Paris, jeudi
24 mars 2016 : à quelques jours du dimanche de Pâques, le cadavre d’un homme
d’une soixantaine d’années est retrouvé dans un pub parisien, une balle dans
chaque genou, une troisième dans le front. À l’autopsie, on découvre sur son
corps une fresque d’entrelacs celtiques et de slogans nationalistes
nord-irlandais. Trois lettres barrent ses épaules : IRA. Le capitaine Mehrlicht
fait la grimace. Enquêter sur un groupe terroriste irlandais en plein état
d’urgence ne va pas être une partie de plaisir. D’autant que ce conflit
irlandais remonte un peu.
Dans ce
quatrième opus, Nicolas Lebel nous entraîne sur la piste d’un un assassin
pyromane, un monstre né dans les années 70 de la violence des affrontements en
Irlande du Nord, qui sème incendie, chaos et mort dans son sillage, et revient
aujourd’hui rallumer les feux de la discorde à travers la capitale.
Commentaire:
J’ai lu ce
roman dans le cadre du Prix Polar organisé par le Livre de Poche et je l’ai
bien aimé mais surtout pour la partie évoquant le conflit en Irlande du Nord
dans les années 70 entre les catholiques et les loyalistes. Le roman alterne
une intrigue qui se déroule à Paris de nos jours et une autre qui met en avant
le destin d’un jeune catholique qui va basculer dans la folie meurtrière. Ce
roman met en scène un capitaine de police peu orthodoxe, c’est le moins que l’on
puisse dire, Mehrlicht qui doit enquêter sur des meurtres qui sentent bon le
règlement de compte et une vengeance froide : un ancien de l’IRA retrouvé
assassiné dans un pub une balle dans la tête et deux dans les genoux, un
ex-soldat anglais carbonisé au sens propre du terme. Et à chaque fois, un
dessin et une inscription signifiant « Ne te moque pas de moi » qui
fait référence à une vieille légende irlandaise sur un croquemitaine qui tue
par le feu. Pour traquer le tueur, Mehrlicht doit accepter l’aide des anglais.
Le rythme est trépidant, le personnage du capitaine est amusant dans la mesure
où c’est un type bourru, acerbe, à la langue bien pendue, le tueur est à la
fois fascinant et répugnant. Mais ce que j’ai préféré comme je le disais au
début de cette chronique, ce sont tous les chapitres qui évoquent un conflit
dont j’ignorais tout même si je me souviens avoir entendu parler de Bobby
Sands, ce nationaliste irlandais mort en prison après une grève de la faim en
1981. Le conflit qui éclate, durcit et se radicalise entre catholiques et
loyalistes nous est donné à revivre et permet à l’auteur d’évoquer une guerre
fratricide et impitoyable qui a fait de nombreuses victimes sous les yeux
indifférents de la communauté internationale. On suit de près un groupe d’amis
qui sont tous affectés par ce conflit parce qu’ils y sont impliqués de gré ou
de force. A y perdre leur âme. Je vous le conseille.