mardi 26 mai 2020

La ballade du serpent et de l'oiseau moqueur

Violence, guerre, apprentissage, meurtres, trahison...

C'est le matin de la Moisson qui doit ouvrir la dixième édition annuelle des Hunger Games. Au Capitole, Coriolanus Snow, dix-huit ans, se prépare à devenir pour la première fois mentor aux Jeux. L'avenir de la maison Snow, qui a connu des jours meilleurs, est désormais suspendu aux maigres chances de Coriolanus. Il devra faire preuve de charme, d'astuce et d'inventivité pour faire gagner sa candidate.
Mais le sort s'acharne. Honte suprême, on lui a confié le plus misérable des tributs : une fille du district Douze. Leurs destins sont désormais liés. Chaque décision peut les conduire à la réussite ou à l'échec, au triomphe ou à la ruine.
Dans l'arène, ce sera un combat à mort.
Pour assouvir son ambition, Coriolanus parviendra-t-il à réprimer l'affection grandissante qu'il ressent pour sa candidate, condamnée d'avance ?


Commentaire:

J’ai dévoré la trilogie des Hunger Games, aussi quand j’ai su que Suzanne Collins allait écrire un roman se passant 64 ans avant l’histoire de Katniss et que, de plus, elle allait s’attarder sur le tyran Snow, je me suis demandé si j’allais le lire. Quel intérêt, me suis-je dit, de raconter la jeunesse de Coriolanus Snow ? La possibilité qu’il devienne un personnage sympathique, qu’il développe de notre part une certaine empathie me semblait facile. Suzanne Collins évite cet écueil de justesse, grâce notamment à la deuxième partie du roman et à la fin.

Mais revenons un peu sur l’intrigue : nous faisons connaissance avec un jeune Coriolanus de 18 ans, vivant chichement avec sa cousine et sa grand-mère en voie de devenir sénile dans un appartement qui, s’il a beau être situé au cœur de Panem, n’en est pas moins décrépit et en ruines à l’image de la fortune des Snow. Mais Coriolanus sait que l’apparence est vitale et, ainsi, il parvient à cacher la misère dans laquelle il vit. Ce qui lui importe c’est de réussir, et la réussite passe par les 10ème Jeux des Hunger Games. Pour ceux et celles qui ont lu la trilogie et qui se souviennent de la médiatisation à outrance et de l’encadrement totalitaire des Jeux, on est surpris au début quand on lit dans quelles conditions misérables sont sélectionnés les tributs, puis parqués dans un zoo avant d’être lâchés dans un amphithéâtre en ruines. On a l’impression d’assister à des Jeux de seconde zone. Mais en fait, cela fait à peine 10 ans que la guerre est finie et que chacun lèche ses plaies, et le gouvernement de Panem n’a pas les moyens d’offrir du spectacle. Ces Jeux vont tout changer car il a été décidé que les tributs seraient conseillés par des jeunes lycéens, c’est ainsi que Coriolanus se retrouve en charge d’une fille du district 12 Lucy Gray. Au cours de cette dixième session, non seulement Coriolanus va tout faire pour que sa candidate gagne, mais il va faire la connaissance d’une scientifique- l’horrible Dr Gaul- qui va l’amener à réfléchir sur une meilleure organisation des Jeux pour que ceux-ci deviennent à la fois un divertissement et une épée de Damoclès pour les participants et les districts dont ils font partie. 

Je ne vous dirai pas si Lucy Gray gagne et ce qui arrive ensuite à Coriolanus mais on peut voir ce roman comme un apprentissage pour le futur président Snow. Sous nos yeux, il se débarrasse de tous ces sentiments qui étouffent l’ambition et la dernière page nous le révèle dans son costume de tyran en devenir. A découvrir !

Challenge Multi-défis Babelio 2020
Challenge Pavés Babelio 2020
Challenge Plumes féminines Babelio 2020

vendredi 22 mai 2020

Des gens d'importance


Meurtre, vengeance, misère sociale, anarchisme...


New York, 1910. Jane Prescott, femme de chambre, jouit d'une réputation exemplaire, et d'un esprit affuté qui lui permet de voir bien au-delà du mode de vie mondain et fastueux des riches parvenus chez qui elle sert. Jane est ainsi la première à comprendre ce que les fiançailles de sa jeune maîtresse avec le très en vue Norrie Newsome, déjà promis à une autre, ont de scandaleux. Et quand ce dernier est retrouvé mort, elle est aussi la mieux placée pour trouver qui avait intérêt à le voir disparaître. Dans un contexte social incandescent, le coupable est à chercher aussi bien dans les milieux anarchistes que les demeures bourgeoises. Car Jane sait que, autant dans la bonne société que dans les entrailles abandonnées de la ville, la haine et la violence couvent sous la surface, et peuvent éclater à tout moment...

Commentaire :

J’aime beaucoup les romans policiers qui se déroulent dans des milieux sociaux favorisés, à une époque où la police a du mal à se faire respecter ou à être considérée comme un organe de justice indépendant. Je pense aux romans d’Anne Perry (la série des époux Pitt ), d’Ann Granger (la série des époux Ross !) et voilà que je découvre Mariah Fredericks avec cette série où une femme de chambre nommée Jane Prescott mène des enquêtes.

Dans ce premier opus, on fait connaissance avec Jane qui est au service de la famille richissime Bentley. Elle travaille pour Charlotte, la cadette, mais s’occupe aussi de l’aînée Louise, plus terne et plus timide. Le soir où les fiançailles de Charlotte doivent être annoncées, Jane retrouve le corps de Norrie Newsome –le fiancé- dans la bibliothèque, le visage mutilé. Qui a pu assassiner ce jeune homme ? Tout le monde est persuadé que c’est une vengeance de la part d’anarchistes, décidés à faire payer au père la mort d’une centaine de mineurs, abandonnés à leur sort pour des raisons économiques. Et la police de mettre la main sur un étranger, parlant à peine l’anglais mais anarchiste. Jane n’y croit pas  et continue à chercher la vérité en compagnie d’un journaliste.

Si l’enquête en elle-même ne m’a pas passionnée, j’ai bien aimé en revanche la vie de Jane, le regard porté sur les milieux sociaux plus modestes, sur ces domestiques travaillant dans l’ombre, au courant des mille secrets de leurs patron (nes), sur ces ouvrières du textile enfermées dans des ateliers surpeuplés à la merci d’un accident ou d’un incendie (lire les dernières pages du roman), sur ces petites gens que les nantis ignorent et considèrent comme des moins que rien. Ce sont ces aspects du roman qui en font le charme.

jeudi 21 mai 2020

Celui qui m'embrasa

Veuvage, succession, enfant, dissimulation, amour...

Londres, 1872

Selena, jeune veuve et duchesse de Lushing, n’avait jamais connu la passion. Jusqu’à ce qu’Aiden Trewlove l’embrasse avec fougue dans l’un des boudoirs de l’Elysium club – le palais de tous les désirs dont il est tenancier – avant de la congédier sans appel en lui enjoignant d’être plus sincère. Comme si, par ce contact charnel, il avait lu en elle la terrible machination dont il était l’objet...

Commentaire:

C’est le 4ème tome de la série « La saison du péché » et je remercie les Editions Harper Collins et Netgalley de m’avoir permis de le lire.


 Ce 4ème tome met en avant un des « frères » Trelowe ; ils n’ont aucun véritable  lien de sang, ce qui les rassemble c’est qu’ils sont tous illégitimes, nés d’amours illicites et abandonnés peu après à une même nourrice qui a pris soin d’eux. Aiden a grandi comme les autres garçons avec la conscience de n’être qu’un bâtard et une soif de montrer à la société qu’il peut s’en sortir. Il a donc ouvert une salle de jeux pour les nantis puis une autre entièrement consacrée aux femmes qui peuvent venir dans l’anonymat jouer, danser, etc… Un soir Aiden remarque une mystérieuse inconnue masquée qui lui fait une proposition surprenante : qu’il couche avec elle et lui fasse un enfant.

