lundi 15 juillet 2019

Les fantômes de Manhattan

Vengeance, trahison, secret, manipulation…

Annie ONeill, 31 ans, est une jeune fille discrète. Elle tient une petite librairie en plein coeur de Manhattan, fréquentée par quelques clients aussi solitaires et marginaux quelle. Son existence est bouleversée par la visite dun nommé Forrester, qui se présente comme un très bon ami de ses parents, quelle na pratiquement pas connus. Lhomme est venu lui remettre un manuscrit. Celui-ci raconte lhistoire dun certain Haim Kruszwica, adopté par un soldat américain lors de la libération de Dachau, devenu ensuite une des grandes figures du banditisme new-yorkais. Quel rapport avec lhistoire intime dAnnie ? Et pourquoi le dénommé Forrester est-il si réticent à lui avouer la vérité ? Lorsquelle lui sera enfin dévoilée, celle-ci sera plus inattendue et incroyable que tout ce quelle a pu imaginer.

Commentaire:
C’est le premier roman de R J Ellory que je lis et si je me suis décidée à le faire, c’est parce que j’ai lu de nombreuses bonnes critiques sur lui. J’ai donc entamé cette lecture avec beaucoup d’attentes et je dois dire que j’ai failli abandonner et laisser sur le carreau ces fameux fantômes. J’ai trouvé que l’histoire commençait mollement, je ne voyais pas le rapport entre cette jeune femme libraire, vivant une vie horriblement banale et la vie de ce Haïm.
Mais je me suis accrochée et j’ai bien fait car mon intérêt a grandi. Dans la vie d’Annie si monotone, surgissent soudain deux hommes : un certain Forrester qui affirme avoir connu son père et tient à lui faire découvrir un manuscrit écrit par un inconnu et qui raconte l’histoire d’un jeune juif rescapé des camps. Et en même temps, elle fait la connaissance de David Quinn agent travaillant pour les Assurances maritimes avec qui elle a une liaison enflammée. J’ai vite compris que ce David Quinn était bien trop beau pour être innocent d’autant que la lecture du manuscrit a confirmé mes soupçons sur les liens qui existent entre Annie et Forrester. J’ai deviné avant elle ce qui allait lui tomber dessus. J’ai vite basculé de son côté, vivant avec elle sa joie comme sa douleur provoquées par sa liaison tumultueuse avec David, me demandant pourquoi elle devait payer pour les péchés de Haïm. Par contre, je ne m’attendais pas à la fin. Je l’ai trouvée brillante, j’ai eu l’impression d’entendre le rire triomphant  de Haïm dit Harry Rose à l’encontre de son ancien partenaire.
Je résume : une intrigue bien ficelée, une écriture sublime ! De quoi passer un très bon moment de lecture.
Challenge Babelio Pavés 2019
Challenge Babelio Multi-défis 2019

Ce qui nous consume

Maltraitance, violence parentale, amour, secret…

Violette, au passé troublé mais au brillant avenir, vient d’intégrer une école dart. Elle sest installée chez sa mère et son nouveau mari, et a fait la connaissance du fils de celui-ci, le solitaire et énigmatique Adam. Après s’être ignorés puis déchirés durant des semaines, ils ont trouvé la paix dans les bras lun de lautre et se sont déclaré leur amour. Violette doit désormais apprendre à lui faire confiance, mais les secrets qui voilent le ténébreux regard dAdam pèsent sur leur couple. Parviendra-t-il à lui révéler ses démons et à accepter son aide?

Commentaire:

Ce roman est la suite de « Ce qui ne tue pas », on retrouve nos deux personnages principaux Violette et Adam. Après s’être tournés l’un autour de l’autre dans le premier tome, ils approfondissent leurs relations même si chacun garde ses secrets : Violette a été harcelée l’année de sa terminale et Adam cache la violence physique et morale de son père. Des secrets qui deviennent intenables pour eux surtout s’ils souhaitent vivre leur amour au grand jour. C’est surtout le secret d’Adam qui doit éclater, ne serait-ce que pour lui permettre de se libérer d’un père ignoble et dévastateur, mais surtout de pouvoir se sentir libre d’aimer Violette. Celle-ci soupçonne bien que le père exerce une autorité abusive contre son fils mais elle est loin de se douter de la vérité. Quand celle-ci éclate, elle est bien plus terrible que prévu.
Cette suite m’a beaucoup plu, l’auteure a su à la fois me toucher avec cette histoire d’amour pleine de fragilité et de délicatesse tout en abordant avec beaucoup de justesse un thème difficile, celui de la violence parentale. Ludwig, le père, est un être ignoble qui tyrannise son fils depuis des années, le bat et a réussi à le persuader qu’il n’était qu’un raté. Le pire c’est qu’aux yeux de la société Ludwig apparaît comme un bon père. Le personnage d’Adam est bien construit, par rapport à ce qu’il vit, il aurait pu être caricatural, Georgia Caldera aurait pu tomber dans une forme de surenchère morbide, ce qui n’est pas le cas. Adam est un garçon fort et fragile en même temps qui trouve enfin la personne qui lui permet de sortir de ce cauchemar, Violette !
Un beau roman que je recommande !

