vendredi 31 mai 2019

La librairie des rêves suspendus

Bad boy, amour, rêves, livres...

Sarah, libraire dans un petit village de Charente, peine à joindre les deux bouts. Entre la plomberie capricieuse de l’immeuble, les murs décrépis et son incapacité notoire à résister à l’envie d’acheter tous les livres d’occasion qui lui tombent sous la main, ses finances sont au plus mal. Alors, quand un ami lui propose un arrangement pour le moins surprenant mais très rémunérateur, elle hésite à peine avant d’accepter. C’est entendu : elle hébergera Maxime Maréchal, acteur aussi célèbre pour ses rôles de bad boy que pour ses incartades avec la justice, afin qu’il effectue en toute discrétion ses travaux d’intérêt général dans la librairie. Si l’acteur peut survivre à un exil en province et des missions de bricolage, elle devrait être capable d’accueillir un être vivant dans son monde d’encre et de papier… Une rencontre émouvante entre deux êtres que tout oppose mais unis par un même désir : celui de vivre leurs rêves.

Commentaire:

Je remercie les Editions Harlequin et Netgalley de m’avoir permis de lire cette romance rafraichissante  lu en deux jours. La couverture m’a paru pleine de vie et de gaieté et  l’intrigue de base m’a plu dès le départ car une grande partie de l’action se passe dans une librairie, un lieu que j’adore fréquenter, et le personnage principal est une jeune femme qui aime tant les livres qu’elle en achète bien trop par rapport à ce qu’elle peut vendre !


Sarah possède cette librairie transmise par sa grand-mère et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle a du mal à en sortir et à se frotter au monde. Son commerce marche mal et elle est près de mettre la clé sous la porte quand elle reçoit une proposition pour le moins inattendue. Contre un beau chèque, elle accepte d’héberger Maxime Maréchal, jeune acteur au talent prometteur mais bien trop impulsif, qui, après une énième altercation à la sortie d’une boîte, doit passer deux mois avec un bracelet électronique à la cheville et effectuer des travaux d’intérêt général. Lui qui déteste la province, rester enfermé, rendre des comptes aux autres, cette « peine » de deux mois c’est mission impossible. D’autant que quand il voit Sarah la première fois, il la range dans la catégorie coincée. Entre les deux, la cohabitation s’annonce difficile mais peu à peu entre la timide et le rebelle le courant passe.

C’est une romance toute mignonne qui nous est proposée. L’intrigue n’est pas très originale et son déroulement assez convenu mais cela fait du bien de lire de temps en temps des histoires d’amour fraîches et qui se terminent bien. Emily Blaine a le talent nécessaire pour nous permettre d’adhérer à ce couple que tout sépare, à semer rires et émotions en tout genre. Une belle réussite.

jeudi 30 mai 2019

De bonnes raisons de mourir

Meurtre, vengeance, nucléaire, corruption, radiations, trafic...

Un cadavre atrocement mutilé
suspendu à la façade d'un bâtiment.
Une ancienne ville soviétique envoûtante et terrifiante.
Deux enquêteurs, aux motivations divergentes,
face à un tueur fou qui signe ses crimes
d'une hirondelle empaillée.
Et l'ombre d'un double meurtre perpétré en 1986, la nuit où la centrale de Tchernobyl a explosé...

Commentaire:

En ce moment à la télé, passe une mini-série en cinq épisodes produite par HBO qui s’appelle tout simplement « Tchernobyl ». Cinq épisodes terrifiants car ils montrent qu’on est passé à un cheveu d’une catastrophe nucléaire qui aurait pu dévaster une grande partie de l’Europe. Aussi quand ai-je vu ce roman, il m’a semblé logique de le lire car l’intrigue se déroule de nos jours en Ukraine, et notamment à Pripiat ville fantôme depuis son évacuation en catastrophe en 1986.


Le cadavre du fils d'un oligarque russe a  été retrouvé sur la façade d’un immeuble de la ville. Son corps a été atrocement mutilé, on a même retrouvé une hirondelle empaillée dans son ventre… Deux hommes vont alors enquêter, un policier ukrainien Melnyk qui vit dans la région et un policier russe Rybalko, engagé par le père de la victime considérant sans doute que l’enquête ne va pas assez vite et surtout parce que Rybalko connaît la région, il vivait à Pripiat en 1986… Très vite, les deux hommes comprennent que le meurtre est lié à une ancienne affaire, celle d’un double meurtre qui eut lieu le jour où le réacteur 4 a explosé.

J’ai beaucoup aimé ce roman, on est embarqué séance tenante dans une intrigue palpitante à la recherche d’un tueur complètement dingue et passionné de taxidermie. Melnyk comme Rybalko sont deux personnages qui ne laissent pas indifférents, ma préférence va à Rybalko pour son côté désespéré et border line. Il vient d’apprendre qu’il est atteint d’un cancer, il n’a rien à perdre, alors il s’enfonce dans la résolution de cette affaire, cherche, prend des coups, qu’importe ! Il continue à pister le responsable.  Le décor est à la hauteur de cette histoire : une grande partie se déroule autour de Tchernobyl, dans cette zone interdite où pourtant circulent de nombreuses personnes, des gens qui n’hésitent pas à récupérer des matériaux contaminés qui seront revendus en Europe. Où on peut visiter Pripiat ( !) comme on visiterait un musée, alors que la ville montre des doses fortes de radiation… C’est l’occasion pour l’auteur d’évoquer aussi un conflit qui n’intéresse pas grand monde, celui qui oppose les Ukrianiens prorusses à ceux qui veulent conserver intact le territoire ukrainien. C’est donc dans une atmosphère de morts et de radiations que se déroule « De bonnes raisons de mourir ». Je vous le recommande !

samedi 11 mai 2019

Les confessions de Frannie Langton

Meurtre, esclavage,violence,  racisme, manipulation...

Londres, 1826. Toute la ville est en émoi. La foule se presse aux portes de la cour d’assise pour assister au procès de Frannie Langton, une domestique noire accusée d’avoir tué Mr et Mrs Benham, ses employés.
Pour la première fois, Frannie doit raconter son histoire. Elle nous parle de sa jeunesse dans une plantation de canne à sucre en Jamaïque, où elle a été le jouet de chacun : de sa maîtresse, qui s’est piquée de lui apprendre à lire tout en la martyrisant, puis de son maître, qui l’a contrainte à l’assister sur nombre d’expériences scientifiques, plus douteuses les unes que les autres. Elle nous parle de son arrivée à Londres, où elle est « offerte » aux Benham, comme un vulgaire accessoire, de son amitié avec la maîtresse de maison, de leur même appétit pour la lecture, la culture. De leur passion…
Elle se dévoile pour tenter de se souvenir de cette terrible nuit, qui lui échappe complètement. Mais une question la ronge sans cesse, comment aurait-elle pu tuer celle qu’elle aime?


Commentaire:


Je remercie tout d’abord les Editions Belfond et Netgalley de m’avoir permis de découvrir ce roman palpitant à plus d’un titre.

 Quand le roman commence, Frannie Langton est en prison déjà reconnue coupable aux yeux de la société anglaise du double meurtre dont on l’accuse. Cette mûlatresse a été retrouvée dans le lit de sa maîtresse les mains rouges de sang et la seule chose qu’elle accepte de dire c’est qu’elle ne se rappelle pas de ce qui s’est passé. En attendant son procès, Frannie écrit ses confessions. Car elle n’est pas une sauvage sans âme comme on se plaît à la présenter, elle est instruite et cultivée. Elle est née en Jamaïque, propriété d’un couple infâme, les Langton, et si elle a reçu une instruction, ce n’est pas par bonté d’âme de leur part mais pour suivre un plan concocté par M. Langton. Peut-on instruire un noir ? Et si oui, qu’est-ce cela veut dire de leur nature ? En grandissant, Frannie va servir Langton de la plus ignoble des façons : il se targue d’être un scientifique et il étudie les corps des esclaves morts (et même vivants d’ailleurs), cherchant à déterminer ce qu’ils sont. Des expériences répugnantes dont Frannie est le témoin mais aussi la complice. Quand la grange dans laquelle se déroulent ces expériences brule, la femme de Langton en profite pour se débarrasser du mari. Le voilà de retour en Angleterre avec dans ses bagages Frannie, qu’il laisse aux bons soins des Benham. Installé dans la maison du couple, en proie à la méchanceté d’une gouvernante qui ne voit en elle qu’un suppôt de satan, Frannie devient la « dame » de compagnie de Mme Benham dont elle s’éprend. Frannie se retrouve alors le jouet d’une femme mariée insatisfaite de sa vie et d’un mari, se posant en homme de bien, alors qu’il n’est qu’un hypocrite de la pire espèce. Dans ces conditions, elle ne peut rien contre la tragédie qui va se manifester sous ses yeux. Qu’importe la vérité, Frannie est la coupable parfaite pour une société figée dans ses certitudes bien pensantes.

Ce n’est pas une lecture facile car la vie de Frannie n’est qu’une suite de maltraitances, de violences, de trahisons. On l’exploite, on la manipule, on la juge, on lui accorde des miettes d’attention, on la rejette… On a envie de hurler avec elle contre ces blancs qui ne la voient que comme un objet et non un être humain. Ce qui est terrifiant c’est cette pensée partagée par Langton et Benham que les noirs sont inférieurs, qu’on pourrait certes abolir l’esclavage mais que pour autant, on ne peut les laisser vivre comme ils le souhaitent et leur accorder leur libre arbitre. Une manière comme une autre de justifier le colonialisme et l’exploitation de milliers de gens. Le roman m’a certes secouée mais je le recommande.   

mercredi 8 mai 2019

Les filles d'Ennismore

Amitié, différences sociales, amour, insurrection

Irlande, début du XXe siècle. À huit ans, Rosie croise le chemin de Victoria, la jeune héritière du domaine d'Ennismore. Celle-ci s'ennuie et voit en la fille d’un métayer, l'amie dont elle rêve tant. Au grand dam de sa mère, elle arrive à convaincre son père de partager ses heures de leçon avec Rosie. Au fil des années, leur amitié grandit. Mais à 17 ans, Victoria quitte Ennismore pour Dublin afin de faire son entrée dans le monde, laissant Rosie déchirée entre les aspirations de ces années d'éducation aristocrate et sa modeste position. Elle est bientôt contrainte d'accepter un poste de domestique au domaine. Servir une famille qu'elle a côtoyée pendant dix ans est d'autant plus douloureux que Rosie est amoureuse depuis toujours du frère de Victoria, Valentin.

Alors que l’Irlande s’embrase, le destin de Rosie et Victoria emprunte le chemin de la révolte.

Commentaire:
Ce roman fait penser au premier abord à la série Downton Abbey puisqu’il raconte aussi bien l’histoire de la famille Ennis, propriétaires du domaine d’Ennismore que celle de leurs domestiques. Victoria Ennis a 7 ans quand elle convainc son père de lui accorder  la possibilité de prendre comme amie et compagne d’études Rosie, la sœur de Bridie domestique dans la maison. Cette décision va surtout peser sur le destin de Rosie car cela va la mettre dans une position inconfortable, éduquée comme une lady mais condamnée, plus tard à devoir récurer les marches de la demeure. De plus, Rosie est amoureuse de Valentin mais c’est un amour impossible. Elle choisit alors de quitter Ennismore pour se rendre à Dublin où l’attendent d’autres désillusions et infortunes. Victoria, de son côté, ne se satisfait pas de la vie qu’on lui fait mener, pire, elle la remet en question en s’affichant avec un domestique. Pour éviter le scandale, elle part s’installer chez sa tante à Dublin et se fait engager comme infirmière dans le cabinet d’un médecin. Alors que les deux jeunes femmes vivent dans la même ville sans se côtoyer, l’insurrection irlandaise éclate.


Ce n’est pas que je n’ai pas aimé, j’ai trouvé le roman intéressant par bien des aspects, notamment la description des rapports sociaux entre les domestiques et les maîtres, la vie miséreuse menée à Dublin par Rosie, le récit des événements de Pâques 1916 –Les Pâques sanglantes- où certains Irlandais tentèrent d’instaurer une République d’Irlande. Mais j’ai trouvé que l’intrigue allait trop vite : les événements défilent et on n’a pas le temps d’en savoir plus. J’aurais aimé par exemple que l’auteur développe le moment de l’insurrection, qu’on en sache un peu plus sur cette période historique.  Il en est de même avec les personnages qui ne sont pas assez fouillés, du coup je n’ai pas réussi à m’attacher à l’un d’entre eux. J’ai trouvé Rosie pénible par moments, son refus d’adresser la parole à Victoria m’a agacée. J’ai eu un peu de mal à croire à la reconversion soudaine de Victoria qui passe de la jeune fille gâtée à l’infirmière exemplaire qui décide de travailler dans un hôpital pour pauvres. Quant à Valentin, quel personnage falot… C’est dommage car l’époque et le contexte me plaisaient. Une lecture donc agréable à défaut d’être passionnante.


La tristesse des éléphants

Disparition, deuil, relation mère-enfant...

La mère de Jenna, Alice, a disparu lorsque celle-ci n'avait que trois ans. Aujourd'hui, elle en a treize et est bien décidée à retrouver sa trace. Elle n'a qu'une certitude : jamais sa mère ne l'aurait abandonnée. Jenna se met à relire le journal de bord d'Alice, une scientifique qui étudiait le deuil chez les éléphants. Pour progresser dans sa quête, elle s'adjoint les services de Serenity Jones, une voyante qui prétend être en lien avec l'au-delà, et de Virgil Stanhope, l'inspecteur qui avait suivi l'enquête à l'époque. 

Commentaire:

J’ai découvert cette auteure il y a quelques mois et je me suis en tête de lire son oeuvre au fur et à mesure car j’aime ses intrigues et son écriture. « La tristesse des  éléphants » me conforte dans ce projet. Encore une fois, j’ai été très touchée par l’histoire, par le thème abordé, celui de l’amour qui existe entre une mère et son enfant. Et j’ai beaucoup aimé toutes les pages consacrées aux recherches d’Alice sur le comportement des éléphants envers leurs petits. Il y a là des sentiments puissants dès lors qu’une éléphante met au monde son bébé, j’en ai eu parfois la gorge nouée quand on évoque les moments de perte et de deuil notamment.  Une éléphante est capable de rester des jours entiers près de son petit, mort,   comme pour veiller sur lui, sans se nourrir et sans boire. Un amour absolu que la mort ne parvient pas à briser.


