lundi 30 avril 2018

Unité d'élite


En devenant un humain augmenté, Talon Valdez savait que sa vie et ses rêves étaient terminés. Détestés, traités avec suspicion et souvent enfermés, les augmentés étaient perçus comme des monstres. Ils étaient méprisés par le public et on ne leur faisait jamais confiance pour servir dans l'armée ou dans n'importe quel autre organisme des forces de l'ordre. Des années plus tard, Talon a l'opportunité de monter une unité d'élite composée d'humains augmentés qui sera mise au service du FBI, mais sous une condition non négociable : chaque augmenté devra faire équipe avec un humain ordinaire. Finn Mayer rêve de rejoindre le FBI depuis qu'il a quatorze ans. Il a fait tous les sacrifices possibles pour y arriver, y compris vivre avec sa mère égoïste et son frère homophobe et tyrannique, et renoncer à avoir un petit ami. Mais sa dyslexie non diagnostiquée a coupé court à ses aspirations. Sa dernière chance est de faire équipe avec Talon, un augmenté aux capacités létales qui ne fait pas confiance aux humains ordinaires pour garder les secrets de ses semblables et qui veut voir Finn échouer. Finn dispose de quatre semaines pour se montrer à la hauteur aux yeux de ses coéquipiers. L'équipe a quatre semaines pour faire ses preuves auprès du public. Et quand un autre groupe menace leur succès ? Et que leur vie sont mises en danger ? Ils ont quatre semaines pour survivre.




Commentaire:


Cette histoire d’augmentés m’a fait penser aux X men, ce qui explique un peu pourquoi je me suis laissée tenter par ce roman. Mais cette impression surnaturelle s’estompe assez vite je trouve pour laisser place à une intrigue mêlant actions, testostérone et quelques passages intimes (je trouve qu’il n’y en a pas beaucoup d’ailleurs). Comme c’est le premier tome d’une série, l’auteur a dû jongler entre nous présenter le contexte : une société qui a vu apparaître dans les années 70 un phénomène nouveau, tout d’un coup des humains ont vu leurs capacités physiques multipliées après l’apparition d’une cicatrice violette sous l’œil. Que faire d’eux ? Doit-on les considérer comme une menace ? ensuite,  les personnages récurrents qui auront certainement ensuite leur propre histoire : nous faisons connaissance avec Talon, Sawyer, Gaël, Vance et Eli, tous des augmentés qui rêvent de mettre leurs pouvoirs au service du FBI. Mais comme la société n’est pas prête à les accepter dans ce type de rôle, car les préjugés contre eux sont puissants, il faut trouver une solution. Et la solution s’appelle Finn, un humain sans pouvoir, dyslexique, aux résultats moyens mais à l’esprit aiguisé, courageux et fiable. Il doit travailler comme coéquipier de Talon et prouver que leur paire fonctionne. Si cela marche, alors d’autres augmentés, comprenez Sawyer, Gaël and co, pourront à leur tour bosser en binôme avec un humain ordinaire. Or Talon n’y croit pas et dès que Finn se présente, il cherche surtout à le faire échouer, ce qui est d’autant plus difficile qu’il est tout de suite attiré par lui. D’ailleurs, je le comprends, j’ai beaucoup aimé Finn. C’est le personnage le mieux construit de l’histoire : il est attendrissant sans être pour autant niais. Plein de bonne volonté et tenace ; courageux sans être téméraire et surtout prêt à aimer sans conditions Talon qui, de son côté, tergiverse beaucoup, un peu trop même.  Nous avons donc un début de série sympathique, reste à confirmer cette impression par la suite.
Je remercie les éditions MxM Bookmark et Netgalley de m’avoir permis de découvrir cette auteure.

Rendez-vous à Belinay


La mort s'invite à l'ombre du Plomb du Cantal. Depuis le suicide de son père, le député du Cantal Edouard Cantelauze, Juliette, jeune antiquaire, vit avec sa soeur et son frère adolescents dans la maison familiale de Belinay auprès de sa grand-mère, Cornelia. Cinq ans ont passé mais les blessures restent vives. La mère de Juliette est partie vivre à Paris avec l'aînée des enfants, Sonia, qui ne pardonne pas à son père de s'être empoisonné le jour même de la réception donnée pour ses vingt ans. Faute d'une lettre d'explication, tout le monde est persuadé qu'Edouard Cantelauze cachait une profonde dépression. Lorsque Juliette découvre une lettre qui remet tout en cause... Pour en avoir le coeur net, la jeune fille s'emploie alors à réunir toutes les personnes présentes le jour du drame. Lors du réveillon de Noël, tandis que les éléments se déchaînent coupant Belinay du reste du monde, les passions les plus enfouies et les plus criminelles vont se dévoiler...



Commentaire:

J’ai été attirée par le résumé de ce livre pour deux raisons : j’aime les secrets de famille et l’action se passe en Auvergne. Un policier terroir, me suis-je, cela va me changer de tous les romans nordiques ou américains. J’avoue que si j’ai bien aimé le paysage dans lequel se passe cette intrigue, un paysage rustre et encore sauvage, j’ai trouvé que l’histoire peinait à démarrer. Tout part d’une lettre d’Edouard Cantelauze retrouvée par sa fille Juliette, trois ans après son suicide. A la lecture de la déclaration d’amour à une autre femme que la sienne, Juliette se persuade avec sa grand-mère que son père a été assassiné forcément par un membre de la famille ou par un des invités présents le jour du décès. Comme Noël approche, la grand-mère, matriarche autoritaire, décide de rassembler sous son toit tous ceux qui étaient là le jour du drame. J’ai cru ainsi que nous aurions un huis-clos : une quinzaine de personnes coincées dans une maison alors que, dehors, la neige et le vent empêchant la moindre sortie avec une ambiance Agatha Christie. Un dix petits nègres français, en quelque sorte. Mais en fait, pas du tout, l’auteur met du temps avant d’arriver à cette fameuse fête, puis quand la grand-mère fait son annonce tonitruante, celle-ci fait un flop à cause d’une coupure de courant et du départ précipité de quelques convives qui habitent non loin de la maison des Cantelauze. Le lecteur se retrouve frustré et se demande où est Hercule Poirot !  De même, j’ai trouvé que la résolution de cette affaire était rapide et un peu trop invraisemblable. Reste un beau roman de caractère : Sylvie Baron décrit avec art une famille dysfonctionnelle, une grand-mère autoritaire, une mère incapable d’aimer, une fille aînée bien trop envahissante et sûre de son charme, une Juliette bien trop effacée, la dernière des filles en pleine souffrance adolescente et un frère perdu dans son univers de jeux vidéos. L’adage « on choisit ses amis mais pas sa famille » s’avère une fois de plus vrai.

Je remercie les éditions Calmann-Lévy et Netgalley de m’avoir permis de découvrir ce roman.

dimanche 22 avril 2018

le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates


Janvier 1946. Londres se relève douloureusement des drames de la Seconde Guerre mondiale et Juliet, jeune écrivaine anglaise, est à la recherche du sujet de son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d'un inconnu, un natif de l'île de Guernesey, va le lui fournir? Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre son monde et celui de ses amis - un monde insoupçonné, délicieusement excentrique. Celui d'un club de lecture créé pendant la guerre pour échapper aux foudres d'une patrouille allemande un soir où, bravant le couvre-feu, ses membres venaient de déguster un cochon grillé (et une tourte aux épluchures de patates...) délices bien évidemment strictement prohibés par l'occupant.
Jamais à court d'imagination, le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates déborde de charme, de drôlerie, de tendresse, d'humanité Juliet est conquise. Peu à peu, elle élargit sa correspondance avec plusieurs membres du Cercle et même d'autres habitants de Guernesey , découvrant l'histoire de l'île, les goûts (littéraires et autres) de chacun, l'impact de l'Occupation allemande sur leurs vies...
Jusqu'au jour où elle comprend qu'elle tient avec le Cercle le sujet de son prochain roman. Alors elle répond à l'invitation chaleureuse de ses nouveaux amis et se rend à Guernesey. Ce qu'elle va trouver là-bas changera sa vie à jamais.



Commentaire:


J’ai passé un excellent moment avec ce roman  que j’ai lu d’une seule traite. Tout m’a plu, le genre d’abord car l’intrigue nous est révélée à travers des nombreuses lettres que s’échangent les protagonistes, l’histoire en elle-même, tous les personnages,  le contexte historique, le lieu géographique et enfin l’écriture pleine d’humour, de légèreté et de gravité en même temps. L’histoire a lieu en 1946 et met en scène une jeune anglaise, qui s’est rendue célèbre en écrivant tous les jours pendant la guerre une chronique, qui vient de paraître sous le nom « Izzy Bickerstaff s’en va-t-en guerre ». Elle est à la recherche d’une nouvelle idée de roman quand elle est contactée par un certain Dawsey, habitant de Guernesey, qui va lui permettre de correspondre avec les membres du Cercle des amateurs de littérature et de tourte aux épluchures de patates de Guernesey. Amusée puis intriguée, Juliet apprend peu à peu de ces correspondants particuliers quelle a été la vie difficile des habitants de l’île pendant la guerre. Peu à peu se dessine une occupation allemande stricte, des habitants de plus en plus affamés, complètement isolés du reste du monde pendant cinq ans et le portrait d’une jeune femme Elizabeth McKenna, vibrante de vie et d’enthousiasme, toujours prête à aider les plus démunis, scandaleuse pour certains, héroïque pour d’autres et dont on attend le retour car elle a été arrêtée et déportée pour avoir soigné un des travailleurs réquisitionnés par les allemands. Juliet décide alors de se rendre à Guernesey pour rencontrer les membres du Cercle et écrire un roman. Les lettres qu’elle échange avec son éditeur montrent que le charme de l’île, de ses habitants et d’un certain habitant vont contribuer à lui redonner goût à la vie. Je vous conseille ce voyage à Guernesey, vous en repartirez le sourire aux lèvres.

Si vous recevez cette lettre


Londres, fin 1940. La Luftwaffe bombarde sans répit la capitale de la Grande-Bretagne. C’est le Blitz. Frankie Bard, correspondante d’une radio américaine, tente de sensibiliser ses compatriotes au conflit. Dans un petit village du cap Cod, deux femmes écoutent les récits poignants de la reporter : Iris James, la receveuse des postes, et Emma Fitch, qui attend des nouvelles de son mari médecin, parti soigner les victimes des bombardements. Entre le continent épargné et celui que la guerre déchire, les destins de ces trois femmes s'entremêlent. Ils se lient au sort des populations pilonnées par la Luftwaffe, à celui des Juifs qui sillonnent les routes en quête d'un improbable refuge, à celui des hommes qu'elles aiment.


