé de harcèlement sexuel par une étudiante et de viol par une autre femme. Mais elle-même a bien des choses à cacher et elle n’aimerait pas que les médias s’intéressent de trop près à son passé. 

Ce qui est bien fait c’est que tout notre sympathie va tout de suite à Angela. Pauvre Angela que son mari trompait depuis des mois avec la femme, Kelly, qui l’accuse de viol. Pauvre Angela qui, déjà dans son passé, a vécu des choses douloureuse, il ne faudrait pas qu’un journaliste ressorte l’affaire. Pauvre Angela ? Je sentais bien que derrière ses airs de femme irréprochable se cachait une personne ambigüe mais la fin m’a grandement surprise. A lire donc !



Les Patriotes


Communisme, répression, étranger, famille, goulag, secret...

Alors que les États-Unis sont frappés par la Grande Dépression, Florence Fein, à seulement 24 ans, quitte Brooklyn pour une ville industrielle de lOural, dans la toute jeune URSS. Elle ny trouvera pas ce quelle espérait: un idéal dindépendance et de liberté. Comme de nombreux Refuzniks, son fils Julian, une fois adulte, émigre aux États-Unis. Des années plus tard, en apprenant louverture des archives du KGB, il revient en Russie et découvre les zones dombre de la vie de sa mère.

Commentaire :
Il ne m’a pas été facile de lire ce roman de près de 600 pages qui parcourt plus de soixante-dix ans de l’histoire d’une famille piégée en quelque sorte en URSS. L’auteur a choisi d’alterner les chapitres qui suivent les pérégrinations de Florence Fein à partir du moment où elle débarque en URSS en 1935 et ceux qui voient son fils revenir en Russie en 2008 pour un voyage d’affaires. On a deux histoires : celle de Florence venue en URSS pour retrouver un homme et persuadée que la vie est meilleure sous le ciel communiste. Et celle de son fils, qui vient pour négocier des contrats avec des hommes d’affaires russes qui ressemblent plus à des gangsters d’ailleurs, et éventuellement, obtenir le dossier de sa mère qui dort dans les archives du KGB.  Quelle que soit l’époque d’ailleurs, on se dit que vivre dans ce pays relève de la gageure, il ne fait pas bon d’être étranger là-bas, on a l’impression qu’on va se faire embarquer à tout moment et finir dans une cellule.


J’avoue que j’ai eu du mal à comprendre et à m’intéresser aux tractations commerciales entre Julian et les russes, j’ai bien saisi le côté tortueux et illégal de l’affaire mais j’ai trouvé que cela prenait trop de place dans le roman. J’ai préféré, et de loin, tous les chapitres consacrés à sa mère qui a eu cette idée folle de quitter les USA pour l’URSS. Non seulement, elle va de désillusions en désillusions, mais bientôt elle se retrouve prisonnière de ce pays quand une fonctionnaire zélée, lui confisque son passeport, pour lui redonner à la place un pauvre papier stipulant seulement qu’elle est une étrangère. Ce qui la rend suspecte d’autant plus qu’elle essaie un jour de rentrer dans l’ambassade américaine sans succès d’ailleurs, car les USA ne veulent plus entendre parler de ces compatriotes ayant fait de mauvais choix. La Grande Guerre patriotique lui permettra paradoxalement d’être à l’abri mais, avec la Guerre froide, et la paranoïa galopante de Staline, elle est arrêtée et envoyée dans le fin fond de la Sibérie couper des arbres. C’est son fils, qui des années plus tard, comprendra comment elle a pu sortir vivante de cet enfer.  J’ai eu du mal en tout cas à éprouver de l’empathie pour ce personnage féminin dur et entêté et dont les actes ne sont pas sans conséquences pour ses proches. Un roman fleuve que j’ai bien aimé. Mais pas un coup de cœur.

A crier dans les ruines

Catastrophe nucléaire, séparation, amour, patrie...

Tchernobyl, 1986. Lena et Ivan, deux adolescents amoureux l'un de l'autre, voient leur vie bouleversée par l'explosion de la centrale. Si Lena, croyant Ivan mort, part avec sa famille en France, Ivan, qui n'a pas pu quitter la zone, attend son retour. Déracinée, la jeune fille tente d'oublier son passé. Vingt ans plus tard, elle fait le chemin inverse, et repart en Ukraine.

Commentaire :
Depuis que j’ai regardé la série « Chernobyl » à la télévision, j’ai cherché à lire des ouvrages sur cette catastrophe et je suis tombée sur ce roman. La couverture et le titre surtout m’ont immédiatement emballée et j’ai lu, très vite ce roman que je vois comme une histoire d’amour et de deuil. Je trouve que ces deux thèmes se comprennent de deux manières : il y a l’amour entre les deux adolescents Léna et Ivan qui perdure malgré la distance et la certitude pour Léna de la mort d’Ivan. Mais on trouve aussi l’amour de la patrie, très forte chez Léna même si celui-ci n’est pas tout de suite conscient chez elle. Mais ses études, ses lectures, tout la ramène dans ce pays dont on l’a arrachée subitement un jour d’Avril 1986.


Et puis il y a le deuil : celui d’un pays, d’une ville –Pripiat- abandonnée du jour au lendemain par ses habitants car on ne peut plus y vivre. Celui de tous ces gens obligés de tout laisser sur place, déchirés de devoir quitter leurs terres, leurs animaux, leur vie même pour se retrouver entassés dans des immeubles à Kiev sans aucune perspective de retour. Sans compter tous ceux qui sont morts des suites de la catastrophe. Un deuil national qui pèse encore aujourd’hui  parmi la population. Un deuil plus personnel qui touche aussi bien Léna qu’Ivan : chacun, à sa manière, est affecté par cette tragédie mais c’est Ivan qui est le plus touché. Non seulement il perd Léna, partie brutalement pour la France, mais il perd aussi sa petite sœur, son père…

L’écriture d’Alexandra Koszelyk est belle, presque lyrique. Elle donne du souffle à cette histoire déchirante, à cet amour sublimé par la distance (dans le temps et l’espace), à ces deux adolescents dont on attend (dont on espère) les retrouvailles. Un très beau moment de lecture !