jeudi 31 mai 2018

Le club des veuves qui aimaient la littérature érotique


Londres, de nos jours
Âgée d’une vingtaine d’années, Nikki vient d’abandonner ses études et travaille dans un pub en attendant de trouver sa voie. Une émancipation peu courante pour une jeune femme sikh. Jusqu’au jour où, partie déposer une annonce au temple de Southall pour sa sœur en quête d’un mariage arrangé, Nikki tombe sur une étonnante offre d’emploi : on cherche une enseignante pour donner un cours de creative writing à un petit groupe de femmes sikhs. Elle aime lire, elle aime écrire, elle saute sur l’occasion.
Mais alors qu’elle pensait animer un atelier d’écriture à des apprentis auteurs, elle se retrouve face à une poignée de femmes majoritairement analphabètes, délicieusement déchaînées, bien décidées à parler d’érotisme et à partager leurs expériences amoureuses et familiales, souvent comiques, parfois bouleversantes, mais toujours pleines d’humanité…


Commentaire:

Nikki est une jeune femme sikh qui a quitté le domicile familial après la mort de son père pour mener une vie indépendante. Pour le moment, elle ne sait pas encore quel chemin va prendre son avenir professionnel, aussi pour faire bouillir la marmite, travaille-t-elle dans un pub. Quand elle voit la petite annonce qui cherche une enseignante, elle se dit qu’elle tient là l’occasion de sa vie. Elle va pouvoir animer un atelier d’écriture… Mais dès son premier contact avec les femmes qui rejoignent le cours, Nikki comprend tout de suite son erreur. Ces dames sont toutes des veuves, la plupart analphabètes et apprendre à lire leur semble bien morne. Ce qu’elles veulent c’est raconter des histoires, et si possibles épicées. Un peu contre son gré, Nikki se retrouve à transcrire les récits imagés de ces dames, en sachant qu’elle risque de fâcher bon nombre de gens, en passant par Kulwinder  la femme qui l’a embauchée et un groupe de Frères, de jeunes sikhs qui se sont autoproclamés gardiens de la vertu de leur mère, sœur, cousine, etc. Parallèlement à ces réunions où les dames rivalisent d’imagination, Nikki va s’intéresser à la mort de la fille de Kulwinder qui l’intrigue. On dit qu’elle s’est suicidée mais pourquoi surveille-t-on les faits et gestes de Kulwinder, qui est celui qui suit Nikki dans la rue ?


J’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce roman qui allie à la fois drôlerie, tendresse et drame. Même si ces femmes sikhs vivent en Angleterre, elles restent soumises aux conventions, aux pressions de leur entourage, du quartier. Les histoires qu’elles racontent entre elles durant le moment du cours, leur permettent de braver les interdits (les récits parlent de rencontres et de sexe), les contraintes et la solitude que bon nombre d’entre elles vivent. C’est aussi un pied de nez à ces Frères qui imposent leur morale. Kulwinder, elle-même, au départ outrée quand elle apprend la teneur du cours, s’aperçoit qu’elle a bien tort d’empêcher ces femmes de s’adonner à ce plaisir qui ne  regarde qu’elles-mêmes. Elle en vient à les lire, ces nouvelles olé, olé,  ce qui la rapproche de son mari et les amène enfin à évoquer la mort de leur fille, sujet tabou entre eux depuis la tragédie. Kulwinder, aidée par Nikki va enfin envisager qu’elle puisse demander justice pour sa fille.  Le roman est émaillé de ces  petites histoires coquines, ce qui permet aux lecteurs et lectrices d’apprécier l’imagination des veuves. La romance pour émanciper les esprits, quelle belle idée ! Je vous recommande ce roman que j’ai pu découvrir grâce aux Editions Belfond et Netgalley.

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