mardi 22 octobre 2019

La maison allemande

Nazisme, procès, culpabilité, extermination...

Francfort, au début des années 1960. Eva Bruhns est une jeune femme sans histoire : interprète du polonais, elle est requise pour traduire les dépositions de témoins au second procès dAuschwitz qui vient de s'ouvrir afin de traduire en justice les crimes de dignitaires nazis. Si elle voit d'abord dans ce travail l'occasion de conquérir une autonomie financière inédite, les révélations auxquelles le procès la confronte ne tardent pas à la bouleverser. 

Commentaire :
Ce livre est tout autant un roman initiatique qu’une œuvre mémorielle car, à travers le second procès d’Auschwitz, c’est l’histoire d’une jeune allemande qui prend conscience de son individualité et celle d’une jeunesse qui (re)découvre son histoire récente, une histoire dont les générations précédentes ne veulent plus entendre parler.


Quand Eva Bruhns est sollicitée pour traduire les dépositions de témoins polonais, elle ne sait pas que cette décision va bouleverser sa vie. Jusqu’ici, Eva est une jeune fille qui aspire à une vie tranquille, elle se voit mariée à son fiancé Jürgen, un fils de bonne famille austère et exigeant, vivant sereinement sous son toit. Sa décision d’ailleurs de participer à ce procès dérange Jürgen mais aussi ses parents et surtout sa mère qui ne comprend pas qu’on puisse évoquer de nouveau le nazisme. Jürgen exerce même un chantage contre Eva : c’est lui et le mariage ou rien si elle s’obstine à vouloir servir d’interprète. Contre toute attente, Eva ne cède pas et, tous les jours ou presque, elle se rend au procès et traduit des témoignages terribles qui la bouleversent et semblent réveiller en elle des souvenirs d’une petite maison dans un endroit étrange. Comment pourrait-elle se souvenir de quoi que ce soit d’Auschwitz ? C’est en interrogeant ses parents et surtout sa mère qu’elle réalise qu’elle a vécu là-bas car son père y travaillait comme cuisinier pour les gardes… « Nous étions heureux » lui déclare sa mère quand Eva, horrifiée, lui demande comment son père et elle ont pu accepter de travailler dans ce camp d’extermination. Cette affirmation  fait froid dans le dos et Eva mesure à quel point ses parents, pourtant de braves gens, ont participé à  leur manière à la mort de milliers de gens et que leur silence fait d’eux des coupables sinon des complices. Quand le procès prend fin sans satisfaire vraiment les accusés et les victimes, Eva est une autre femme et le regard qu’elle porte sur son pays, sur ses parents a complètement changé. J’ai beaucoup aimé ce roman et l’évolution de cette jeune fille  qui en sort métamorphosée. A lire donc !

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