Mais l’histoire ne tourne pas seulement autour de l’univers des éléphants, c’est aussi une recherche : Jenna est la fille d’Alice. Elle a 13 ans, et ne se remet pas de la disparition de sa mère 10 ans plus tôt à la suite d’une tragédie qui s’était déroulée dans une réserve d’éléphants géré par ses parents. Jenna est persuadée que sa mère est encore vivante quelque part. Alors elle décide d’avoir de l’aide : d’abord une médium Serenity, qui est en lien avec l’au-delà, du moins le prétend-elle et ensuite Virgil Stanhope qui était intervenue dans la réserve 10 ans plus tôt. Drôle de trio, presque invraisemblable même… Entre Serenity qui a perdu depuis longtemps sa capacité à « voir » des choses, Virgil devenu un détective alcoolique et Jenna une jeune adolescente fragile, comment les uns et les autres pourraient découvrir la trace d’Alice ? Et pourtant en revenant sur les lieux, ils vont découvrir un indice, mince fil qui les conduira à la vérité. Une vérité que je n’avais pas vu venir et qui m’a complètement bouleversée d’ailleurs.

C’est donc une belle histoire racontée par plusieurs personnages : les chapitres alternent les voix des quatre protagonistes (Jenna, Serenity, Virgil et Alice) de cette quête qui semble absurde au départ et qui se révèle déchirante. Chacun d’entre eux trouvera au terme de cette recherche un apaisement. Celui d’être aimé, d’avoir compté pour quelqu’un, d’avoir été consolé.



Impératif imprévu

Peinture, faussaire, meurtre, escroquerie...

Journaliste au Courrier du Sud-Ouest, Skander Corsaro a décidé de prendre quelques jours de congés pour préparer Noël. Mais une rencontre imprévue va bouleverser ses beaux projets. Le jeune homme est invité à la Villa Golotzine par un richissime marchand d'art. Bâtie en pleine forêt dans les années 1920 par un couple d'aristocrates russes en exil, cette fabuleuse demeure recèle un vénéneux secret. Qui était donc Yegor Golotzine, peintre maudit dont on vient de redécouvrir une partie de l’œuvre disparue ? Une exposition sulfureuse, un cocktail où l'on sert des pièces d'anatomie, un prophète mondain épris de Satan ou une étrange collectionneuse de menhirs sont les premières pièces de ce puzzle maléfique. Auxquelles s'ajoute un meurtre et quand le sang coule sur la neige, le paysage hivernal se transforme en un inquiétant tableau surréaliste. Vérité ou illusion ? Skander devra déjouer les mensonges du Diable. Mais avec lui, les dés sont toujours pipés.

Commentaire:

J’ai découvert cet auteur grâce aux Editions Le Masque et à Netgalley et je les remercie de m’avoir permis de lire cette pépite. J’ai adoré ce roman non pas tant à cause de l’intrigue mais surtout à cause de l’écriture. C’est un régal de lire cette prose alerte et drôle, ce style enlevé sans être ampoulé. Les personnages ne sont pas en reste, souvent hauts en couleurs quand ils ne sont pas excentriques.


A commencer par Skander Corsaro, journaliste à la rubrique culture au Courrier du Sud-Ouest, qui vit avec un poisson surnommé Blb et qui vit des amours torrides avec le fantôme d’une jeune femme ! Le point de départ de l’intrigue est une rencontre ou plutôt des retrouvailles entre Skander et Axel, un ancien camarade d’école. Celui-ci l’entraîne à une vente aux enchères où l’on vend un tableau d’un artiste maudit et oublié depuis longtemps Yegor Golotzine. Skander remarque très vite qu’Axel joue un jeu étrange avec un complice dans la salle pour faire monter les enchères. S’agit-il d’escroquerie ? Qui se trouve derrière  la vente du tableau ? Pour en avoir le cœur net, Skander se rend à une soirée organisé par le propriétaire du tableau au nom improbable mais aux intentions rapidement très claires pour Skander. Tout cela sent bon l’arnaque, le problème c’est que des cadavres commencent à tomber et que Skander va avoir besoin de l’aide de son ami de toujours Tonio pour comprendre les enjeux de cette affaire.

J’ai passé un très bon moment à lire ce roman policier qui s’intéresse au monde de la peinture et plus particulièrement à celui des faussaires. Et qui parvient à nous tenir en haleine tout du long. Une découverte pour moi, je lirai sans doute ces romans précédents.