Seconde guerre mondiale, Balkans, meurtre...
Sarajevo,
1943. Dans cette ville sous occupation de la Wehrmacht et des SS, une
journaliste bosniaque est retrouvée sauvagement assassinée dans son
appartement. Ainsi que l'homme qui l'accompagnait, un officier des services de
renseignements allemand. L'affaire, sensible, est confiée à Gregor Reinhardt,
jadis l'un des meilleurs détectives de la Kripo, la section criminelle de
Berlin. Cet homme désabusé, hanté par une double tragédie familiale, devra se
montrer à la hauteur de sa réputation. Et tenter de trouver la place qu'il
reste à la responsabilité individuelle au coeur d'un système de crime de masse.
Commentaire:
Ce roman
s’adresse à ceux qui aiment les romans policiers se déroulant dans un contexte
historique précis et aussi important, sinon plus, que l’intrigue. L’enquête
policière menée par Gregor Reinhardt a lieu à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine,
c’est une région que connaît bien l’auteur puisqu’il y a travaillé pour les
Nations Unies pendant quelques années. Il est donc le mieux à même de parler du
lourd passé de cette région et notamment pendant la Seconde guerre mondiale où
les Croates (du moins les Oustachis), alliés des allemands, ont pourchassé et
massacré aussi bien des Serbes que des Bosniaques. C’est un fait qu’on doit
avoir en tête pour mieux comprendre les agissements brutaux des oustachis qui
se déroulent dans le roman.
Gregor doit
d’ailleurs composer avec eux dans le déroulement de son enquête. Une
journaliste, très proche des Oustachis, est retrouvée assassinée ainsi qu’un
officier allemand et Reinhardt comprend très vite que, seul le meurtre de la
journaliste intéresse leurs alliés qui veulent rapidement un coupable. Si
possible un partisan de Tito, ainsi, les Oustachis pourront massacrer tout
sympathisant ou soi-disant sympathisant de Tito sans scrupules. Mais Reinhardt, ancien
inspecteur de la Kripo avant guerre, est sûr que ce double meurtre cache autre
chose et qu’un haut gradé militaire est impliqué. Mais ce n’est pas facile de
mener une enquête alors que la guerre fait rage et qu’on s’efforce de lui
mettre des bâtons dans les roues. Mais Gregor s’obstine quitte à mettre sa vie
en danger.
C’est donc
une intrigue bien ficelée qui nous est donnée à lire avec un personnage
principal intéressant. Gregor Reinhardt m’a fait penser à Bernie Gunther,
personnage de Philip Kerr : il a fait la Première Guerre mondiale, il a appartenu à
la Kripo qu’il a dû quitter car ce n’était pas un grand supporter des nazis, il
a perdu sa femme, il est désabusé. Par contre, on ne retrouve pas l’ironie cinglante
caractéristique de Bernie, Gregor est plus terre à terre, un besogneux presque
qui cherche, traque, prend des coups et manque d’être tué à plusieurs reprises.
Il est plus malheureux aussi que Gunther car il a un fils, porté disparu à
Stalingrad (autant dire qu’il est mort), avec qui il était en froid depuis des
mois. Cette enquête lui permet aussi de s’interroger sur la présence des
allemands dans la région, sur la guerre, sur le parti nazi. Autant de
réflexions qu’il vaut mieux garder pour soi mais qui va l’amener à la fin du
roman à une décision importante (à vous de la découvrir). Ce roman policier n’est pas facile à lire car il demande au
lecteur de se plonger dans un contexte historique bien précis pour comprendre
l’intrigue. Je précise enfin que c’est le premier tome d’une trilogie autour de
Gregor Reinhardt.
Je mets 4
chats
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