Commentaire:
« Un bon parti » est une variation contemporaine
de l’excellent roman de Jane Austen « Orgueil et Préjugés ». Dans
cette version, nous sommes à Cincinnati, M. et Mme Bennett vivent au-dessus de
leurs moyens dans une maison légèrement décrépite ; Jane enseigne le yoga
à New York, a bientôt 40 ans et cherche à avoir un enfant par insémination
artificielle ; Elizabeth a deux ans que moins qu’elle, travaille dans un
magazine féminin à New York et perd son temps dans une relation à sens unique
avec un certain Jasper (Wickham dans la version originale) ; les trois
autres sœurs vivent avec leurs parents à leurs crochets, Mary ignore sa famille
tandis que Lydia et Kitty se complaisent dans le rôle de filles vulgaires et
grossières. Lorsque M. Bennett a un gros souci de santé, les deux sœurs reviennent
en urgence à Cincinnati et c’est à cette
occasion qu’Elizabeth prend conscience des problèmes d’argent de ses parents.
Tandis qu’elle cherche à résoudre ce problème épineux, la famille est invitée à
un repas au cours duquel Jane fait connaissance avec le charmant Chip (=
Bingley) et Elizabeth avec l’odieux Darcy. Inutile de revenir sur la suite de l’intrigue,
en tout cas pour tous les amoureux du roman de Jane Austen, on sait que le
roman s’achève sur des mariages.
J’ai déjà lu des romans qui reprenaient ou s’inspiraient de
la trame du roman original, aussi me suis-je plongée avec plaisir dans cette
nouvelle version. Mais rapidement je me suis ennuyée en lisant les aventures
américaines des sœurs Bennett pour plusieurs raisons. J’ai trouvé que l’auteur,
en voulant redonner du souffle à des personnages trop connus, les avait au
contraire affadis. On ne retrouve pas la complicité de Jane et d’Elizabeth ou
celle qu’avait Elizabeth avec son père ; celui-ci d’ailleurs a perdu de
son ironie mordante quand il s’exclamait (dans la version originale) devant sa
femme à une soirée « qu’ils pouvaient se vanter d’avoir les deux filles
les plus stupides du comté » ! Là, il est à peine drôle ; sa
femme n’est pas mieux. Quant à Lydia et Kitty, elles sont caricaturales
notamment dans la scène où elles participent à un jeu de charades lors d’une
soirée proposée par Chip (quel drôle de choix de prénom !). Et ne parlons
même pas de Darcy, quasiment absent de cette histoire : il est difficile
de retrouver l’arrogance du personnage à travers quelques dialogues maladroits –la
demande en mariage par exemple, complètement ratée- et quelques scènes disséminées
dans le roman. Ajoutez à cela, un transgenre qui épouse une des sœurs Bennett,
une chaîne de télé-réalité qui décide de filmer le mariage de Jane et de Chip,
et vous obtenez un roman fourre-tout qui ne rend pas hommage au roman de Jane
Austen.
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