samedi 8 septembre 2018

Filles de la mer

Prostitution forcée, Seconde guerre mondiale, annexion, Japon...
Sur l'île de Jeju, au sud de la Corée, Hana et sa petite soeur Emi appartiennent à la communauté haenyeo, au sein de laquelle ce sont les femmes qui font vivre leur famille en pêchant en apnée.
Un jour, alors qu'Hana est en mer, elle aperçoit un soldat japonais sur la plage qui se dirige vers Emi. Aux deux filles on a maintes fois répété de ne jamais se retrouver seules avec un soldat. Craignant pour sa soeur, Hana rejoint le rivage aussi vite qu'elle le peut et se laisse enlever à sa place. Elle devient alors, comme des milliers d'autres Coréennes, une femme de réconfort en Mandchourie.

Ainsi commence l'histoire de deux soeurs violemment séparées. Alternant entre le récit d'Hana en 1943 et celui d'Emi en 2011, Filles de la mer se lit au rythme des vagues et dévoile un pan sombre et bouleversant de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale en Asie. Au fil du récit, par la grâce de leurs liens indéfectibles, les deux héroïnes nous ramènent vers la lumière, ou l'espoir triomphe des horreurs de la guerre.


Commentaire:

Superbe roman qui m’a permis de découvrir un pan d’histoire que j’ignorais à propos de l’annexion de la Corée par le Japon au début du 20ème qui considérait les Coréens comme un sous-peuple et qui, lors de la Seconde guerre mondiale, réduisit à l’état d’esclaves sexuelles des centaines de jeunes coréennes, désignées comme « Femmes de réconfort »…

Hana a seize ans le jour où son chemin croise celui d’un officier japonais Morimoto qui, après l’avoir violée, la conduit de force en Mandchourie, dans un bordel où elle doit subir tous les jours attouchements et sévices de la part de soldats japonais. Comment survivre dans cet enfer, comment faire pour le fuir et retrouver ses parents ? Près de soixante-dix ans plus tard, on fait connaissance avec Emi, la « petite » sœur de Hana qui se rend à Séoul à une manifestation devant l’ambassade japonaise. La millième pour protester, pour obliger le gouvernement japonais à réparer ce qu’ils ont fait envers ces « femmes de réconfort ». Secrètement, Emi espère retrouver Hana ou du moins savoir si elle a survécu à son enlèvement.

J’ai été profondément touchée par ce roman et par l’histoire de Hana à qui on a volé sa vie et son intégrité sans que jamais aucun homme à commencer par Morimoto qu’elle retrouve plus tard en Mandchourie, ni aucun gouvernement ne s’excuse pour ce qu’elle a subi. Le sort des femmes pendant la  guerre est toujours précaire, à la merci des hommes qui peuvent les déporter, les réduire à l’état d’esclaves, les tuer sans l’ombre d’un remords, en toute impunité. Les femmes de réconfort qui ont survécu et ceux et celles qui les soutiennent, attendent toujours les excuses et les réparations du gouvernement japonais.

Je mets 4 chats et demi!

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