mercredi 21 novembre 2018

L'hôtel du lac des ombres

Nazisme, espionnage, secret, meurtre...

Libraire chevronnée, Maya a toujours aimé les histoires. En particulier celles que lui racontait sa grand-mère, Martha, avant de disparaître brutalement l’été de ses 16 ans. Aussi, quand la police découvre, trente ans plus tard, sa dépouille dans l’arrière-pays de New York, Maya se croit soudain l’héroïne d’un mauvais polar : que faisait sa grand-mère à des milliers de kilomètres de son Allemagne natale ? Surtout, quel secret la liait à l’hôtel Montgomerry, près duquel son corps a été retrouvé ?

Commentaire:

J’ai lu ce roman dans le cadre du Challenge Week-end à 1000 pages, je l’ai intégré à une petite sélection de livres choisis pour cette occasion. La lecture en a été facile mais je n’ai pas été particulièrement emballée par cette histoire. Sans doute parce qu’elle part dans toutes les directions, qu’elle traverse trois époques (1938, 1991 et 2017) et que le personnage principal –Maya- manque tout particulièrement de relief. Cette dernière apprend que sa grand-mère disparue 26 ans plus tôt a été retrouvée enterrée dans un parc appartenant à une famille célèbre et riche, les Montgomerry. La voici donc partie sur place pour découvrir la raison pour laquelle sa grand-mère 1) est allée voir les Montgomerry 2) a été tuée et 3) qui l’a tuée ? S’ensuit alors une narration qui fait des va et vient entre 1938 et 2017 et qui nous plante une histoire improbable d’espion américain en plein cœur de l’Allemagne nazie et encore plus improbable une histoire d’amour entre ce dit espion et Martha la grand-mère de Maya. A cela vient s’ajouter une idylle entre Maya et un des petits-fils Montgomerry sans relief. Je commençais à m’ennuyer quand, tout d’un coup, on nous révèle qui a tué. Et là c’est carrément invraisemblable ! Je vous en laisse juge si vous souhaitez le lire.

Je remercie cependant les Editions Mazarine et Netgalley de m'avoir permis de découvrir ce roman.


Une présence dans la nuit


Coma, meurtre, jalousie...

Infirmière en soins intensifs, Alice Taylor le sait : séparer travail et sentiments est primordial dans son métier. Mais l’arrivée d’une nouvelle patiente fait bientôt chavirer cette ligne de conduite…
Fauchée par un automobiliste anonyme, Cassie Jensen est plongée dans un coma dont personne ne sait si elle sortira un jour. Mais alors que la famille de la jeune femme se précipite à son chevet, Alice s’interroge : pourquoi nul ne semble dévasté de chagrin ? Ignorent-ils tous la grossesse de Cassie ? Se pourrait-il qu’elle ait caché d’autres secrets à ses proches ?
De son lit, face à celui de Cassie, Frank aussi observe. Il sait que Cassie est en danger ; il connaît même l’identité du chauffard et son mobile. Pourtant, Frank ne peut rien révéler. Atteint du syndrome d’enfermement, cet homme est prisonnier de son propre corps, et seules ses paupières peuvent bouger… Mais parviendra-t-il à se faire comprendre d’Alice, avant qu’il ne soit trop tard ?

Commentaire:

Je remercie tout d’abord les Editions Belfond et Netgalley de m’avoir permis de découvrir cette auteure qui nous livre son premier roman. « Une présence dans la nuit » est présenté comme un suspense psychologique qui se déroule dans une unité de soins intensifs où les malades sont souvent dans l’incapacité de parler donc de se défendre.

 Le roman nous fait entendre trois voix, celle d’Alice, une infirmière dévouée à ses malades ; Franck un malade qu’on croit plongé dans un coma profond alors qu’il entend tout ce qu’on lui dit et qu’il voit tout ; et enfin Cassie qui vient d’arriver dans cette unité après un accident qui l’a plongée dans le coma. L’intrigue principale tourne autour de Cassie : cette belle jeune femme, mariée depuis peu à un homme parfait sous toutes les coutures, a été renversé par une voiture dans la nuit du réveillon du 31 décembre. Que faisait-elle dehors à ce moment-là, fuyait-elle quelqu’un et qui, pourquoi l’avoir renversée ? Les chapitres consacrés à Cassie permettent au lecteur de découvrir peu à peu sa vie et sa personnalité, sa relation avec son mari et sa belle-mère. Peu à peu le drame se dessine mais le seul à comprendre que Cassie est en danger c’est Franck qui, gisant sur son lit, voit et entend tout. Mais qui pour entendre Franck ?

 L’intérêt du roman repose, on le voit, sur Franck et les aspects de la vie de Cassie. Le personnage d’Alice ne m’a pas convaincue par contre, l’auteur a voulu nous la rendre sympathique en nous faisant part de son drame personnel mais je trouve que ce n’était pas nécessaire à l’intensité de l’histoire. Et l’autre reproche que je ferais, c’est un dénouement trop rapide. Ceci dit, j’ai passé un agréable moment de lecture. 
Je mets 4 chats.

Au bord de la terre glacée

Expédition, Alaska, photographie, journal...

Hiver 1885. Les terres de l'Alaska demeurent inexplorées. Le colonel Allen Forrester, héros de guerre décoré, remonte la Wolverine River pour en cartographier les abords. Il consigne son expédition dans un journal à l'intention de sa femme Sophie, dans l'espoir qu'elle puisse le lire s'il ne revenait pas. Sophie est restée à Vancouver après avoir découvert qu'elle était enceinte. Elle vivra seule sa grossesse, au sein d'une société peu apte à lui reconnaître la liberté à laquelle elle aspire. C'est l'art naissant de la photographie qui lui permettra de s'émanciper et de célébrer la beauté de la vie sauvage qui l'entoure. Au cours de cette année fatidique, Allen et Sophie seront, chacun à leur manière, confrontés à la nature grandiose et cruelle. Les épreuves qu'ils surmonteront changeront leurs vies et ce qu'ils sont à jamais.

Commentaire:

C’est la couverture du livre qui m’a attirée, cet oiseau semblant foncer sur sa proie et ce paysage glacial en arrière-plan. Je me suis dit que j’allais voyager. Et effectivement, le roman mêle le journal du colonel Allen Forrester qui doit s’aventurer dans des territoires encore mal connus de l’Alaska et celui de son épouse, enceinte, qu’il a dû laisser derrière lui, dans sa garnison. J’ai préféré d’ailleurs les passages consacrés au colonel, non pas que la vie de Sophie soit inintéressante mais je ne suis pas une passionnée ni des photos ni des oiseaux et j’ai eu un peu de mal à m’enthousiasmer sur les heures qu’elle passe à photographier le moment où un oiseau prend son envol.


Ce que vit son mari, par contre, m’a passionnée. Quand il suit la Wolwerine River pour en cartographier les abords, quand il traverse des territoires encore vierges de la présence des « blancs », on a l’impression d’être avec lui, marchant des jours durant parfois avec entêtement, malgré la fatigue et souvent la faim qui creuse son estomac, sans savoir exactement quel est le but de cette expédition. La nature qu’il traverse est sauvage, violente et cruelle pour la mission qu’il conduit et il manque plusieurs fois d’être anéantis lui et ses hommes : emportés par les courants trop forts, égarés dans la montagne, assaillis par des êtres fantomatiques ou bien est-ce une hallucination ? Au bout de sa mission, le colonel Forrester retrouve sa femme mais restera marqué à jamais par ce voyage « au bord de la terre glacée ».
Je mets 4 chats pour ce souffle épique venu d’Alaska.


dimanche 4 novembre 2018

Les Brestois dans la guerre


Seconde guerre mondiale, siège, destructions, courage...

Un témoignage inédit des bombardements et des destructions qui ont eu lieu à Brest durant la Seconde Guerre mondiale.
Dans ce livre d'histoire d'investigation, Olivier Polard retrace la vie des Brestois durant la Seconde Guerre mondiale. Des années 30 à la libération de Brest par les Américains en 1944, en passant par la période d'occupation et les destructions subies par la ville, le propos est précis, illustré et accompagné du journal inédit d'un Brestois. Une vie faite de privations et de dangers s'organise dans une ville en destruction.


Commentaire:

J’ai découvert ce livre en me rendant à Brest cette semaine pour un court séjour que j’ai beaucoup apprécié. C’est en flânant dans une superbe librairie (du même nom que les éditions d’ailleurs) que je suis tombée sur cet ouvrage, la couverture m’a happée et je n’ai eu de cesse de l’acheter et de le lire immédiatement. J’ai beaucoup aimé notamment parce que j’ai appris des informations nouvelles sur un sujet dont je ne me lasse pas, à savoir la période de l’Occupation en France. Olivier Polard évoque la vie des Brestois durant cette période avec beaucoup de précisions, insistant particulièrement sur le fait que les Allemands ont fait du port, un lieu privilégié pour réparer leurs sous-marins, attirant du même coup la fureur des bombardements alliés. La ville a subi des destructions importantes mais c’est à partir de juillet 44 qu’elle va connaître l’enfer –le mot est encore trop faible ! Patton avait parié qu’il prendrait la ville au mois d’août… Elle fut « libérée » le 18 septembre si on peut parler de libération quand il ne reste plus rien, juste des murs noircis. 

C’est d’ailleurs à ce moment-là de l’ouvrage qu’Olivier Polard insère le témoignage d’un brestois Stéphane Massé, agent de liaison pour la Résistance et qui est resté à Brest avec son épouse alors que la plupart des habitants avaient été sommés de s’en aller. Le journal de ce monsieur est tout simplement hallucinant ! Entre le 7 août, date de l’Etat de siège décidé par les Allemands et le 18 septembre, il a été témoin de la destruction systématique de Brest. Ce ne sont pas seulement les bombardements alliés qui en sont responsables, des soldats allemands aussi, notamment des parachutistes, ont mis le feu jour après jour aux immeubles comme s’ils prenaient plaisir à voir partir en fumée l’un des plus importants ports de guerre français. Jour après jour, Stéphane Massé a assisté à l’effondrement de sa ville, évoquant au fil de ses pages le destin de compatriotes tués dans des bombardements ou encore la tragédie qui frappa l’abri Sadi-Carnot. Quand on lit ces pages, on se demande par quel miracle, il a pu sortir vivant de ce siège et on peut que pleurer comme Jacques Prévert sur le sort de cette ville. Les nombreuses photos prises après la reddition des Allemands nous permettent de voir l’anéantissement de cette ville. Elles laissent une impression de gâchis et d’amertume.  

 Olivier Polard reprend ensuite la parole pour évoquer Brest après la guerre, il a fallu 25 ans pour « gommer les plaies béantes que la guerre a laissées dans son sillage »… Un ouvrage remarquable à lire absolument.

Je lui mets 5 chats!

samedi 3 novembre 2018

Orphelins 88


Lebensborn, antisémitisme, famille, identité...

Munich, juillet 1945.
Un garçon erre parmi les décombres…
Qui est-il ? Quel âge a-t-il ? D'où vient-il ? Il n’en sait rien. Il a oublié jusqu’à son nom. Les Alliés le baptisent « Josh » et l’envoient dans un orphelinat où Ida, directrice dévouée, et Wally, jeune soldat noir américain en butte au racisme de ses supérieurs, vont l’aider à lever le voile de son amnésie.
Dans une Europe libérée mais toujours à feu et à sang, Josh et les nombreux autres orphelins de la guerre devront panser leurs blessures tout en empruntant le douloureux chemin des migrants.
Si ces adolescents sont des survivants, ils sont avant tout vivants, animés d’un espoir farouche et d’une intense rage de vivre.

Commentaire:


J’ai lu le précédent roman de Sarah Cohen-Scali,  « Max » qui évoquait les Lebensborn mis en place par les nazis pour obtenir une race aryenne destinée à régner sur le IIIème Reich. Ce roman m’avait marquée car la vie de Max était épouvantable. « Orphelins 88 » parle à nouveau des Lebensborn mais cette fois, en s’intéressant aux conséquences de cette expérience délirante. Le personnage principal, surnommé Josh au début du roman car il ne se souvient de rien, a vécu dans un de ces centres. Depuis la fin de la guerre, il erre sans savoir où aller. Récupéré par des américains, il est envoyé dans un orphelinat où on accueille tous les enfants arrachés à leur foyer : Josh se retrouve avec d’autres enfants qui ont vécu la même chose mais aussi des enfants juifs rescapés des camps. Les nuits de Josh sont difficiles car il revit des événements épouvantables qu’il ne parvient pas à comprendre. Qui est-il ? Un allemand , un juif, un polonais ? Décidé à retrouver son passé, Josh se décide à partir en Pologne en espérant découvrir des indices. 

C’est un roman passionnant que j’ai dévoré car cette quête amène Josh à traverser des territoires en proie encore au chaos, à affronter mille dangers car toute rencontre peut être dangereuse. J’ai été particulièrement frappée par une scène qui se déroule en Pologne, dans une gare dans laquelle se trouve Josh (Jona de son vrai nom). Horrifié, il assiste à une attaque menée par des polonais contre des juifs, survivants des camps, et qui ont le malheur de se trouver là. C’est un épisode qui donne froid dans le dos et rappelle que l’antisémitisme polonais était encore très présent juste après la Seconde guerre mondiale. Alors aujourd’hui ?... Tout au long du roman, on espère que Josh retrouvera son identité, volée par les nazis, la trace de sa mère… Je ne dirai rien sur la fin du roman mais celle-ci vous laisse sur le carreau. Un roman fort à lire absolument !
Je mets 5 chats !

Furious


Viol, renaissance, justice, amour...

Il avait tout prévu. Sauf le désir qu’elle lui inspire...
Bane. Un homme dangereux, impétueux, sans limites. Tout le monde le sait, même Jesse qui, depuis qu’elle s’est fait violemment agresser, s’est complètement coupée du reste du monde. Alors, le jour où elle le croise en sortant de chez son médecin, elle est immédiatement sur ses gardes. Car, elle en est persuadée, cette rencontre n’est pas un hasard. Bane la cherchait. Mais qu’est-ce qu’un homme comme lui, capable d’avoir le monde à ses pieds, peut bien vouloir d’une femme brisée comme elle ? En temps normal, Jesse n’aurait pas tenté de le savoir. Malheureusement pour elle, l'insistance de Bane ne lui laisse guère le choix..

Commentaire:

Ce quatrième tome de la série « Sinners » se situe quelques années après l’histoire de Trent et Edie (Scandalous) dans laquelle apparaissait Bane Protsenko en personnage secondaire. Il était déjà un adolescent atypique flirtant avec l’illégalité. Dans ce roman, il est devenu un jeune homme dangereux qui rackette des commerçants et baigne dans des affaires douteuses. Ce qu’il cherche c’est s’enrichir à tout prix ; aussi quand il est contacté par Darren Floyd Morgansen, un riche homme d’affaires, Bane est prêt à tout accepter pour obtenir l’argent nécessaire qui lui permettra de réaliser un projet immobilier. Le deal est simple : il doit approcher la belle-fille de Darren et l’amener à sortir de sa dépression. Mais interdiction de la toucher. Curieuse demande qui va attiser la curiosité de Bane qui accepte ce curieux marché et va lui permettre de rencontrer Jesse. Elle va tout de suite déclencher chez lui des sentiments dont il n’a pas l’habitude. Jesse est une rescapée, violée par son ex-petit ami et deux copains à lui, elle vit dans l’ombre depuis. A l’époque, sa mère et sa belle-mère ont fait étouffer l’affaire et depuis elle survit. Sa rencontre avec Bane va la réveiller.


 C’est une intrigue qui se dévore, qui scandalise et émeut : on en arrive à se demander pourquoi justice n’a pas été rendue à Jesse deux ans auparavant. Bien évidemment la lecture de cette histoire intense nous amène à comprendre pourquoi. Une fois de plus, l’intrigue est bien ficelée, l’écriture addictive et les personnages très forts. Je vous le recommande vivement.