samedi 25 janvier 2020

Victime 2117

Terrorisme, migration, morts, vengeance, famille...

Le journal en parle comme de la « victime 2117 » : une réfugiée qui, comme les deux mille cent seize autres qui l'ont précédée cette année, a péri en Méditerranée dans sa tentative désespérée de rejoindre l'Europe.
Mais pour Assad, qui oeuvre dans l'ombre du Département V de Copenhague depuis dix ans, cette mort est loin d'être anonyme. Elle le relie à son passé et fait resurgir de douloureux souvenirs.
Il est temps pour lui d'en finir avec les secrets et de révéler à Carl Mørck et à son équipe d'où il vient et qui il est. Au risque d'entraîner le Département V dans l'oeil du cyclone.
Qui est Assad ? Victime 2117 est la réponse. Cette enquête est son histoire.

Commentaire :
Tout commence sur une plage chypriote : un bateau sur lequel se sont entassés des dizaines de migrants fuyant la misère ou la guerre a coulé et des corps viennent s’échouer sur la plage. Parmi les victimes, une femme surnommée « victime 2217 » fait la une des journaux. Mais cette victime n’est pas une inconnue pour Assad, le coéquipier de Carl. Elle s’appelait Lely Kababi, venait de Syrie et elle représente le passé d’Assad. Cette mort va l’obliger à dévoiler son passé qu’il taisait jusqu’ici et le remettre face à son pire ennemi, un irakien dénommé Ghaalib qui, 18 ans plus tôt, l’a arraché à sa femme enceinte et à ses deux filles. Depuis, Assad les a cherchées partout… en vain… Mais Ghaalib a lui aussi débarqué sur cette plage chypriote et il a l’intention de punir Assad mais aussi de punir l’occident. Son plan ? Commettre un attentat sanglant devant les yeux d’Assad. La cruauté de Ghaalib n’a d’égal que son machiavélisme car il manipule Assad en l’obligeant à le suivre jusqu’en Allemagne. Alors qu’Assad et Carl se rendent là-bas, Ghaalib affûte son plan. Pendant ce temps, Rose et Gordon du département V font face à un jeune détraqué qui menace de décapiter des inconnus…

Autant dire que ce nouveau roman de Jussi Adler-Olsen joue avec nos nerfs. Jusqu’à la dernière page, on se demande si ce détestable Ghaalib va réussir à perpétrer cet attentat et faire disparaître le coéquipier de Carl. Et on est au plus près d’Assad, pour la première fois il n’est plus ce policier qui aide Carl dans ses enquêtes. Le mystère qui l’entourait s’est dissipé, on comprend enfin pourquoi, de temps en temps, il disparaissait, avec qui il se disputait au téléphone. L’intrigue permet d’éclairer le parcours d’Assad, de le révéler en tant que soldat, mari, père, de le voir comme un homme brisé par la disparition de sa famille mais en même temps il ne cède pas et met tout son talent à pister Ghaalib. C’est éprouvant, très éprouvant même surtout quand on découvre les préparatifs de l’attentat, et le cynisme déployé pour que personne ne se rende compte trop tard qu’un attentat va être commis. Aussi, en regard de l’intensité de l’action principale, j’ai trouvé que l’histoire autour du jeune détraqué était plutôt fade. Est-ce pour faire réapparaître une  Rose en pleine forme que l’auteur a voulu installer l’intrigue secondaire ? En tout cas, je vous recommande ce nouvel opus qui évoque des thèmes d’actualité qui, malheureusement, ne sont pas prêts de disparaître.


Cendres dans le vent

Guerre de Sécession, Amour, ruse, meurtres, vol...

En 1863, la Nouvelle-Orléans est aux mains des Nordistes. Alaina, l'ardente beauté sudiste, vient y chercher refuge après le massacre de sa famille. Ses dix-sept ans lui permettent de se faire passer pour un jeune garçon et c'est sous les traits de "Al" qu'elle est sauvée par un médecin Yankee, Cole Latimer. Bien que tout la porte à le haïr, elle se sent troublée... Quant à lui, il ne voit en elle qu'un gamin frondeur. Puis une nuit, il a la révélation d'une créature de rêve, d'une inconnue, dont le corps est seulement vêtu de mystère... Mais leur histoire ne fait que commencer et bien des aventures les attendent encore...

Commentaire :
La relecture de « Shanna », autre roman de Kathleen Woodiwis, m’a donné envie de relire « Cendres dans le vent » (quel titre !) qui s’avère être la première romance que j’ai lue il y a plus de vingt ans. C’est l’ouvrage qui m’a fait regarder d’un autre œil les couvertures criardes (et hélas très souvent ringardes) de la collection Aventures et Passions chez J’ai Lu et qui m’a amené à lire de très nombreuses romances de valeur très inégale,  il faut bien le dire.  J’ai adoré cette relecture car elle m’a permis d’abord de constater à quel point les intrigues actuelles sont souvent fades, ancrées dans des périodes historiques dont on parle à peine et qui servent juste de prétexte à tel imbroglio ou rebondissements romanesque dans  lesquels se débattent des personnages mal construits.

« Cendres dans le vent » se déroule pendant la guerre de Sécession et l’auteure ne se contente pas d’en faire un simple décor d’arrière-plan. Au cours de l’intrigue et des événements qui sont vécus par Alaina, l’auteure fait souvent référence aux phases de cette guerre fratricide. Et ce fonds historique fait partie intégrante de l’intrigue qui se déroule en deux parties. La première voit s’opposer un homme et une femme : le Dr Cole Latimer est un médecin, nordiste convaincu, qui officie dans un hôpital de La Nouvelle Orléans ; la première fois qu’il voit Alaina, celle-ci étant déguisée en jeune garçon pour des raisons pratiques, il la prend pour un garçon et la fait embaucher comme garçon de salle à l’hôpital. Leurs relations sont difficiles, Alaina ne voit en lui qu’un ennemi, un de ceux qu’elle rend responsable de la mort de ses parents et de ses frères. Quant à Cole, il est souvent agacé par ce garçon qui met un point d’honneur à toujours le toiser ou l’injurier. Ce n’est que plus tard, voire trop tard qu’il comprendra enfin qu’elle est une jeune femme désirable. Cole et Alaina vivent toute une série d’événements tumultueux (guet-apens, sauvetage, meurtres, maison incendiée, mariage forcé pour Cole…) avant d’être séparé par le destin. Cole rentre chez lui dans le Minnesota tandis qu’Alaina reste à La Nouvelle Orléans.

La deuxième partie se déroule après la guerre, comme Alaina est toujours recherchée pour vol, ses amis parviennent à la convaincre d’épouser Cole Latimer et de se rendre dans la Minnesota. Leurs retrouvailles sont difficiles, trop d’orgueil de part et d’autre les empêchent de se parler vraiment. De plus, la mort de Roberta, première femme de Cole, pèse sur eux, alourdissant l’atmosphère pesante de cette maison trop grande et trop froide. Là encore, nous avons droit à de nombreux rebondissements (dont je vous épargne la liste, sinon j’en aurai pour des pages !) avant que les deux héros puissent enfin vivre tranquilles.

Ce roman fait plus de 700 pages mais le rythme ne faiblit pas ; les personnages sont bien dessinés et l’auteure prend le temps pour les installer dans l’histoire, pour qu’on s’intéresse à eux, à leur caractère. Si Alaina est parfois agaçante par son obstination à s’opposer à Cole Latimer, elle reste cependant émouvante et on comprend sa colère et sa douleur d’avoir perdu sa famille, de voir tout ce à quoi elle tient s’effondrer. Quant à Cole Latimer, ah, que dire ? C’est l’archétype du héros romanesque, toujours là quand il faut, courageux, honnête, amoureux, loyal et j’en passe. Ajoutez pour un peu piment, une garce et un méchant qui donnent du relief à l’histoire et vous avez une superbe romance.

Challenge Plumes féminines 2020
Challenge Pavés 2020 (751 p.)




Le mystère de Dungotty

Ecosse, disparition, mystère, conventions sociales, amour

Écosse, 1755

Farouche. Impétueuse. Audacieuse. Catriona n’est pas de celles qu’on peut discipliner. Pourtant, face à l’hostilité de sa famille, elle s’est résolue à déserter Kishorn Abbaye, cet îlot des Highlands qu’elle a dédié à l’accueil de femmes réprouvées, pour rejoindre la demeure de son oncle. Mais, en découvrant que Hamlin Graham, duc de Montrose, fait partie des convives qu’elle devra côtoyer à Dungotty, Catriona s’indigne. Cet homme, aussi fascinant que dangereux, n’est-il pas accusé de la disparition de son épouse ?

Commentaire :
« Le mystère de Dungotty » est le 5ème tome de la série « Les mariés écossais ». C’est une série que je lis depuis le début qui se déroule en Ecosse après la bataille de Culloden –sauf le tome 1- et évoque le destin de la famille MacKenzie. Dans ce tome, il s’agit de la fille Catriona, un personnage aperçue au cours des tomes précédents qui est l’héroïne de l’intrigue. Catriona est une belle femme de 33 ans, fougueuse, et toujours célibataire. Elle est celle qui a succédé à sa tante à la tête de Kishorn Abbaye depuis la mort de cette dernière. Mais le domaine est menacé par une décision du roi qui veut le confisquer en représailles (il aurait servi de refuge provisoire à quelques insurgés de Culloden). Catriona décide alors de se rendre auprès de son oncle, Lord Knox, qui connaît beaucoup de monde et qui pourrait éventuellement trouver une faille juridique pour sauver l’Abbaye. C’est en rejoignant son oncle que Catriona va faire connaissance avec un voisin fascinant, le duc de Montrose, qui traîne derrière lui une sombre réputation, celle d’avoir peut-être tué sa femme. Décidée à en savoir plus, Catriona va se débrouiller pour le rencontrer et va succomber rapidement à son charme. De son côté le duc est fasciné par cette cavalière émérite autant capable de maîtriser un cheval que de tirer à l’arc. Les deux jeunes gens deviennent vite amants, se retrouvent régulièrement aux abords d’un domaine en ruines. Mais l’ombre de la femme du duc plane.

Si l’intrigue est correctement menée avec son lot de péripéties et si j’ai pris plaisir à la lire, je dois dire que je suis restée sur ma faim. Je n’ai pas retrouvé l’intensité ressentie à la lecture du troisième tome. L’auteure cesse d’évoquer les difficultés de la famille MacKenzie et les conséquences de la bataille de Culloden pour écrire seulement, si je puis dire, une histoire d’amour classique. J’ai trouvé que les deux héros manquaient de profondeur, c’est un peu décevant quand on sait que l’auteure a été plus en verve avec les frères de Catriona. Le nœud du problème, c’est la fameuse femme disparue du duc de Montrose. C’est elle qui pourrait empêcher les deux amants de vivre ensemble. Alors si c’est elle, pourquoi est-elle aussi inconsistante ? Les personnages de méchants sont rarement crédibles dans les histoires de Julian London. Cela se confirme encore une fois. Un cinquième tome donc en deça des autres de la série.

Je remercie pour autant les Editions Harper Collins et Netgalley d’avoir pu lire ce roman.

Challenge Multi-défis 2020
Challenge Plumes féminines 2020