mercredi 20 février 2019

Dans l'ombre du brasier


Commune, insurrection, représailles, courage, enlèvement...

La "semaine sanglante" de la Commune de Paris voit culminer la sauvagerie des affrontements entre Communards et Versaillais. Au milieu des obus et du chaos, alors que tout l'Ouest parisien est un champ de ruines, un photographe fasciné par la souffrance des jeunes femmes prend des photos "suggestives" afin de les vendre à une clientèle particulière. La fille d’un couple disparaît un jour de marché. Une course contre la montre s'engage pour la retrouver. 

Commentaire:

Je ne connais de la Commune que quelques chansons d’un double 33 tours, acheté par mes parents il y a très longtemps. Je me souviens encore de « La semaine sanglante » et de « Capitaine… au mur », deux chansons qui évoquent comment le gouvernement de Thiers a liquidé tous ceux qu’on présentait comme des communistes. Au fur a et à mesure de leur progression dans Paris, les Versaillais ont assassiné sans distinction des hommes, des femmes et des enfants, tout un peuple qui n’avait pas forcément de fusils à la main.

C’est cette histoire qui est racontée dans ce roman, je n’ai pas vu d’enquête criminelle même si, effectivement, Antoine Roques désigné comme inspecteur, essaie de retrouver des jeunes filles enlevées par deux sinistres individus. L’enquête est secondaire, ce qui est primordial ce sont les journées de Mai 1871, la fameuse semaine sanglante. Dans les derniers jours de la Commune, on suit le destin de quelques individus pris au piège dans Paris, certains luttent les armes à la main comme Nicolas Bellec qui rue après rue, voit pulvériser les immeubles parisiens, tuer ses amis ou d’autres combattants plus obscurs mais qui jamais ne renonce et repart combattre une rue plus loin. Caroline, l’amoureuse de Nicolas, qui œuvre comme infirmière, se dévoue pour soigner dans la mesure du possible des hommes qui seront certainement achevés quand ils seront fait prisonniers par les Versaillais. Elle est enlevée au début du roman par un personnage abject Pujols et se retrouve séquestrée dans une cave alors que la capitale subit des bombardements. Elle est recherchée à un moment par Antoine Roques, lancé sur la piste de Pujols. Cette enquête policière paraîtrait presque absurde dans cette ville qui s’effondre mais pour Antoine Roques, il est devenu vital de retrouver Caroline sans doute pour se prouver que ce qu’il a vécu n’a pas été vain, que toutes ces déclarations sur l’égalité et la liberté ne sont pas des mots creux.

Et pendant ce temps, les combats font rage. On ne parle pas beaucoup de la Commune dans les livres d’histoire et j’ignorais que la reprise de la ville par les Versaillais avait été aussi âpre. L’écriture de Hervé Le Corre, saisissante, permet de voir et d’entendre la violence des affrontements. Les explosions, le souffle qui renverse les insurgés, les immeubles qui s’effondrent, les morts, les blessés, les hurlements de part et d’autre, on a l’impression d’être présent dans ce chaos auprès de Nicolas, de Caroline et d’Antoine. C’est un très bel hommage aux Communards, à ce peuple parisien qui a cru, pendant un court instant, qu’il pourrait vivre dans une  «  République  de la justice et du travail ». Je vous conseille vivement ce roman.

« Au mur, disait le capitaine
La bouche pleine et buvant dur
Au mur…Qu’avez-vous fait ? »…. 


Lu dans le cadre du Challenge week-end à 1000 pages





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