dimanche 24 novembre 2019

Une sorcière à la cour

Empoisonnements, complot, régicide, enquête, meurtres....

1678. Tandis que Louis XIV mène grand train à Saint-Germain et Versailles, Paris est frappé par les meurtres les plus abominables et la rumeur enfle : des empoisonneuses œuvrant pour le diable auraient infesté la ville.
Lorsque le scandale gagne la cour, le roi ordonne à La Reynie, lieutenant général de police, de démanteler les officines et de punir les sorcières. À mesure qu’il enquête, ce dernier comprend que le roi est victime d’un complot. Mais surtout, il découvre que derrière ces actes diaboliques se cache une plus grande violence encore, subie par les femmes. Maintenues toute leur vie sous l’autorité d’un père, d’un frère ou d’un mari, ont-elles d’autre choix que le crime pour conquérir leur liberté ?

Commentaire: 
Que voilà un excellent roman découvert par hasard! Je ne m'attendais pas à tant de talent: intrigue, rebondissements, personnages, style, tout m'a plu.
Mais revenons à l'histoire ou plutôt à l'Histoire: nous sommes en 1678 et le lieutenant général de la Police La Reynie, après avoir confondu et fait paraître devant ses juges la Marquise de Brinvilliers, est chargé par le roi  Louis XIV d'éradiquer toutes ces officines où on vend des potions abominables censées vous apporter l'amour ou tuer un mari ou une épouse encombrante, de se débarrasser des sorcières  qui sont nombreuses à pratiquer des sorts, à vendre des philtres à tous ceux et celles qui le demandent, y compris dans les hautes sphères de la cour.
La Reynie va découvrir que derrière ce monde de sorcières se cache un complot pour tuer le Roi. Mais le chemin pour arriver aux coupables est semé d'embûches car bien du monde a intérêt à ce que le lieutenant ne puisse rien trouver. A commencer par le roi lui-même car, parmi les dames de la haute société qui ont acheté des potions, se trouve sa maîtresse, la marquise de Montespan. Certes, le roi la délaisse de plus en plus mais il ne peut pas non plus permettre à La Reynie de l'arrêter, encore moins de l'interroger. Le scandale rejaillirait sur les enfants qu'il a eus d'elle, et sur lui. La Reynie va devoir user de subterfuges et compter sur le hasard ou ces mouchards pour mettre un terme au règne des sorcières et autres empoisonneuses, et surtout empêcher le pire des crimes, le régicide.
J'ai beaucoup aimé l'idée de mêler personnages de fiction et personnages historiques. La Reynie a vraiment existé, il est considéré même comme "le père de la police judiciaire", c'est lui qui parle tout au long du roman. Il se rend souvent auprès du roi Louis XIV pour lui rendre compte de son enquête. L'occasion pour l'auteur de décrire le roi lors d'un repas ordinaire ( ce qu'il mangeait me semble pantagruélique par contre!) ou lors de son réveil devant une petite cour qui le regarde pendant qu'on le lave et l'habille. Louis XIV est d'ailleurs un personnage important dans cette histoire car il intervient plusieurs fois avec La Reynie pour le presser sur cette affaire ou lui demander son avis. Les deux derniers chapitres sont plein de nostalgie: les deux hommes ont vieilli et l'on sent un roi fatigué et plein de regrets. Est-ce sa jeunesse qu'il pleure ou son ancienne maîtresse dont il vient d'apprendre la mort? 
Une sorcière à la cour" est un excellent roman historique et je vous le recommande vivement.


lundi 11 novembre 2019

Du poison dans la tête

Vengeance, violences faites aux femmes, perversion, manipulation, meurtre...

Le poison, c'est l'autre... Une femme, en plein hiver, se jette nue dans la Seine.  Un homme qui prend possession de ses victimes, les ruines, puis les oblige à se suicider.  Un colis qui arrive entre les mains de Magne, fait remonter à la surface une affaire de plus de 30 ans. 
Comment mener deux affaires de front, quand votre vie perso part en vrille ?

Commentaire :
J’ai découvert Jacques Saussey en participant comme jury au Prix Polar 2018 avec son roman « Ne prononcez jamais leurs noms » qui m’avait impressionnée. Depuis, j’ai lu deux autres livres du même auteur. Aussi quand ai-je vu ce roman sur Netgalley, ai-je demandé à le lire. Je ne le regrette pas même si, il faut bien le dire, j’ai trouvé ce roman en deça des autres.

Pourtant le sujet m’intéressait car Jacques Saussey évoque l’emprise de certains pervers narcissiques sur leur compagne et des ravages qu’ils peuvent provoquer. La sœur de Ludo, un des inspecteurs qui travaille avec Magne, s’est suicidée, après avoir vécu quelques mois aux côtés d’un type, toujours resté dans l’ombre, qui l’a manipulée et détruite. Il se fait aider par un autre inspecteur Fred, un geek capable de percer tous les secrets des gens sur Internet, pour retrouver cet homme et lui faire payer.

Parallèlement, Magne reçoit un colis étrange de la part d’un ami d’enfance qui l’amène à enquêter sur la mort d’une jeune fille, son premier amour d’ailleurs, violée et tuée par quelqu’un dont on n’a jamais trouvé la trace. Cette affaire personnelle va l’éloigner de sa compagne qui rencontre, de son côté, des ennuis en la personne d’une femme, revenue des ombres, et qui réclame son fils, Oscar, l’enfant adopté par les Magne.

Il y a donc trois intrigues développées dans ce roman et j’ai trouvé qu’il y en avait deux de trop. J’aurais préféré que Jacques Saussey se consacre exclusivement à l’affaire du pervers narcissique, sujet ô combien difficile,  d’autant que le personnage développé par l’auteur montrait bien tous les travers de ces hommes dont l’unique but est d’étouffer tout esprit d’indépendance chez leur femme/compagne. La manière d’ailleurs dont Fred et Ludo parviennent à coincer leur homme, m’a mise mal à l’aise. Doit-on être encore plus pervers qu’eux pour les neutraliser ? J’ai refermé le livre sans être convaincue par ce nouvel opus.

Je remercie en tout cas les Editions French Pulp et Netgalley de m’avoir permis de découvrir ce roman.