jeudi 4 juillet 2019

Tout ce qui est solide se dissout dans l'air

Catastrophe nucléaire, secret d'état, destin, tragédie...

En URSS, en 1986.
Dans un minuscule appartement de Moscou, un petit prodige de neuf ans joue silencieusement du piano pour ne pas déranger les voisins.
Dans une usine de banlieue, sa tante travaille à la chaîne sur des pièces de voiture, et tente de faire oublier son passé de dissidente.
Dans un hôpital non loin de là, un chirurgien s'étourdit dans le travail pour ne pas penser à son mariage brisé.
Dans la campagne biélorusse, un jeune garçon observe les premières de l'aube, une aube rouge, belle, étrange, inquiétante.
Nous sommes le 26 avril 1986. Dans la centrale de Tchernobyl, quelque chose vient de se passer.
La vie de ces quatre personnages va changer. Le monde ne sera plus jamais le même...

Commentaire:

Cette lecture m’a été inspirée par la série « Tchernobyl » dont je ne me remets toujours pas. J’ai voulu lire des ouvrages sur cette catastrophe et je suis tombée sur ce roman. Certes c’est une fiction mais l’auteur a fait des recherches avant de l’écrire, et je dois dire, que j’ai dévoré ce roman en quelques jours.


Tout commence le 26 avril 1986 quand la catastrophe a lieu et on suit le destin de quatre personnes : Artiom vit non loin de la centrale ; Grigori est un chirurgien doué et, malheureusement pour lui, il a été remarqué par un représentant du parti chargé de se rendre sur place ; son ex-femme Maria travaille à l’usine à Moscou depuis qu’elle a été virée de son journal pour propos séditieux ; enfin Evguéni le neveu de Maria découvre la musique sans en comprendre encore l’essence.

Le roman s’attache à la fois à la manière dont le parti communiste a géré la catastrophe à travers les personnages d’Artiom et de Grigori et montre en même temps la déliquescence d’un régime avec Maria et dans une moindre mesure Evguéni. J’ai préféré les chapitres consacrés à Artiom et Grigori : Artiom est un adolescent de 13 ans qui, quelques jours, après l’explosion du réacteur, est expulsé sans ménagements de chez lui avec toute sa famille et balancé (il n’y a pas d’autres mots) dans les environs de Minsk dans des bâtiments sans confort. Une fois sur place, ils sont livrés à eux-mêmes, les premiers moments de compassion sont vite remplacés par la peur d’être contaminés si on les approche trop près. Le père d’Artiom, lui, est réquisitionné comme liquidateur, et envoyé dans la forêt pour couper les arbres. Sans véritable protection, avec un matériel qui rend l’âme rapidement, non remplacé, le verdict tombe rapidement : le père meurt dans des conditions effroyables dans le dénuement le plus absolu, sans infirmières  auprès de lui, ces dernières effrayées ont quitté l’hôpital ! Quant à Grigori, ce chirurgien doué, il est écarté et menacé d’être envoyé dans un hôpital psychiatrique s’il continue de vouloir faire ce pour quoi il était venu : chercher à protéger tous ceux et celles qui sont dans les parages. Quand il s’aperçoit qu’au-dessus de Minsk planent des nuages radioactifs, il aimerait qu’on évacue la ville mais il se heurte à l’intransigeance du parti communiste. Pas question d’évacuer une ville de la taille de Minsk, il en va du prestige de l’URSS, de ce système grandiose qui a su maîtriser le nucléaire… Tout cela fait froid dans le dos surtout quand on sait qu’on ne sait toujours pas exactement combien de gens sont morts à cause de cette catastrophe. A lire de toute urgence !

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