Alors certes je l’admets, le début de l’intrigue m’a fait craindre une suite de scènes avec draps froissés et soupirs d’extase mais en fait non. L’auteure a eu l’intelligence d’opposer à ce bel homme sympathique, une jeune veuve tout aussi sympathique, sensible et vite tiraillée entre la nécessité de porter un enfant qu’elle pourrait présenter comme celui de son mari qui vient de mourir et qui lui permettrait de garder le duché et les biens qui vont avec et l’amour qu’elle éprouve rapidement pour Aiden.  Et bien que,  selon la loi, le duché et les biens reviendraient à la Couronne et  que Selena n’aurait plus que ses yeux pour pleurer et faire vivre ses trois sœurs célibataires, elle ressent de plus en plus de scrupules à, ainsi, tricher avec la loi. Je vous laisse deviner la fin, nous sommes dans une romance. En tout cas, c’est une lecture agréable, une intrigue douce-amère qui nous est proposée et j’ai bien aimé.



samedi 9 mai 2020

Un pique-nique presque parfait


Meurtre, enquête, pornographie, chantage, étudiants...

Été 1960. Après une fête de fin d’année organisée par les étudiants de St Bede’s College sur les berges d’une rivière, le corps d’un certain Derek Chadworth est retrouvé flottant dans les eaux de Port Meadow. Et si tous les jeunes gens présents sur les lieux affirment que la mort de Derek est accidentelle, aucun d’entre eux ne peut attester avoir bel et bien aperçu l’étudiant à la fête. Confronté à des témoignages vagues qu’il juge peu crédibles, le Dr Clement Ryder décide d’ouvrir une enquête, assisté de la jeune policière Trudy Loveday, qui entreprend de se faire passer pour une étudiante de St Bede’s College. Trudy arrivera-t-elle à gagner la confiance des élèves et percer le mystère qui entoure la mort du jeune homme le plus populaire de l’université ? Car une chose est sûre : Derek Chadworth n’était pas un étudiant comme les autres…



Commentaire:
C’est le deuxième tome des enquêtes du Coroner Ryder et de la jeune policière stagiaire Trudy Loveday et c’est toujours aussi bien ! L’intrigue se déroule durant l’été 1960 et par une belle journée, lors d’un pique-nique organisé par des étudiants et étudiantes d’Oxford, on retrouve un jeune homme noyé. Accident dit-on partout, le malheureux a dû se noyer au moment où deux barques pleines d’étudiants ont chaviré ! Mais le coroner Ryder n’y croit pas. Et il charge alors Trudy d’aller fouiner auprès des étudiants pour en savoir un peu plus sur le mort. L’occasion pour elle de sortir du rang dans lequel son supérieur voudrait qu’elle reste, l’occasion de découvrir que certains étudiants sont des êtres puants surtout quand ils appartiennent à l’aristocratie.


Une deuxième enquête efficace et qui nous fait découvrir cachotteries, manipulation et malversation dans le petit monde lettré d’Oxford. Le roman permet aussi d’affiner les relations entre Trudy et Ryder : ce dernier apprécie de plus en plus l’intelligence et la vivacité de Trudy ; quant à elle, elle comprend la chance qu’il lui donne de pouvoir accéder à des enquêtes et  de prouver ses qualités, ce qui lui est refusé par son supérieur direct, bien trop sexiste à mon goût. 

Challenge Multi-défis 2020

Entre deux mondes


Réfugiés, violence, désespoir, Jungle de Calais, mort...

Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l'attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir. Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu'il découvre, en revanche, c'est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n'ose mettre les pieds. Un assassin va profiter de cette situation. Dès le premier crime, Adam décide d'intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est flic, et que face à l'espoir qui s'amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou. Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu'elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d'ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger

Commentaire:

Je ne connaissais pas Olivier Norek. J’avais bien vu ses romans sur les rayons des librairies que je fréquente, lu des commentaires élogieux… J’ignorais que la lecture de ce roman me bouleverserait autant, j’ai bien cru, un moment que j’allais en arrêter la lecture, non pas que l’intrigue ne me plaisait pas mais je trouvais insupportable certaines scènes.

Que dire sur cette histoire ? Ce n’est pas une enquête policière à mes yeux, c’est un réquisitoire contre la violence faite aux migrants qui tentent par tous les moyens de trouver un endroit où ils pourront vivre dignement sans devoir craindre qu’on les arrête pour leurs croyances, leurs idées, leurs choix de vie. Ces migrant qui nous font peur, qu’on voit parfois à la télé, tenter de traverser une frontière, une mer, ils n’ont pas visages, pas de noms, juste des ombres. Mais là d’où ils viennent, ils ont une identité, un métier, une vie. Adam est de ceux-là, en voulant fuir la Syrie, il a pris des risques énormes, il a fait partir ses deux amours avant lui, sa femme et sa fille, qu’il doit rejoindre là-bas dans la Jungle de Calais… Cet homme si intègre, si fort, si courageux va découvrir un monde qui échappe à toute loi, un monde dans lequel les forces de police française n’entrent pas, un monde dirigé par des hommes cruels qui écrasent les plus faibles. Pourtant Adam résiste, il s’attache à un orphelin, fait connaissance avec un policier humain, chercher à retrouver sa femme et sa fille, lutte enfin contre la folie qui peu à peu s’empare de lui… Adam incarne ce roman coup de poing, on le finit avec des larmes dans les yeux. A découvrir pour ceux qui ne l’ont pas encore lu !


Challenge Multi-défis 2020



L'héritage maudit


Meurtres, enquête, fantôme, passé...

Une vieille bâtisse délabrée à l'abandon sur les rives du Mississippi.
Alentour, une brume opaque s'accroche aux arbres. Au loin, des ombres menaçantes, et le grondement du tonnerre... A peine arrivé à La Nouvelle-Orléans, dans la plantation dont il est l'un des héritiers, le détective privé Aidan Flynn découvre des ossements humains. Des crimes récents, selon Aidan. Rien qui nécessite une enquête, selon la police. Décidé néanmoins à percer ce mystère, Aidan se résout à faire appel à Kendall Montgomery, une jeune femme qui a vécu dans la demeure auprès de sa grand-tante et affirme être en contact avec les fantômes qui hanteraient la propriété...
Bien que sceptique face à ce qu'il attribue d'abord à l'imagination de la jeune femme, Aidan finit par admettre qu'il n'a pas seulement hérité d'une propriété au charme étrange, mais également d'un sombre secret de famille, enfoui depuis plusieurs générations. Grâce aux visions de Kendall, Aidan va peu à peu lever le voile sur un mystère qui fait resurgir les fantômes de la famille Flynn... et se délivrer de la fatalité de cet héritage maudit.

Commentaire:

Heather Graham est une auteure de romances aussi bien historiques que contemporaines. Pour avoir lu d’autres romans d’elles, elle aime placer ses histoires en Floride et plus particulièrement pendant la guerre de Sécession. Ce roman qui vient d’être réédité se déroule à la Nouvelle-Orléans et a pour cadre une plantation décatie dont la dernière propriétaire vient de mourir. Elle revient en héritage à trois frères-Les Flyn- qui décident de la rénover. Mais avant, l’aîné, Aidan Flyn, veut se débarrasser d’une impression étrange : quelque chose d’horrible s’est passé dans cette plantation. Il en est sûr, surtout quand il découvre des os humains, des traces de sang séché. Persuadé qu’il a raison, il va mener son enquête avec l’aide de Kendall Montgomery, cette jeune femme était une amie de l’ancienne propriétaire. Et Kendall aussi ressent cette atmosphère pesante quand elle s’approche de la plantation.


Un peu de mystère, de surnaturel, un tueur dans l’ombre, des jeunes femmes disparues et des fantômes. Voilà de quoi est composé ce roman qui se lit agréablement. Ce n’est pas un chef d’œuvre mais on se laisse prendre par cette atmosphère de meurtre et de vaudou.

Je remercie les Editions Harlequin et Netgalley de m’avoir permis de lire ce roman.