samedi 26 mai 2018

Mille petits riens


Ruth est sage-femme depuis plus de vingt ans. C'est une employée modèle. Une collègue appréciée et respectée de tous. La mère dévouée d'un adolescent qu'elle élève seule. En prenant son service par une belle journée d'octobre 2015, Ruth est loin de se douter que sa vie est sur le point de basculer. Pour Turk et Brittany, un jeune couple de suprémacistes blancs, ce devait être le plus beau moment de leur vie : celui de la venue au monde de leur premier enfant. Le petit garçon qui vient de naître se porte bien. Pourtant, dans quelques jours, ses parents repartiront de la Maternité sans lui. Kennedy a renoncé à faire fortune pour défendre les plus démunis en devenant avocate de la défense publique. Le jour où elle rencontre une sage-femme noire accusée d'avoir tué le bébé d'un couple raciste, elle se dit qu'elle tient peut-être là sa première grande affaire. Mais la couleur de peau de sa cliente, une certaine Ruth Jefferson, ne la condamne-t-elle pas d'avance ?  


Commentaire:

J’ai acheté ce roman sur un coup de tête sans savoir exactement à quoi m’attendre. Eh bien, j’ai été saisie dès les premières pages par ce roman qui plonge dans le racisme affiché et ordinaire. Affiché par le couple Tuk et Brittany qui n’hésite pas à exiger que Ruth ne puisse pas toucher leur fils sous le prétexte qu’elle est noire. Ordinaire par ce que subit tous les jours Ruth dès lors qu’elle entre dans un magasin, elle est tout de suite surveillée car elle pourrait voler puisqu’elle est noire, n’est-ce pas ?

Et pourtant Ruth a tout fait pour se couler dans la société, elle a étudié d’arrache-pied, elle est devenue une infirmière compétente toujours prête à remplacer ses collègues, ne compte pas ses heures, elle s’est installée dans un quartier à majorité blanche pour permettre à son fils d’aller dans de bonnes écoles et surtout de ne pas tomber dans de mauvaises fréquentations. 

Mais finalement cela n’a servi à rien, il a suffi qu’un suprémaciste la pointe du doigt pour qu’elle soit stigmatisée. Quand le fils de ce couple meurt, il pense d’abord à porter plainte contre l’hôpital, mais l’avocate qui défend les intérêts de cet hôpital leur suggère de s’en prendre à Ruth car elle était présente quand l’enfant est mort. C’est un moment fort, ignoble, l’avocate n’est pas contre Ruth mais elle préfère la sacrifier pour éviter des dommages et intérêts payés par son employeur ! A partir de ce moment Ruth bascule dans un monde parallèle, celui où elle est traînée dans la boue, arrêtée, obligée à comparaître devant un tribunal. Certes, elle va avoir une avocate Kennedy, qui va la défendre. Mais que peut comprendre une blanche, mariée à un chirurgien, n’ayant aucun problème d’argent de la vie d’une noire ? Comment pourrait-elle la défendre en sachant qu’elle lui conseille de ne pas parler de la discrimination raciste qu’elle a subit de la part du couple suprémaciste ? Or cette discrimination est à la base de tout, c’est d’ailleurs la seule injustice dans cette affaire. Mais les juges n’aiment pas les histoires de racisme, trop délicat, trop difficile à régler. Tout le procès va tourner autour de l’enfant, pouvait-il être sauvé ?

 Le roman fait entendre trois voix, celle de Ruth, celle de Kennedy et celle de Turk. J’ai trouvé intéressant de nous faire entendre la voix de ce type, somme toute ordinaire, marié à une jeune femme qui est pire que lui d’ailleurs. Son enfance, ses rencontres sont responsables de son activisme, de sa haine et de sa violence qui cherche un bouc émissaire à la mort de son fils. C’est sur Ruth que se concentre toute sa colère, il lui est plus facile de haÏr une noire que de s’en prendre à une équipe médicale. Par contre, le procès ne se passera pas comme il l’avait prévu et ses certitudes seront balayées à jamais. Il n’y a que la fin qui m’a laissée légèrement dubitative (je ne vous dis rien, vous devrez lire !). Ceci dit, précipitez-vous sur ce roman !



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