Commentaire:

J’ai voulu lire ce livre car j’en avais entendu parler avec beaucoup de bien. Mais au fur et à mesure de ma lecture, je me suis rendue compte que je ne comprenais pas l’engouement qu’il a pu susciter. Sans doute parce qu’au fond, je n’ai pas saisi le message du roman, si autant qu’il y en ait un. Que faut-il comprendre de cette histoire : que la vie est une loterie ? Que notre destin est lié aux hasards ? Je n’ai pas trouvé de réponses. Conséquences, l’intrigue m’a semblé longue ; les personnages m’ont agacée, la première étant Frankie Bard. Elle est correspondante d’une radio américaine et tous les jours, racontent la guerre et ses horreurs. Un jour, après un bombardement intense, elle apprend que sa colocataire est morte. Et comme celle-ci s’inquiétait du sort des Juifs en Europe, qu’à cela ne tienne, elle part aussitôt en Europe et sillonne les routes (ou plutôt les trains) à la recherche de réfugiés fuyant le nazisme pour les interroger avec un énorme magnétophone portatif. Au-delà du fait qu’en 1941 ce type d’appareil n’est pas encore au point (ce que reconnaît son auteur) comment croire que des hommes, des femmes terrorisés à l’idée d’être arrêtés par les allemands, qui ont tout quitté pour trouver un endroit sûr, acceptent de parler à une femme se déclarant journaliste et lui disent haut et fort, devant des témoins, qu’ils sont juifs ?! Comment croire qu’elle puisse circuler à bord de trains avec son magnétophone transporté dans une caisse  sans qu’un officier ou un soldat allemand ne l’arrête ou au moins ne l’interroge ?  Et que fait-elle de ces témoignages ? Rien. J’avoue qu’à ce stade, j’ai cessé de m’intéresser au sens de ce roman pour l’achever au plus vite. 

jeudi 19 avril 2018

Pyromane

À Varsovie, au cœur d'un hiver glacial, l'inspecteur Mortka est appelé un samedi matin aux aurores sur les lieux d'un incendie criminel. Dans les ruines fumantes d'une villa d'un quartier chic, on découvre le corps de Jan Kameron, un businessman qui a connu des revers de fortune. Sa femme Klaudia, une ex-star éphémère de la chanson, lutte pour sa vie à l'hôpital. 
Mortka espère d'abord qu'il s'agisse d'un règlement de comptes lié aux affaires pas toujours limpides de Kameron. Mais bien vite, il lui faut se rendre à l'évidence : un pyromane sévit dans les rues de la capitale, balançant des cocktails Molotovs par les cheminées et semant la mort sur son passage... Il faudra toute la ténacité de Mortka, déjà fragilisé par son divorce récent et épuisé par les fiestas de ses colocs étudiants, pour mener à bien une enquête où les fausses pistes abondent. Sans compter le harcèlement de sa hiérarchie qui lui colle une profileuse dans les pattes, et le comportement suspect de son adjoint porté sur la boisson...



Commentaire:

J'ai lu ce roman policier dans le cadre du Prix Polar organisé par le Livre de Poche et si je n'ai pas été enthousiasmée, j'ai bien apprécié ce policier venu de l'Est. L'action se déroule en Pologne, à Varsovie et met en scène un inspecteur de police Jakub Mortka excellent dans son métier. C'est un homme coriace, intuitif et qui vit 24h sur 24h son métier. D'ailleurs sa femme l'a bien compris, elle qui a demandé le divorce. Depuis, Mortka vit dans un appartement minable, en colocation avec deux étudiants Agnieszka et Piotr. Colocation difficile car le dénommé Piotr est plus un noceur qu'un étudiant. C'est l'hiver et alors que la température oscille entre -15 et -20 la nuit, un pyromane met le feu à des maisons. D'après la profileuse qui suit l'enquête, un pyromane cherche à brûler, pas à tuer des gens. Malheureusement, dans le cas de ce pyromane, il laisse des cadavres derrière lui. Bientôt Mortka a sur le dos sa hiérarchie mais aussi un redoutable parrain de la pègre polonaise car parmi les morts figurent ses neveux. Et pour l'aider, un jeunot et un adjoint qui tête un peu trop de la bouteille. 
C'est un roman qui a des qualités : l'intrigue se complexifie au fur et à mesure des pages sans que cela soit invraisemblable, le personnage principal est bien campé, un flic opiniâtre, honnête et épris de justice. le rythme par contre est un peu lent, il faut du temps pour que tous les éléments de l'intriguent s'installent et éveillent notre intérêt et le choix d'un pyromane comme « méchant » peut au départ surprendre. Il faut attendre la fin pour comprendre. Un roman à découvrir, un auteur aussi qui a fait paraître ce mois-ci une deuxième enquête de l'inspecteur Jakub Mortka 

Le lilas ne refleurit qu'après un hiver rigoureux

À New York, Caroline Ferriday travaille au consulat français. Mais lorsque les armées hitlériennes envahissent la Pologne en septembre 1939, c'est tout son quotidien qui va être bouleversé.
De l'autre côté de l'océan, Kasia Kuzmerick, une adolescente polonaise, renonce à son enfance pour rejoindre la Résistance. Mais la moindre erreur peut être fatale.
Quant à l'ambitieuse Herta Oberheuser, médecin allemand, la proposition que lui fait le gouvernement SS va lui permettre de montrer enfin toutes ses capacités. Mais une fois embauchée, elle va se retrouver sous la domination des hommes...
Les vies de ces trois femmes seront liées à jamais lorsque Kasia est envoyée à Ravensbrück, le tristement célèbre camp de concentration pour femmes. À travers les continents, de New York à Paris, de l'Allemagne à la Pologne, Caroline et Kasia vont tout tenter pour que l'Histoire n'oublie jamais les atrocités commises.



Commentaire:

J'avais entendu parler de ce roman depuis un certain temps, aussi quand j'ai eu l'occasion de le lire, j'ai sauté dessus. Je ne regrette pas de l'avoir lu, je l'ai bien aimé d'ailleurs dans son ensemble. L'auteur explique qu'elle a écrit ce roman pour évoquer d'abord une femme qui a vraiment vécu Caroline Ferriday, qui a permis, entre autres, à des polonaises, rescapées de Ravensbrück, soumises à des expérimentations répugnantes qui les ont laissées mutilées, de pouvoir venir aux Etats-Unis pour être soignées. Caroline Ferriday est donc au centre de ce roman qui couvre une période de 19 ans (entre 1939 et 1958) : au début du roman, elle travaille bénévolement au consulat de France. Ce n'est qu'après la guerre que son rôle devient primordial avec la campagne qu'elle met en place pour les déportées polonaises. Parallèlement, on suit en même temps le destin de Kasia une jeune polonaise, résistante, déportée à Ravensbrück avec sa mère et sa soeur et qui vont être victime des expérimentations commises entre autres par une femme médecin appelée Herta Oberheuser, autre personnage important de l'intrigue.

Le contexte historique est solide plus particulièrement tout ce qui est lié à Ravensbrück et on frémit d'horreur quand on lit les chapitres au Revier –« l'infirmerie » du camp. Je dois dire que le personnage de Herta Oberhauser est remarquablement bien construit. Cette jeune allemande veut pratiquer la médecine mais dans une Allemagne nazie qui considère que les femmes ne sont utiles qu'au foyer, elle ne trouve pas de poste intéressant. Sa seule opportunité sera Ravensbrück et si, en arrivant, choquée par ce qu'elle voit, elle se dit qu'elle ne peut pas rester, elle s'adapte très vite, hélas, et devient un monstre d'inhumanité. Et le plus consternant, c'est qu'elle considère qu'elle a fait son devoir. Face à elle, se trouve le personnage que j'ai le plus apprécié c'est Kasia, la jeune polonaise. Son courage, sa force, sa volonté de traverser l'enfer et ensuite de reprendre une vie normale dans une Pologne dévastée et bientôt sous la coupe des communistes, sont impressionnants. Aussi face à ces deux femmes, Caroline Ferriday est bien fade, je l'ai trouvée trop mondaine et superficielle, son statut social lui permet d'aller de réception en réception, de rencontrer les gens qui comptent, certes pour la bonne cause –le cas des polonaises déportées entre autres- mais j'ai eu du mal à avoir de la sympathie pour elle. En plus, sans doute pour équilibrer son intrigue et éviter que Caroline n'intervienne trop tard dans le déroulement des événements, l'auteur lui a inventé une histoire d'amour invraisemblable avec un français pendant la guerre, un Louis Jourdan qui passe son temps à la mener en bateau. Cela n'apporte rien au roman, ni à Caroline dont on ne comprend l'importance que tardivement. le lilas ne refleurit qu'après un hiver rigoureux est un bon roman historique que je vous recommande.

mardi 17 avril 2018

L'enfant et le dictateur

" Si vous ne pouvez pas vous occuper de vos enfants, l'État s'en chargera. " La devise du régime de Ceausescu a envoyé des milliers d'enfants dans des mouroirs. Marion était l'un d'eux.
1989. En pleine révolution roumaine, les télévisions du monde entier révèlent la face la plus noire de l'univers concentrationnaire du régime communiste de Nicolae Ceausescu. Un choc. Devant les caméras, des enfants se balancent, hagards, derrière les barreaux de leurs lits crasseux. Les plus malades sont aux portes de la mort.
Marion est née de cette dictature. Abandonnée par sa mère alors qu'elle n'a pas encore un an, elle est placée dans un orphelinat de Ceausescu. Car le dictateur interdit l'avortement, réprime la contraception et force les naissances. Son but : peupler son pays au forceps d'une politique nataliste redoutable dont la formule " Si vous ne pouvez pas vous occuper de vos enfants, l'État s'en chargera " en dit long sur ses intentions.
Cette histoire est celle de Marion. Une quête d'identité, une recherche de soi après une enfance amputée. Adoptée à l'âge de six ans par un couple de Français, Marion n'a eu de cesse de retrouver ses parents biologiques et de se reconstruire.




Commentaire:


En 1966, le Penseur du Danube ou le Génie des Carpathes –comprenez Ceausescu- fait voter un décret 770 qui interdit l’avortement sauf dans des cas extrêmes. Son obsession est d’obliger les femmes  à avoir des enfants, 4 au moins : « la population roumaine devra atteindre 25 millions en 1990 et 30 millions en 2000. » Dans les faits, ce sera un fiasco mais en attendant quand une jeune fille se retrouve enceinte et qu’elle ne peut subvenir aux besoins de l’enfant, elle peut l’abandonner car « L’Etat se charge de tout ». C’est ainsi que Maria née des amours illicites d’Ana et de Nicolae ; est abandonnée et conduite dans un de ses orphelinats qui seront révélés plus tard après la chute des Ceausescu. Les caméras montreront des images terribles d’enfants livrés à eux-mêmes, grandissant sans soins, sans hygiène et surtout sans aucune manifestation d’amour ou même d’empathie. La petite Maria a eu la chance immense de pouvoir être adoptée par un couple de français qui est venue la chercher en 1982. Sans eux, que serait-elle devenue ? D’autant que ce n’est pas parce qu’elle a été adoptée que sa vie est devenue un long fleuve tranquille. Comment se construire quand on n’a connu que l’abandon, l’indifférence de femmes quand ce n’est pas leur colère et leur méchanceté ? Comment s’ouvrir aux autres, aller à l’école quand on ne vous a jamais rien appris ? Il faudra beaucoup d’amour de la part de ses parents, et beaucoup de force de sa part pour permettre à Maria rebaptisée Marion de devenir une personne équilibrée. Ce chemin personnel passera aussi par des voyages en Roumanie pour percer le secret de sa naissance, retrouver et entendre celle qui l’a abandonnée, faire sa connaissance ainsi que celle de son père. Au bout de ce chemin, une certitude : venir en aide à tous ceux et celles qui ont connu le même drame qu’elle.

 Je remercie les éditions Belfond et Netgalley de m’avoir fait découvrir ce témoignage terrible d’une enfant broyée par un système politique effarant. En obligeant les roumaines à multiplier les grossesses, Ceausescu rêvait à l’émergence d’un nouvel homme communiste et donc d’une société neuve. Il a surtout contribué à la dépopulation de son pays, à l’édification d’un système crapuleux puisque des milliers d’enfants ont été vendus à l’étranger par ceux et celles qui étaient censées s’occuper de ces enfants abandonnés.  L’Etat s’occupe de tout… quelle ironie !

lundi 16 avril 2018

Clash, tome 3: Passion dévorante


 La façon dont elle le regarde, le rouge sur ses joues quand ils se croisent… Church n’a aucun doute  sur l’attirance que Dixie éprouve pour lui. Avec n’importe quelle autre femme, il en aurait profité depuis longtemps. Mais Dixie Carmichael est la jeune femme la plus lumineuse et bienveillante qu’il ait jamais rencontrée, aussi s’est-il juré de ne pas lui faire de mal. Voilà pourquoi il l’a toujours maintenue à distance. Seulement aujourd’hui Dixie est la seule à pouvoir les aider, lui et sa famille. Alors si pour cela il doit la manipuler, tant pis…




Commentaire:


Je remercie les Editions Harlequin et Netgalley de m’avoir permis de lire ce roman de Jay Crownover. Je suis depuis le début la série et j’avais hâte de découvrir le couple Dixie et Church repérés dans le roman précédent. Dixie est serveuse dans le bar de Rome (personnage appartenant à la série des Marked men) et a éprouvé dès le départ des sentiments très forts pour Church, on peut même dire qu’elle rêve de mariage et d’enfants dès qu’il pose son regard sur elle. Le problème c’est qu’il ne la regarde pas souvent, aussi pour ne pas dessécher sur place, s’est-elle inscrite sur une application Tinder pour trouver l’âme sœur. Les résultats ne sont guère encourageants : un voleur, un homme marié et un jeune garçon venu au rendez-vous avec sa mère  plus tard, Dixie décide de laisser tomber. Et puis le miracle arrive : Church a besoin d’elle pour une affaire familiale. Et les voilà partis tous les deux dans le Mississippi bien que  tous les deux n’aient pas les mêmes attentes : elle pense que peut-être il comprendra qu’elle l’aime, il ne veut pas céder à cette belle jeune femme trop lumineuse de peur d’y laisser des plumes. Car dans la vie de Church l’amour valse avec la mort. Il a aimé deux femmes, sa mère et sa belle-mère, qui sont mortes le laissant à vif. D’où son engagement dans l’armée et dix ans passés sans revenir voir sa famille. Cependant les événements qu’ils vont vivre, de retour à Lowry sa ville natale, vont l’obliger à reconsidérer ce qui est vital dans une vie.

Encore une fois, la plume de Jay Crownover addictive nous entraîne dans une jolie romance même si je l’ai trouvée en deça des deux autres romans de la même série. Je pense que c’est dû à la personnalité de Church qui, à mon sens, s’est créé de faux problèmes. Certes sa mère et sa belle-mère sont mortes mais il n’en est pas responsable. Donc pourquoi rejeter Dixie alors qu’elle est prête à lui ouvrir les bras ? De même l’intrusion d’un personnage qui menace la vie de Dixie m’a semblé un peu tirée par les cheveux. Mais ne boudons pas notre plaisir, ces « faiblesses » sont rattrapées par des scènes émouvantes entre Church et son beau-père et celles explosives entre les deux protagonistes. Un bon moment de lecture ainsi que la certitude qu’on retrouvera Jay Crownover très vite avec les personnages de Wheeler et de Poppy, un futur couple prometteur.

Dîner avec Edward


La porte s'ouvrit brusquement, laissant apparaître un grand monsieur âgé, ses yeux souriant tandis qu'il me prenait la main et m'embrassait sur les deux joues. "Ma chérie ! Je vous attendais."

Afin d'apaiser une amie installée loin de New York et de son père nonagénaire, Isabel accepte d'aller dîner avec Edward, dévasté par la récente disparition de son épouse. Journaliste, la quarantaine,, Isabel traverse aussi une crise : à peine débarquée dans la Grosse Pomme, elle assiste impuissante au naufrage de son mariage. Mais ce qu'elle ignore, c'est qu'Edward possède d’époustouflants talents de cuisinier, alliés à un sens de l'humour sans faille et à une solide philosophie de l'existence. Pour son hôte, le vieil homme repasse derrière les fourneaux. Et l'invitation ponctuelle devient un rendez-vous régulier, l'occasion pour les deux âmes en peine de reprendre goût à la vie, et foi dans les bienfaits d'un verre de martini !




Commentaire:


J’ai lu cet ouvrage dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle et s’il n’y avait pas eu cette obligation en quelque sorte, j’aurais laissé tomber très rapidement cette histoire de rencontres et de repas. Ce n’est pas que je n’aime pas la cuisine ou la gastronomie mais lire des chapitres qui évoque les marottes culinaires d’un vieil homme n’ont pas fait frémir mes narines. Et d’ailleurs si chaque chapitre commence avec l’annonce d’un menu,  on ne sait presque rien des recettes suivies, tout juste a-t-on quelques doses de savoir-faire. J’ai bien saisi que ces repas ont permis à l’auteur de reprendre le contrôle de sa vie, d’oser finalement aller de l’avant, en gros se séparer d’un mari devenu encombrant mais j’ai eu du mal à comprendre l’influence de ce monsieur, certes respectable mais plutôt conservateur qui voit dans une robe noire seyante et un tube de rouge à lèvres les moyens de se sentir femme. Qu’il ait des conseils culinaires à offrir, pourquoi pas ? Mais je n’ai pas réussi à m’émouvoir autant devant les recettes que devant ce couple improbable.

samedi 14 avril 2018

Chère Mrs Bird


Londres, 1941. À vingt-quatre ans, Emmy n'a qu'un rêve : devenir reporter de guerre. Un rêve qui semble sur le point de se réaliser lorsque la jeune femme décroche un poste au London Evening Chronicles. Enfin, Emmy va pouvoir entrer dans le vif du sujet, partir sur le front, se faire un nom au fil de la plume ! Las, c'est un poste d'assistante à la rédaction du magazine féminin Women's Day qui lui est offert. La mission d'Emmy : répondre aux courriers des lectrices adressés à Mrs Bird, la rédactrice en chef du journal. Mais attention, la terrifiante Mrs Bird est très stricte, et seules les demandes les plus vertueuses se verront offrir une réponse expéditive dans le poussiéreux journal. Un cas de conscience pour la jeune journaliste qui refuse de laisser ses concitoyennes en mal d'amour et de soutien amical, errer dans les limbes en raison du diktat imposé par une vieille conservatrice bon teint. Et Emmy a un plan pour outrepasser l'autorité de Mrs Bird... Alors que la ville sombre peu à peu sous les bombes, Emmy va mettre sa carrière en jeu pour venir en aide aux femmes restées seules à l'arrière. L'heure de la résistance féminine a sonné !




Commentaire:


Tout d’abord je remercie les éditions Belfond et Netgalley de m’avoir permis de découvrir ce livre et cette auteure. J’ai passé un excellent moment dans la compagnie d’Emmy et de sa meilleure amie Bunty. L’action se passe pendant la Seconde guerre mondiale, à Londres, au moment où l’Allemagne essaie de faire flancher les anglais en bombardant toutes les nuits la capitale. Mais il faudrait plus d’un bombe pour ruiner le moral de cette chère Emmy qui, presque toutes les nuits, rejoint une équipe de pompiers pour faire son devoir. Emmy n’a qu’un rêve, celui de devenir grande reporter, et lorsqu’elle voit une annonce dans le London Evening chronicles, elle saute sur l’occasion sans chercher à savoir exactement le profil du poste proposé. Las, au lieu de courir les champs de bataille ou les coulisses du parlement à la recherche de scoops, la voici coincée au dernier étage d’un immeuble à supporter la vindicte de Mrs Bird qui l’a a chargée d’une unique tâche : sélectionner les lettres des anglaises à qui elle aura l’honneur de répondre. Le problème c’est que cette femme très digne et conservatrice lui a fourni une liste tellement longue de sujets Indésirables qu’il ne reste pratiquement rien, à  part discuter de la longueur de cheveux ou de l’inquiétude d’avoir perdu son chat. Pour Emmy c’est un crève-cœur que de mettre à la poubelle les messages de ces femmes qui s’inquiètent pour leur mari, de ces jeunes filles qui s’interrogent sur la conduite à tenir envers un jeune homme. Aussi, après avoir bien réfléchi et sans penser à mal, Emmy va se substituer à la redoutable Mrs Bird dont les hurlements pourtant terrifient tout le monde.

 J’avoue que j’ai bien ri en lisant ce roman, par exemple lorsqu’Emmy se retrouve confrontée à la terrifiante dame et à sa liste de « mots et expressions qui ne seront ni publiés ni soumis à Mrs Bird pour réponse ». On rit aussi beaucoup quand l’auteur évoque la vie d’Emmy, ses déboires avec son fiancé, ses soirées avec sa meilleure amie. Mais pas seulement. AJ Pearce a su aussi restituer avec beaucoup d’authenticité le quotidien des londoniens pendant cette période et il y a quelques chapitres saisissants sur les bombardements nocturnes, notamment celui où Emmy tente de rejoindre le Café de Paris où elle a rendez-vous. On s’y croirait presque au milieu du hurlement des bombes qui s’abattent autour d’elle. Chère Mrs Bird est donc un roman plein de bonnes surprises qui aborde l’amitié, la force du peuple anglais qui a su résister à l’acharnement allemand,  leur flegme et  leur humour malgré la guerre et les morts. Je ne regrette qu’une chose c’est qu’il se termine aussi brutalement alors qu’il y a tant de choses laissées en plan. Doit-on comprendre qu’il y aura une suite ? Si c’est le cas je suis partante !

jeudi 12 avril 2018

Sélection Policiers Elle



Les Policiers de la sélection Elle


Et voilà c'est fini! En achevant ma lecture du roman d'Eva Dolan, j'ai mis un terme à l'aventure Elle. En tout, j'aurais reçu 9 policiers dont deux qui n'apparaissent pas sur la photo car je les ai prêtés - "Inavouable" de Zygmunt Miloszewski et "En sacrifice à Moloch" d'Asa Larsson.

Je les ai diversement appréciés et j'ai établi un classement très personnel et évidemment très subjectif. Je les classe par ordre de préférence:

1. Les chemins de la haine d'Eva Dolan  (https://labibdeneko.blogspot.fr/2018/04/les-chemins-de-haine.html
          A mes yeux le meilleur car il mêle enquête complexe et réalisme social.

2. Tango fantôme de Tove Alsterdal
           Un contexte historique très intéressant avec une plongée dans le passé de l'Argentine dans les années 70

3. Inavouable de Zygmunt Miloszewski
           Le thème central qui est abordé à savoir le vol d'oeuvres d'art pendant la Seconde Guerre fait l'originalité du roman.

4. Nulle part sur la terre de Michael Farris Smith
            A mon avis, plus un roman noir qu'un roman policier. L'enquête policière est secondaire, ce qui retient l'attention c'est le destin de deux êtres perdus.

5. En sacrifice à Moloch d'Asa Larsson
             Une intrigue plongeant dans le passé mais qui prend trop d'importance sur l'enquête. Et un personnage principal que j'ai trouvé antipathique.

6. La griffe du diable de Lara Dearman
              Une enquête policière honnête mais un personnage principal en attente d'évolution. C'est le premier tome d'une série.

7. L'essence du mal de Luca d'Andréa
              Une intrigue à mi-chemin entre le policier et le fantastique. Je n'ai pas aimé le mélange.

8. Chacune de ses peurs de Peter Swanson
              Une intrigue qui démarrait bien mais l'auteur crée trop de ruptures dans le récit en changeant de points de vue. Si bien que la fin est décevante.

9. Défaillances de B.A.Paris
               Le policier le plus mauvais de la sélection. Invraisemblances, dialogues crétins, fin en trois coups de cuillère à pot. A éviter.

Les chemins de la haine


Pas de corps reconnaissable, pas d'empreintes, pas de témoin. L'homme brûlé vif dans l'abri de jardin des Barlow est difficilement identifiable. Pourtant la police parvient assez vite à une conclusion : il s'agit d'un travailleur immigré estonien, Jaan Stepulov. Ils sont nombreux, à Peterborough, ceux qui arrivent des pays de l'Est, et de plus loin encore, à la recherche d'une vie meilleure. Et nombreux ceux qui voudraient s'en débarrasser. Les deux policiers qui enquêtent sur le meurtre, Zigic et sa partenaire Ferreira, ne l'ignorent pas. N'éliminant aucune piste, le duo pénètre dans un monde parallèle à la périphérie de cette ville sinistrée par la crise économique, là où les vies humaines ont moins de valeur que les matériaux utilisés sur les chantiers de construction. Là où tous les chemins peuvent mener au crime de haine.




Commentaire:


J’ai lu ce roman policier dans le cadre du Grand Prix des Lectrices de Elle et je l’ai beaucoup apprécié. Parmi les 9 livres que j’ai été amenée à lire cette année pour le prix, il est le roman policier qui se détache nettement des huit autres. D’abord parce que l’auteur nous offre une intrigue complexe mais bien ficelée. Quand les deux policiers commencent leur investigation, ils pensent que le corps brûlé, retrouvé dans un abri de jardin  est celui de Jaan Stepulov, immigré estonien, qui avait quitté sa famille depuis quelques semaines pour retrouver son frère Viktor, disparu après avoir lancé un appel à l’aide. Le fameux Viktor est retrouvé ensuite ou plutôt ce qu’il en reste dans une morgue après avoir été écrasé par un train. Mais cet accident cache un meurtre maquillé. Qui a tué les frères Stepulov et pour quelles raisons ? L’enquête se tourne alors vers un clan de gitans peu respectueux de la loi (doux euphémisme !) qui exploite et terrorise de pauvres immigrés ayant atterri pour leur malheur entre leurs mains.

 Ce rebondissement met en lumière un des atouts de ce roman : c’est la réalité socio-économique de l’Angleterre en ce moment mais qui peut être la nôtre. Peterborough est une ville anglaise située à l’est du pays et comme bon nombre des villes européennes, elle souffre de difficultés économiques. Dans ce contexte difficile, l’arrivée de ces flux de migrants venus de pays de l’Est et du Sud de l’Europe dans l’espoir de démarrer une vie meilleure, cristallise toutes les rancoeurs et les haines des habitants du coin qui voient en eux des voleurs d’emplois alors qu’ils refuseraient de faire ces mêmes boulots mal payés. Dès lors que des individus sans scrupules exploitent et maltraitent quelques migrants ne dérange personne. Que ces mêmes migrants soient réduits à l’esclavage, tués quand ils se rebellent, ne scandalisera qu’un temps l’opinion publique quand elle sera mise au courant. Zigic et Ferreira qui mènent l’enquête et qui ont connu eux aussi les regards méfiants des autres « parce qu’à prononcer leurs noms est difficile » sont bien conscients que l’arrestation d’une poignée de ceux qui exploitent le malheur de pauvres immigrés isolés, n’est que le haut de l’iceberg. On sent beaucoup d’amertume dans ce roman policier et la nature humaine est bien désespérante. Une auteure à découvrir de toute urgence.

mercredi 11 avril 2018

Je te vois


Le jour où Zoe Walker découvre son portrait dans les petites annonces d'un journal londonien, elle décide de mener sa propre enquête. L'image floue n'est accompagnée d'aucune explication, juste d'une adresse Internet et d'un numéro de téléphone. Pour les proches de Zoe, c'est la photo d'une femme qui lui ressemble vaguement, rien de plus. Mais le lendemain et le surlendemain, d'autres visages féminins figurent dans l'encart publicitaire. S'agit-il d'une erreur ? D'une coïncidence ? Ou quelqu'un surveille-t-il leurs moindres faits et gestes ?





Commentaire:




J’ai lu ce roman dans le cadre du Prix Polar organisé par le Livre de Poche et, au vu du résumé, j’ai cru que ce serait une histoire haletante… Pas vraiment, j’ai trouvé l’intrigue poussive, le rythme mou et la résolution décevante quoique inattendue. Zoé Walker est divorcée, la quarantaine, un boulot correct mais un patron tyrannique, et, chaque jour, elle fait le même trajet pour se rendre à son travail. C’est en rentrant un soir qu’elle s’aperçoit que son portrait figure dans la rubrique Rencontres d’un quotidien, sous le nom d’un site www.trouvel-amesoeur.com.  Dès lors, elle se persuade qu’elle est suivie, épiée et qu’on en veut à sa vie. Elle contacte la police, en la personne de Kelly Swift, qui intègre bientôt une équipe d’enquêteurs car elle s’est rendue compte que d’autres femmes, dont le visage avait apparu dans le même journal, ont été victimes d’agressions diverses. Dès lors, on s’attend à du suspens, de l’action, des retournements de situations, du nerf, quoi ! A la place, les chapitres se succèdent et on s’ennuie beaucoup. A la page 350, l’action n’avait toujours pas décollé et je ne voyais toujours pas non plus quel était l’objectif de celui qui gérait le site, à part pour l’aspect financier. L’auteur glisse bien de fausses pistes mais elles sont bien trop grossières pour qu’on y croit. Les personnages sont sans reliefs, aussi bien Zoé, la victime, ou Kelly, l’inspectrice. J’ai tout de même continué à lire pour découvrir qui agissait. Alors, certes j’ai été surprise mais les raisons données pour justifier ses actes ne m’ont pas paru crédibles. En résumé, une lecture décevante.

lundi 9 avril 2018

Dans le berceau de l'ennemi


Un roman déchirant qui s'appuie sur un épisode relativement méconnu de la Seconde Guerre mondiale : les Lebensborn, ces " haras humains " créés par l'administration du Troisième Reich, afin que des sujets de pure race aryenne procréent pour constituer l'élite du futur empire. 1940. La Hollande est occupée. Cyrla, dix-neuf ans, pensait avoir échappé au pire en quittant sa Pologne natale pour trouver refuge dans la famille de sa mère. Mais, dans la petite ville de Schiedam, la menace d'une dénonciation se précise. Quand sa cousine Anneke, à qui elle ressemble trait pour trait, succombe à un avortement raté, Cyrla entrevoit un moyen d'échapper à son sort : prendre son identité. Elle bénéficiera ainsi de papiers officiels qui la mettront à l'abri des délateurs. Mais cela signifie aussi quitter Isaac, celui qu'elle aime et dont elle attend un enfant. Et, surtout, rejoindre le Lebensborn, où Anneke était censée mettre au monde l'enfant d'un officier de la Wehrmacht. Seule, livrée à elle-même, Cyrla va devoir faire preuve d'un courage et d'une résistance extraordinaires si elle veut survivre dans le berceau de l'ennemi...




Commentaire:

J’avais entendu beaucoup de bien sur ce livre et je l’avais mis dans ma pile de livres à lire depuis longtemps. C’est chose faite maintenant et je dois dire que j’ai été plutôt déçue par ce roman. Même si je sais que c’est une fiction, je suis toujours agacée quand l’auteur prend des libertés avec la chronologie. L’action débute en septembre 1941, à ce moment précis, si à l’Est, les allemands ont commencé à exterminer les Juifs, le camp d’extermination situé à côté du camp principal d’Auschwitz est à peine élaboré, la « Solution finale » n’a pas encore été décidée et donc l’ami de Cyrla, Isaac ne peut pas lui dire (comme il le fait) que les nazis ont commencé à gazer des familles entières à Auschwitz. Cette grossière erreur chronologique m’a alors amené à poursuivre ma lecture avec plus de méfiance et je n’ai pas réussi à adhérer à cette histoire de cousine échangée et qui part dans un Lebensborn au départ pour se cacher et poursuivre une grossesse qu’elle démarre à peine, alors que les responsables du site attendent une jeune fille à la grossesse déjà avancée. Ce que j’ai trouvé étonnant, c’est qu’aucun médecin ne la reçoit à son arrivée ! Un simple contrôle et c’était la fin pour Cyrla. Là-dessus, Sara Young ajoute une histoire d’amour entre Cyrla et l’amant allemand de sa cousine à laquelle je n’ai pas adhéré. Sans compter la fin abrupte qui nous est balancée en deux trois coups de cuillère à pot. Bref, une grosse déception !

Ce que tu veux


Lizzie pensait que le perdre serait la pire chose qui pourrait lui arriver. Elle avait tort. Ils lui ont dit de ne pas s’inquiéter, sa soeur, la police, que c’était quelque chose de courant, quand un proche mourait, de le voir partout. De le sentir partout. Seulement ils ne connaissaient pas Zach. Ils ne savaient pas à quel point il l’aimait ni jusqu’où il pouvait aller pour se venger.
Que sait-on réellement de la personne qui partage notre vie ?
En alternant les voix de Lizzie et de Zach, les flash-back et le moment présent, Sabine Durrant impose un climat de tension exceptionnel qui fait voler en éclats les faux-semblants d’un couple apparemment irréprochable.


Commentaire:


Je ne connaissais pas cette auteure et je dois dire qu’elle m’a fait passer un très bon moment de lecture. Le roman fait entendre deux voix, celle de Lizzie une femme qui approche la quarantaine, qui vit un complexe d’infériorité par rapport à sa sœur, qui a dû vivre avec une mère s’enfonçant lentement dans la maladie d’Alzheimer. Autant dire une femme qui se sent inexistante aux yeux des autres, aussi quand elle a rencontré Zach - si beau, si artiste, si parfait- a-t-elle eu du mal à accepter l’idée qu’il l’aimait. Pourtant ils se sont mariés et ils auraient dû vivre selon l’adage « ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants » ! Eh bien non car quand on lit les chapitres consacrés à Zach, on comprend que cet être cache de nombreux dysfonctionnements et que son amour est maladif et obsessionnel. Dès lors, on peut croire, à l’instar de Lizzie, qu’effectivement Zach n’est pas mort, qu’en fait il se cache pour la punir. Et les petits incident qui émaillent sa vie sont le signe que son ancien mari attend dans l’ombre et que sa vengeance sera terrible. Bien évidemment sa sœur, son entourage proche ne la croient pas. Seule une étrange adolescente qui a croisé le chemin de Zach accepte l’idée qu’il est vivant et accepte de l’aider. Une tension qui monte peu à peu, des découvertes dérangeantes sur Zach, une Lizzie de plus en plus ébranlée par ce qu’elle apprend, l’auteur nous manipule et je dois dire que j’ai été surprise par la fin. A lire !