jeudi 4 juillet 2019

Tout ce qui est solide se dissout dans l'air

Catastrophe nucléaire, secret d'état, destin, tragédie...

En URSS, en 1986.
Dans un minuscule appartement de Moscou, un petit prodige de neuf ans joue silencieusement du piano pour ne pas déranger les voisins.
Dans une usine de banlieue, sa tante travaille à la chaîne sur des pièces de voiture, et tente de faire oublier son passé de dissidente.
Dans un hôpital non loin de là, un chirurgien s'étourdit dans le travail pour ne pas penser à son mariage brisé.
Dans la campagne biélorusse, un jeune garçon observe les premières de l'aube, une aube rouge, belle, étrange, inquiétante.
Nous sommes le 26 avril 1986. Dans la centrale de Tchernobyl, quelque chose vient de se passer.
La vie de ces quatre personnages va changer. Le monde ne sera plus jamais le même...

Commentaire:

Cette lecture m’a été inspirée par la série « Tchernobyl » dont je ne me remets toujours pas. J’ai voulu lire des ouvrages sur cette catastrophe et je suis tombée sur ce roman. Certes c’est une fiction mais l’auteur a fait des recherches avant de l’écrire, et je dois dire, que j’ai dévoré ce roman en quelques jours.


Tout commence le 26 avril 1986 quand la catastrophe a lieu et on suit le destin de quatre personnes : Artiom vit non loin de la centrale ; Grigori est un chirurgien doué et, malheureusement pour lui, il a été remarqué par un représentant du parti chargé de se rendre sur place ; son ex-femme Maria travaille à l’usine à Moscou depuis qu’elle a été virée de son journal pour propos séditieux ; enfin Evguéni le neveu de Maria découvre la musique sans en comprendre encore l’essence.

Le roman s’attache à la fois à la manière dont le parti communiste a géré la catastrophe à travers les personnages d’Artiom et de Grigori et montre en même temps la déliquescence d’un régime avec Maria et dans une moindre mesure Evguéni. J’ai préféré les chapitres consacrés à Artiom et Grigori : Artiom est un adolescent de 13 ans qui, quelques jours, après l’explosion du réacteur, est expulsé sans ménagements de chez lui avec toute sa famille et balancé (il n’y a pas d’autres mots) dans les environs de Minsk dans des bâtiments sans confort. Une fois sur place, ils sont livrés à eux-mêmes, les premiers moments de compassion sont vite remplacés par la peur d’être contaminés si on les approche trop près. Le père d’Artiom, lui, est réquisitionné comme liquidateur, et envoyé dans la forêt pour couper les arbres. Sans véritable protection, avec un matériel qui rend l’âme rapidement, non remplacé, le verdict tombe rapidement : le père meurt dans des conditions effroyables dans le dénuement le plus absolu, sans infirmières  auprès de lui, ces dernières effrayées ont quitté l’hôpital ! Quant à Grigori, ce chirurgien doué, il est écarté et menacé d’être envoyé dans un hôpital psychiatrique s’il continue de vouloir faire ce pour quoi il était venu : chercher à protéger tous ceux et celles qui sont dans les parages. Quand il s’aperçoit qu’au-dessus de Minsk planent des nuages radioactifs, il aimerait qu’on évacue la ville mais il se heurte à l’intransigeance du parti communiste. Pas question d’évacuer une ville de la taille de Minsk, il en va du prestige de l’URSS, de ce système grandiose qui a su maîtriser le nucléaire… Tout cela fait froid dans le dos surtout quand on sait qu’on ne sait toujours pas exactement combien de gens sont morts à cause de cette catastrophe. A lire de toute urgence !