Après-guerre, deuil, occupation, réparations...
Après la défaite des forces de l’Axe, le pays est en ruines
et la nation brisée. Lewis Morgan, colonel de l’armée britannique est chargé de
superviser les opérations de reconstruction de ce territoire dévasté et de «
dénazification » de la population. Ses supérieurs réquisitionnent à son
intention une belle demeure sur les bords de l’Elbe, où son épouse, Rachael, et
son fils Edmund vont bientôt le rejoindre.
Refusant de mettre les propriétaires allemands – un veuf et
sa fille traumatisée – à la porte de chez eux, Lewis insiste pour que les deux
familles partagent la maison. Dans cette ambiance oppressante, inimitiés et
hostilités vont laisser place à un sentiment plus fort encore : la passion…
Commentaire:
Je suis tombée par hasard sur ce roman, la couverture et
surtout le résumé m’ont attirée. L’histoire se déroule à Hambourg durant l’hiver
1946/47 et un officier britannique s’installe dans une belle demeure
appartenant à une famille allemande. Et au lieu de réquisitionner la maison et
d’en expulser les habitants l’officier Lewis décide de laisser à Lubert et sa
fille un étage… Cette mansuétude étonne les autres officiers que fréquente Lewis,
notamment un certain Burnham qui voit en
tout allemand un nazi qui se cache et dérange sa femme qu’il a fait venir avec
leur fils. Rachael ne se remet pas de la mort de leur fils aîné mort lors d’un
bombardement allemand et elle peine à accepter la présence d’un ennemi dans la
maison. La fille de Lubert n’est pas en reste qui n’accepte pas non plus ce qu’elle
considère comme une occupation illégale. L’intrigue s’intéresse à la vie de ces
êtres obligés de cohabiter et de s’accepter dans un contexte d’après-guerre et
de dénazification.
J’ai beaucoup aimé ce roman car il aborde un sujet peu
abordé dans la littérature : la situation de l’Allemagne après la Seconde
guerre mondiale. Le pays fut découpé en zones par les vainqueurs du conflit (Hambourg
se trouvait dans la zone anglaise) et les allemands obligés de se soumettre à
des administrations étrangères. Le personnage de Lubert permet de saisir l’humiliation
ressenti par les allemands après la
guerre : il n’a pas fait partie de la NSDAP mais il est soumis comme tout
le monde à une enquête et, en attendant qu’elle le blanchisse ou le fasse
arrêter, il est privé de son métier, de sa maison, de son honneur. La présence
des anglais est difficile pour lui mais en même temps, il ne ressent pas de
haine envers eux, à l’inverse de sa fille encore trop endoctrinée. Il y a un
autre personnage intéressant dans ce roman, c’est celui de l’officier Lewis qui
peine à mener sa mission. Il est chargé entre autres de s’assurer que tout le
potentiel industriel de Hambourg soit détruit (à la demande de l’URSS) et il a
du mal à voir tous les allemands comme des coupables. Il s’offusque d’ailleurs
de la rigidité de Burnham qui, au contraire, voit des nazis partout et aimerait
punir tout le monde. Quant à sa femme, dépressive depuis la mort de son fils,
son arrivée et sa vie en Allemagne vont lui permettre de revivre. L’auteur a
donc su me faire aimer des personnages complexes et de saisir toute l’ambiguïté
de la situation d’après-guerre en Allemagne.
Dernière chose: j'ai vu que le roman vient d'être adapté au cinéma sous le titre de "Coeurs ennemis" avec Keira Knightley, Alexander Skarsgard et et Jason Clarke. J'espère que le film sera à la hauteur du roman.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire