mercredi 26 décembre 2018

Le monde de Christina

Le monde de Christina par Baker Kline
Destin, infirmité, solitude, peinture...

Du monde, Christina Olson n'a rien vu. Paralysée depuis l'enfance, elle vit recluse dans la ferme familiale, perchée sur une falaise du Maine. Sa seule ouverture sur l'extérieur : une pièce remplie de coquillages et de trésors rapportés des mers du Sud par ses ancêtres, farouches marins épris d'aventures, et dont les histoires nourrissent ses rêves d'ailleurs. L'arrivée de nouveaux voisins, la pétillante Betsy et son fiancé, le jeune peintre Andrew Wyeth, va bouleverser le quotidien de cette femme solitaire. Alors qu'une amitié naît entre elle et le couple, Christina s'interroge : pourra-t-elle jamais accéder à la demande d'Andrew de devenir son modèle ? Comment accepter de voir son corps brisé devenir l'objet d'étude d'un artiste, d'un homme ? L'art est le reflet de l'âme. Et sur la toile, Christina redoute de voir apparaître ses failles, et celle qu'elle aurait tant désiré être...

Commentaire:

Connaissez-vous le tableau d’Andrew Wyeth « Le monde de Christina » ? Dans un paysage nu avec en arrière-plan une maison sinistre, on voit une femme de dos, en robe rose, semblant ramper vers la demeure. On ne sait pas quel âge elle a, ce qu’elle fait dans cette position mais l’impression qui se dégage de cette scène est perturbante. Eh bien, le roman de Christina Baker Kline raconte l’histoire de cette femme sur le tableau et de sa rencontre avec le peintre qui a débarqué un jour dans sa vie, alors qu’elle avait plus de 40 ans, et qu’elle vivait seule avec son frère dans la maison familiale décrépite et sans confort. Au-delà de la rencontre entre ses deux personnes, c’est toute la vie de Christina qui nous est racontée : une vie difficile car une maladie dégénérative l’a peu à peu empêchée de marcher. Quand Andrew la voit pour la première fois, elle est clouée sur un fauteuil. Mais cette infirmité n’a pas atteint son caractère qui reste fort, et d’ailleurs il lui en faut de la force pour vivre ainsi dans cette maison désolée, avec pour toute compagnie un frère, certes aimant, mais taciturne ; pour accepter son sort et l’abandon qu’elle subit de la part du seul homme qu’elle a aimé ; pour accepter d’être à jamais la vieille fille qu’on invite lors des fêtes mais qu’on relègue dans un coin. Il y a beaucoup d’amertume et de tristesse dans ce roman, je l’ai fini avec une boule dans la gorge. Je vous le recommande.

Je remercie les Editions Belfond de m'avoir permis de découvrir ce beau roman!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire