Commune, insurrection, représailles, courage, enlèvement...
La
"semaine sanglante" de la Commune de Paris voit culminer la
sauvagerie des affrontements entre Communards et Versaillais. Au milieu des
obus et du chaos, alors que tout l'Ouest parisien est un champ de ruines, un
photographe fasciné par la souffrance des jeunes femmes prend des photos
"suggestives" afin de les vendre à une clientèle particulière. La
fille d’un couple disparaît un jour de marché. Une course contre la montre
s'engage pour la retrouver.
Commentaire:
Je ne connais
de la Commune que quelques chansons d’un double 33 tours, acheté par mes
parents il y a très longtemps. Je me souviens encore de « La semaine sanglante » et de « Capitaine… au mur », deux chansons
qui évoquent comment le gouvernement de Thiers a liquidé tous ceux qu’on
présentait comme des communistes. Au fur a et à mesure de leur progression dans
Paris, les Versaillais ont assassiné sans distinction des hommes, des femmes et
des enfants, tout un peuple qui n’avait pas forcément de fusils à la main.
C’est cette
histoire qui est racontée dans ce roman, je n’ai pas vu d’enquête criminelle
même si, effectivement, Antoine Roques désigné comme inspecteur, essaie de
retrouver des jeunes filles enlevées par deux sinistres individus. L’enquête
est secondaire, ce qui est primordial ce sont les journées de Mai 1871, la
fameuse semaine sanglante. Dans les derniers jours de la Commune, on suit le
destin de quelques individus pris au piège dans Paris, certains luttent
les armes à la main comme Nicolas Bellec qui rue après rue, voit pulvériser les
immeubles parisiens, tuer ses amis ou d’autres combattants plus obscurs mais
qui jamais ne renonce et repart combattre une rue plus loin. Caroline, l’amoureuse
de Nicolas, qui œuvre comme infirmière, se dévoue pour soigner dans la mesure
du possible des hommes qui seront certainement achevés quand ils seront fait
prisonniers par les Versaillais. Elle est enlevée au début du roman par un
personnage abject Pujols et se retrouve séquestrée dans une cave alors que la
capitale subit des bombardements. Elle est recherchée à un moment par Antoine
Roques, lancé sur la piste de Pujols. Cette enquête policière paraîtrait
presque absurde dans cette ville qui s’effondre mais pour Antoine Roques, il
est devenu vital de retrouver Caroline sans doute pour se prouver que ce qu’il
a vécu n’a pas été vain, que toutes ces déclarations sur l’égalité et la
liberté ne sont pas des mots creux.
Et pendant ce
temps, les combats font rage. On ne parle pas beaucoup de la Commune dans les
livres d’histoire et j’ignorais que la reprise de la ville par les Versaillais
avait été aussi âpre. L’écriture de Hervé Le Corre, saisissante, permet de voir
et d’entendre la violence des affrontements. Les explosions, le souffle qui renverse
les insurgés, les immeubles qui s’effondrent, les morts, les blessés, les
hurlements de part et d’autre, on a l’impression d’être présent dans ce chaos
auprès de Nicolas, de Caroline et d’Antoine. C’est un très bel hommage aux
Communards, à ce peuple parisien qui a cru, pendant un court instant, qu’il
pourrait vivre dans une « République de la justice et du
travail ». Je vous conseille vivement ce roman.
« Au mur, disait le capitaine
La bouche pleine et buvant dur
Au mur…Qu’avez-vous fait ? »….
Lu dans le cadre du Challenge week-end à
1000 pages
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