lundi 22 avril 2019

Vraie folie


Empoisonnement, meurtre, règlements de comptes...

A priori, c'est un samedi matin comme tous les autres qui commence à Promise Falls en ce 23 mai. Chacun se réveille, prend sa douche, son café, son petit déjeuner. Mais soudain, une sirène d'ambulance, puis deux, puis trois ; des gens inanimés dans leur cuisine, sur le pas de leur porte, dans la rue, les urgences saturées...
Un dénominateur commun à ces victimes : toutes ont bu de l'eau du robinet. Il faut se rendre à l'évidence, le réseau hydraulique de la ville est contaminé. Drame sanitaire ou crime de masse ?
Pour l'inspecteur Barry Duckworth, la réponse ne fait aucun doute. L'insaisissable meurtrier fanatique du nombre 23 a encore frappé. Et il n'a certainement pas l'intention de s'arrêter là.
Comment préparer les habitants aux dangers qui les menacent ? Le policier et le privé Cal Weaver vont devoir unir leurs forces dans une mortelle course contre la montre. Mais qui sait combien de fous furieux se sont donné rendez-vous à Promise Falls ?
Alors qu'il enquête sur d'autres disparitions, le privé Weaver se retrouve une nouvelle fois sur le chemin de l'inspecteur Duckworth. L'heure est venue pour eux d'unir leurs forces dans cette mortelle course contre la montre... Mais comment préparer les habitants au danger qui les menace ? Et qui sait vraiment combien de fous furieux se sont donné rendez-vous à Promise Falls ?

Commentaire:

« Vraie folie » est le dernier tome d’une trilogie et il constitue le round final à toute une série d’intrigues croisées. Il y a  beaucoup de personnages et d’actions qui ont été développés dans les tomes précédents, tomes que je n’ai pas lus. Ma lecture a donc été, au départ, un peu difficile à suivre car je ne connaissais pas les protagonistes ni les nombreux drames qui se sont déroulés à Promise Falls et  qui trouvent leur explication dans ce roman.

Pour rappel, il y a eu deux meurtres, une explosion dans un drive-in, deux incendies, des écureuils tués au nombre de 23, une tentative de meurtre et une autre  d’enlèvement d’enfant ! Quand l’histoire commence, des dizaines d’habitants succombent à un empoisonnement après avoir bu l’eau de la ville. L’inspecteur Barry Duckworth a donc fort à faire : non seulement il doit trouver qui est responsable de l’empoisonnement de l’eau mais il doit aussi régler un meurtre, celui d’une jeune fille tuée de la même manière que deux autres femmes (voir tomes précédents). Le temps lui est compté et on le voit se démener pour tout régler.

Passée la difficulté de s’adapter à cette histoire qui est le point final de deux autres, j’ai passé un bon moment de lecture car le rythme est trépident. De plus les chapitres adoptent les points de vue de quelques personnages récurrents car, à côté de Duckworth, on suit Cal Weaver le privé qui doit régler un problème familial et le directeur de campagne d’un candidat à la mairie, David Harwood, préoccupé par la disparition de la femme qu’il aime. Ce croisement d’intrigues nous met en haleine et j’ai lu d’une traite ce roman au final intense. A lire donc !

Je remercie les Editions Belfond et Netgalley de m’avoir permis de découvrir ce roman.


mardi 9 avril 2019

La punition qu'elle mérite

Suicide, enquête, secret, famille...

Ludlow, bucolique bourgade du Shropshire, tombe dans l'effroi lorsque le très apprécié diacre  Ian Druitt est accusé de pédophilie. Placé en garde à vue, le suspect est retrouvé mort, pendu. La commissaire Isabelle Ardery, qui a été dépêchée sur les lieux depuis Londres et qui se débat  avec ses problèmes d'alcool, a bien envie de classer l'affaire en suicide. Mais c'est sans compter la sagacité du sergent Barbara Havers. Coachée à distance par l'inspecteur Thomas Lynley, la Londonienne gaffeuse et accro à la nicotine flaire le pot aux roses : et s'il ne s'agissait pas d'un suicide ? N'en déplaise à Isabelle Ardery, Lynley et Havers vont reformer leur duo de choc pour observer de plus près la vie de cette petite ville qui semblait si paisible. Car, derrière leurs allures de gentils retraités ou d'étudiants fêtards, les habitants de Ludlow ont tous quelque chose à cacher...

Commentaire:

Elizabeth George fait partie du mon Panthéon personnel et je ne rate aucun de ses romans. Pour deux raisons, d’abord pour Thomas Linley la quintessence de l’inspecteur à mes yeux, et ensuite pour la qualité de ses intrigues. Je ne lui reproche qu’une chose, c’est d’avoir fait disparaître de la manière la plus horrible la personne qui comptait le plus pour Thomas Linley (voir « Sans l’ombre d’un témoin ») et de nous avoir privés de sa présence dans les tomes précédents. Oh ! Il était bien là mais je trouvais qu’il s’apparentait plus à une ombre, un fantôme du personnage qu’il avait été. Mais là, enfin, il est de retour notre Linley si impeccable, si charmant, si désuet parfois mais si humain. Et pourtant dans les premiers chapitres, j’ai cru qu’on allait une fois de plus ne l’apercevoir qu’en arrière-plan.


Car, au début du roman, c’est le couple (si on peut dire) Barbara Havers/Isabelle Ardery qui est envoyé à Ludlow, charmante bourgade au premier abord, pour vérifier que le diacre Ian Druit s’est bien suicidé après son arrestation. Pour Isabelle Ardery, plus préoccupée par son addiction à l’alcool que par cette affaire regrettable, le suicide ne fait pas de doute. Mais l’opiniâtre Barbara flaire autre chose et elle met le doigt sur une incohérence. Et comme elle est soutenue par Linley, les voilà tous les deux renvoyés à Ludlow pour confirmer ou infirmer les soupçons de Barbara. Et c’est à partir de ce moment-là que l’intrigue devient plus complexe, plus vénéneuse et que tout l’art d’Elizabeth George se déploie.

En effet celle-ci excelle dans les ambiances provinciales feutrées, les atmosphères  familiales délétères : ses personnages sont rarement heureux, ils cachent souvent bien des secrets. Tout se fissure quand ils sont confrontés à des vérités qui les dérangent. C’est ce qui arrive une fois encore dans cette enquête. Et ceux ou celles qui se retrouvent sous les yeux inquisiteurs de Havers/Linley comprennent vite que leurs mensonges ne les sauveront pas.

Le rythme du roman est lent, c’est vrai, mais cela ne m’a pas dérangée. Au contraire, j’ai apprécié la lenteur de l’enquête car elle m’a permis de retrouver la relation qui existe entre Barbara Havers et Thomas Linley, j’ai retrouvé leur complicité, le flegme de Linley et les initiatives de Barbara (pas toujours appréciées de ses chefs), leur flair et leur professionnalisme qui leur permettent une fois de plus de résoudre la mort d’un simple diacre. C’est donc un roman à consommer sans modération !

Je remercie Babélio et les Editions Presses de La Cité de m'avoir permis de lire ce roman lors d'une opération Masse Critique!

mercredi 3 avril 2019

Dans la maison de l'autre

Après-guerre, deuil, occupation, réparations...

Après la défaite des forces de l’Axe, le pays est en ruines et la nation brisée. Lewis Morgan, colonel de l’armée britannique est chargé de superviser les opérations de reconstruction de ce territoire dévasté et de « dénazification » de la population. Ses supérieurs réquisitionnent à son intention une belle demeure sur les bords de l’Elbe, où son épouse, Rachael, et son fils Edmund vont bientôt le rejoindre.
Refusant de mettre les propriétaires allemands – un veuf et sa fille traumatisée – à la porte de chez eux, Lewis insiste pour que les deux familles partagent la maison. Dans cette ambiance oppressante, inimitiés et hostilités vont laisser place à un sentiment plus fort encore : la passion…

Commentaire:

Je suis tombée par hasard sur ce roman, la couverture et surtout le résumé m’ont attirée. L’histoire se déroule à Hambourg durant l’hiver 1946/47 et un officier britannique s’installe dans une belle demeure appartenant à une famille allemande. Et au lieu de réquisitionner la maison et d’en expulser les habitants l’officier Lewis décide de laisser à Lubert et sa fille un étage… Cette mansuétude étonne les autres officiers que fréquente Lewis, notamment un certain Burnham qui  voit en tout allemand un nazi qui se cache et dérange sa femme qu’il a fait venir avec leur fils. Rachael ne se remet pas de la mort de leur fils aîné mort lors d’un bombardement allemand et elle peine à accepter la présence d’un ennemi dans la maison. La fille de Lubert n’est pas en reste qui n’accepte pas non plus ce qu’elle considère comme une occupation illégale. L’intrigue s’intéresse à la vie de ces êtres obligés de cohabiter et de s’accepter dans un contexte d’après-guerre et de dénazification.


J’ai beaucoup aimé ce roman car il aborde un sujet peu abordé dans la littérature : la situation de l’Allemagne après la Seconde guerre mondiale. Le pays fut découpé en zones  par les vainqueurs du conflit (Hambourg se trouvait dans la zone anglaise) et les allemands obligés de se soumettre à des administrations étrangères. Le personnage de Lubert permet de saisir l’humiliation ressenti par les allemands  après la guerre : il n’a pas fait partie de la NSDAP mais il est soumis comme tout le monde à une enquête et, en attendant qu’elle le blanchisse ou le fasse arrêter, il est privé de son métier, de sa maison, de son honneur. La présence des anglais est difficile pour lui mais en même temps, il ne ressent pas de haine envers eux, à l’inverse de sa fille encore trop endoctrinée. Il y a un autre personnage intéressant dans ce roman, c’est celui de l’officier Lewis qui peine à mener sa mission. Il est chargé entre autres de s’assurer que tout le potentiel industriel de Hambourg soit détruit (à la demande de l’URSS) et il a du mal à voir tous les allemands comme des coupables. Il s’offusque d’ailleurs de la rigidité de Burnham qui, au contraire, voit des nazis partout et aimerait punir tout le monde. Quant à sa femme, dépressive depuis la mort de son fils, son arrivée et sa vie en Allemagne vont lui permettre de revivre. L’auteur a donc su me faire aimer des personnages complexes et de saisir toute l’ambiguïté de la situation d’après-guerre en Allemagne.

Dernière chose: j'ai vu que le roman vient d'être adapté au cinéma sous le titre de "Coeurs ennemis" avec Keira Knightley, Alexander Skarsgard et et Jason Clarke. J'espère que le film sera à la hauteur du roman.